Ecole : les inégalités se creusent

mardi 24 janvier 2017

Journal janvier 2017

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Edito

Le rapport du CNESCO (Conseil national d’évaluation des systèmes scolaires) sur les inégalités scolaires vient de sortir en début d’année. Ses conclusions viennent conforter un constat que les sociologues font depuis de nombreuses années : l’école française reproduit les inégalités sociales, mais aussi en génère.

Le système scolaire producteur d’ inégalités

Alors qu’à l’étranger, des politiques plus efficaces ont été menées ces 15 dernières années, le système scolaire français continue de discriminer. C’est le constat préoccupant qu’a dressé le CNESCO (22 équipes de recherche interdisciplinaires, françaises et étrangères) : les élèves les plus défavorisés ont des résultats en baisse alors que les enfants des classes sociales plus aisées progressent. Au demeurant, l’ampleur des différences est réduite en maternelle, alors qu’elle augmente au collège. Le rapport du CNESCO ne concerne pas le lycée, c’est dommage. Un paradoxe inquiétant Le rapport constate, et ce devrait être réjouissant, que les niveaux d’éducation et les catégories professionnelles des familles issues de l’immigration se sont élevés. Les familles sont plus impliquées dans la réussite scolaire de leurs enfants, suivent mieux leurs résultats, font plus souvent appel à du soutien scolaire, sont plus ambitieuses en matière d’orientation. Or, on ne constate pas d’amélioration, au contraire, des résultats de ces jeunes, et ils continuent d’être sur-représentés dans les filières professionnelles courtes.

Un environnement de plus en plus difficile

Selon le CNESCO, c’est l’échec de la politique d’éducation prioritaire qui constitue la cause principale de cette contradiction. Le label a des effets pervers : il fait fuir les classes moyennes car il stigmatise les collèges concernés. L’environnement scolaire devient donc plus difficile pour les élèves défavorisés qui subissent un phénomène puissant de ségrégation scolaire et sociale, et un contexte d’insécurité qui vaut également pour les enseignants. Les moyens de compensation mis en place (études dirigées, aides individualisées, etc.) sont assez largement inefficaces, en grande partie parce qu’ils se situent hors du temps de classe, et ils ne sont pas scientifiquement évalués. Ils ne permettent pas le changement des pratiques pédagogiques. Leur cumul est même pénalisant. Enfin, les méthodologies d’apprentissage utilisent moins de stratégies complexes, et la posture réflexive est moins pratiquée. Cette véritable discrimination négative concerne depuis 30 ans de plus en plus d’élèves, et elle est de nature selon le CNESCO à créer « des sentiments d’injustice et de discrimination vécue comme ethnoculturelle ».

Quelques préconisations du CNESCO

 Le renforcement de la scolarisation des moins de 3 ans, mise à mal depuis des années.
 Une réduction importante de la taille des classes dès le primaire qui permet une amélioration significative dans les résultats des élèves socialement défavorisés.
 « Plus de maîtres que de classes » et de nouveaux programmes, à accompagner d’une formation continue repensée et reconstruite autour de la co-intervention et de l’aide aux élèves en difficulté.
 Constituer des petits groupes de travail au collège, support de pratiques pédagogiques différenciées dans la classe.
 Évaluations standardisées des élèves à remettre en place, qui s’accompagneraient de repères nationaux sur les résultats des élèves.
 Appliquer une politique plus volontariste de mixité sociale.

De quelles inégalités est-il question ?

 Inégalités de traitement : ce sont les conditions d’enseignement, selon qu’un élève fréquente un collège de banlieue ou de centre-ville, il n’a ni les mêmes horaires disciplinaires, ni le même climat scolaire (beaucoup de temps perdu à établir une bonne ambiance de travail), ni la même qualité d’enseignement (moins de profs expérimentés, plus de précaires, moins de remplacements) ni la même exigence intellectuelle : cela est significatif en maths par exemple où les élèves d’éducation prioritaire sont placés devant des exercices plus « simples », moins conceptuels.
 Inégalités de résultats : cela génère évidemment un creusement des différences de résultats, que certains parents essaient de combler par des cours particuliers, peu efficaces. Ce fossé s’est encore accentué ces dernières années, les élèves de milieu aisé ont encore progressé, les autres ont encore régressé.
 Inégalités d’orientation : à résultats scolaires équivalents au collège, un élève de milieu aisé ira en voie générale, alors qu’un élève de milieu défavorisé sera orienté en voie professionnelle. On parle d’ « orientation contrainte ».
 Inégalités de diplomation : la « diplômation » représente la « côte » du diplôme obtenu. Par exemple, la « côte » d’un bac pro n’est pas la même que celle d’un bac S d’un lycée prestigieux.
 Inégalités d’insertion professionnelle : L’insertion des élèves les moins favorisés sera donc plus faible et moins valorisée, ils auront plus de mal à trouver du travail et occuperont des emplois socialement moins considérés et donc moins payés.


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