Apprentissage contre enseignement professionnel : une concurrence nuisible pour l’avenir de l’education nationale et des jeunes

mardi 16 janvier 2018

En faisant l’éloge de l’apprentissage en octobre dernier et en occultant délibérément l’existence des PFMP (période de formation en milieu professionnel), Emmanuel Macron montre sa volontéde privilégier l’insertion précoce des jeunes dans le monde du travail. Ce serait au détriment d’une formation scolaire combinant compétences professionnelles et savoirs généraux indispensables pour se construire en tant que citoyen·ne et s’assurer un avenir professionnel plus ouvert et plus sûr.

L’apprentissage n’est pas un accès direct au monde du travail car comme les autres embauches, il demeure sélectif et également soumis à certaines discriminations : la mise en concurrence est réelle dans cette situation (CV, lettre de motivation, entretien). Encore une fois, l’obsession de l’employabilité est mise en avant pour justifier le développement de l’apprentissage. En lycée professionnel, les personnels œuvrent chaque jour pour que les élèves acquièrent un diplôme et une première expérience du monde du travail à travers les PFMP, et aussi davantage de formation et de culture générale. En tant que service public, le lycée professionnel accueille les élèves sans aucune discrimination, contrairement aux entreprises qui attendent un CV et une lettre de motivation pour
accepter de les « former ».

L’apprentissage loin d’être la solution miracle

De plus, les entreprises souhaitent souvent avoir des apprenti·e·s plus agé·e·s ayant déjà une petite expérience professionnelle : que deviennent alors les plus jeunes ? Enfin, les taux de rupture restent relativement élevés car près de 22% des contrats prennent fin avant terme du fait de apprenti·e ou de l’entreprise (d’après Marie-Hélène Toutin, chargée
d’étude au CEREQ, centre d’études et de recherches sur les qualifications). _ L’apprentissage n’apparaît donc pas comme la solution miracle pour obtenir un diplôme puis un emploi.
Il faut noter que depuis quelques années, certains établissements scolaires accueillent des jeunes sous statut scolaire et d’autres avec le statut d’apprenti, mélangés dans les mêmes classes le plus souvent. Cela crée de nombreux problèmes d’ordre organisationnel et pédagogique, les jeunes n’ayant pas le même degré de maturité, d’autonomie ni les
mêmes périodes de formation en entreprise. Les enseignant·e·s sont sommé·e·s de travailler davantage pour s’adapter à ce public mixte dans une même classe.

Assujettir les jeunes au monde de l’entreprise

Développer l’apprentissage revient à assujettir encore plus les jeunes et l’enseignement
professionnel au monde de l’entreprise ce qui est inacceptable. Valoriser des diplômes tels que le CAP ou le Bac pro suppose une réflexion importante sur l’orientation des élèves, car notre système scolaire engendre de l’échec et de la reproduction sociale. En effet, alors que seulement 10% des enfants de cadres supérieurs ont un bac pro, cela concerne
46% des enfants d’ouvriers.
Cela demande aussi plus de moyens pour l’enseignement professionnel public afin de former et d’accueillir ces jeunes dans de meilleures conditions (ce qui éviterait par exemple que les collègues soient obligé·e·s de faire les VRP pour récupérer les taxes d’apprentissage dans les diverses entreprises pour réussir à fonctionner dans les LP).
Dans les lycées professionnels, les proviseurs essaient parfois d’imposer une
annualisation de leur temps de service à certains collègues PLP. Ce n’est pas légal.
N’hésitez pas à nous prévenir si le problème se pose pour vous ou vos collègues.


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