LPC : tout changer pour ne rien changer

lundi 26 janvier 2015

Les « premières propositions du Conseil Supérieur des Programmes pour l’évaluation et la validation du socle commun » ont été publiées le 1er décembre. Des propositions qui semblent vouloir changer les choses, mais qui ne vont jamais jusqu’à la remise en cause nécessaire du socle commun et de sa logique, le CSP étant incapable de choisir entre contrôle continu et examen final, entre l’évaluation sommative et l’approche par compétences, entre l’évaluation
locale et le pilotage national.

La fin de la moyenne des moyennes...mais pas des notes !

« Si le recours à une note chiffrée peut être en certains cas pertinent », note le CSP, « la pratique des moyennes de moyennes qui a pour conséquence un système de compensation
généralisée, ne fournit aucune indication sur les apprentissages de l’élève et devrait donc être abandonnée ». Pour être remplacé par quoi ? Par « un travail collectif au sein des équipes éducatives au service d’une conception renouvelée de la notation » à l’échelle d’un établissement ou d’une académie. Mais quelle conception renouvelée de la notation ? Avec sa
proposition d’en finir avec la notation sur 20, le CSP va dans le sens des dernières
recherches sur le sujet. « Une mauvaise note ne pousse pas l’élève. Au contraire, elle
décourage, car elle crée un système de compétition, de classement, qui n’a absolument
pas sa place à l’école primaire, ni même au collège, où il s’agit d’apprendre les bases »,
explique Michel Fize, sociologue. André Antibi, professeur de mathématiques à l’université
Paul-Sabatier à Toulouse, a un avis plus nuancé. « Peu importe qu’il s’agisse de notes, de lettres ou de couleurs, ce n’est pas le problème essentiel ! Le mal dont souffre l’école est plus profond. Le danger, c’est de faire croire qu’on va régler le problème de l’évaluation en France en supprimant les notes ».

Favorable à l’absence de notes en maternelle « et peut-être même jusqu’à 7 ou 8 ans », le chercheur en didactique préconise surtout la mise en place d’un système alternatif, l’évaluation
par contrat de confiance (EPCC).

La fin du Brevet ?

Le CSP propose que la validation du Socle Commun vaille attribution du Brevet, mettant ainsi fin à l’absurdité du système actuel où compétences et examen final coexistent chacun dans son coin. Si le socle n’est pas validé en fin de 3ème, « des solutions de poursuite » doivent être proposées à l’élève par exemple en 2de. On s’oriente donc vers un contrôle continu ? Oui mais non... Car si le brevet disparait en fin de cycle 4, les épreuves finales restent ! Le CSP propose deux « projets personnels conduits l’un en classe de quatrième, l’autre en classe de
troisième, impliquant une production (sur tout support), inscrits dans des champs disciplinaires différents et présentés oralement devant un jury ». S’y ajoute « une épreuve
terminale d’examen anonymée, définie nationalement, à sujet national ou académique » évaluant plusieurs compétences.

Et enfin « des situations d’évaluation certificative mises en oeuvre au cours du cycle 4, conçues collectivement par les enseignants de chaque établissement à partir d’une banque nationale ou académique d’exemples ». Si le Brevet a disparu, l’épreuve finale reste avec deux exposés en plus qui rappellent les Itinéraires De Découverte. Un tour de passe-passe qui ne trompe personne : il ne s’agit nullement de la disparition du Brevet, mais plus de sa
fusion avec le Socle !

Supprimer le LPC ou pas ?

C’est une revendication de SUD éducation. Une lecture rapide du texte du CSP pourrait laisser croire à sa disparition. Mais la validation du socle se fait par la validation de
8 blocs de compétences pour lesquels le CSP propose des niveaux de maîtrise, dont la
formulation reste bien générale. En apparence c’est la fin du LPC, car la CSP suggère des
bilans de fin de cycle avec des batteries de tests nationaux permettant une évaluation nationale informatisée. On aura donc bien un document d’évaluation des compétences
même s’il ne s’appelle pas LPC. Cette évaluation nationale « n’a pas à faire l’objet d’une
exploitation administrative qui pourrait conduire à une comparaison des résultats entre
établissements », souligne le CSP. Qui peut croire ça ?

Le consensus mou

Au final, les propositions du CSP sont à l’image du hollandisme : tenter une synthèse impossible en contentant tout le monde, changer tout en faisant la même chose, mais
sous une autre forme et un autre nom. Pour bien sûr mécontenter tout le monde !
Ce n’est pas ce qu’attendent les personnels d’éducation : il attendent des orientations claires. Ce n’est pas ce que revendique SUD éducation.

En choisissant de ne pas choisir, le CSP laisse la main au gouvernement. On peut donc craindre que la logique libérale du socle et du LPC se poursuivent, rhabillés de neuf par le beau jargon technocratique dont la haute administration a le secret.
Pour SUD, ce sera toujours non à un tel socle, et toujours non au LPC !


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