Plus de maitres que de classes : un premier bilan

mardi 4 novembre 2014

L’Inspection générale de l’Éducation nationale (IGEN) a rendu en juin un rapport sur le dispositif « plus de maîtres que de classes » (PDM) initié dans les écoles primaires à la rentrée 2013. Celui-ci vise l’amélioration des résultats scolaires des élèves du primaire en attribuant
plus de moyens humains.

Plus d’enseignants, moins d’élèves

On s’étonnera de ne trouver que peu de références aux travaux de Thomas Piketty et Mathieu Valdenaire (2006), qui avaient mis en évidence qu’une réduction de 5 élèves par classe en Education Prioritaire contribuerait à 46 % d’atténuation des inégalités scolaires. D’autres recherches internationales (STAR, 1985 ; DISS, 1997) font apparaitre qu’un enseignant supplémentaire est bénéfique pour les élèves les plus défavorisés ou issus des minorités, à condition que l’enseignant soit formé au renforcement des apprentissages.

Donc, oui des enseignants supplémentaires travaillant en priorité avec les élèves les plus en difficulté, dans la classe, et une baisse des effectifs sont des avancées importantes pour réduire l’échec scolaire et les inégalités sociales face aux apprentissages, pour réduire
l’école des héritiers telle que l’a décrite Bourdieu.

Peut mieux faire

Concernant les usages des moyens PDM, les auteurs du rapport ont mis en évidence plusieurs dysfonctionnements, ce qui leur fait écrire qu’il s’agit actuellement d’un dispositif « très largement perfectible ». Ainsi pointent-ils divers éléments qui nuisent au dispositif
PDM :
 externalisation (hors du groupe classe) ou saupoudrage des interventions de l’enseignant supplémentaire ;
 prise en charge individuelle plutôt qu’en petit groupe ; manque de formation des enseignants ;
 non association de nombreuses équipes au projet, amenant le PDM à être perçu comme une contrainte ;
 utilisation autre des moyens supplémentaires, par exemple pour compenser des suppressions de classes, comme on a pu le voir dans le Finistère ;
 peu de lien avec les RASED. Le rapport fait aussi état d’une incroyable diversité des appropriations du dispositif PDM, du pire au meilleur.

Un dispositif PDM performant se traduirait par du co-enseignement dans les classes : soit avec la prise en charge de deux groupes de besoins par ces enseignants, soit avec l’organisation de la classe en ateliers. Ce qui implique une concertation préalable forte, donc
du temps dédié à ce travail hors présence des élèves.

Du côté des enseignants, des effets positifs du dispositif PDM ont été observés au sein des équipes. Il permet des regards croisés sur les élèves, plus de concertations et d’échanges entre les enseignants. Ce n’est pas tant de changements dont il est question ici, mais d’un
retour aux fondamentaux du métier, malheureusement englués dans une masse d’injonctions hiérarchiques parfois contradictoires.

De la confiance !

Ce rapport ne fait que rappeler un thème fort en pédagogie : ce que l’on fait, ce que l’on dit et ce que l’on pense a un véritable impact sur les progrès des élèves. Ces moyens supplémentaires peuvent renforcer réellement les capacités des équipes pédagogiques contre
les inégalités scolaires, fléau de notre école. A condition que l’administration joue pleinement le jeu, en créant les postes en nombre, en envoyant dans les écoles des collègues formés, sur des projets issus des besoins des équipes et non des lubies de la hiérarchie, en
dégageant du temps pour les concertations sans accroitre pour autant la charge de travail des enseignants. Et en faisant confiance aux enseignants : ce n’est pas de pression, d’enquêtes, d’évaluations et de flicage dont nous avons besoin, c’est de moyens et qu’on nous laisse travailler !


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