Maternelle menacée ?

jeudi 29 mars 2018
par  sudeducation29

Le ministre de l’éducation, Jean-Michel Blanquer, a chargé le neuropsychiatre Boris Cyrulnik d’organiser et d’animer les Assises de la maternelle convoquées à Paris, les 27 et 28 mars.

Le président de la République a annoncé, en ouverture des Assises de la maternelle, l’abaissement de l’âge de l’instruction obligatoire à 3 ans, contre 6 ans aujourd’hui. Quelle est la portée de cette annonce ?

Un taux encadrement adapté à la petite enfance

L’école maternelle souffre d’effectifs trop lourds avec parfois 30 élèves par classe alors que la moyenne européenne est de 13 enfants par classe !
Concernant l’encadrement, il existe deux possibilités : doubler le nombre d’enseignants et rejoindre ainsi les standards internationaux ou faire appel à davantage d’Atsem recruté-e-s au niveau CAP. La première hypothèse est manifestement trop coûteuse, le doublement des enseignants de CP dans les quartiers très défavorisés (REP +) a été une entreprise compliquée, et le ministère peine à réaliser sa promesse de dédoubler les CE1. Aussi est-il tentant de confier plus de responsabilités aux Atsem. Mais ces derniers sont payés par les collectivités territoriales alors que les enseignants sont des fonctionnaires d’Etat.

Allongement de « l’instruction » et non de la scolarisation obligatoire

Cette mesure est purement symbolique car 97,6 % des enfants de 3 ans vont déjà à l’école ! Il reste 26 000 enfants non scolarisés mais rien n’obligera les parents à les mettre à l’école car ce n’est pas la scolarisation qui est obligatoire mais l’instruction.

Les risques pour l’école à 2 ans

Cette mesure peut remettre en cause la scolarisation des enfants à 2 ans surtout qu’elle se situe dans un contexte où les fermetures de classes sont plus nombreuses en maternelle.
Jean Michel Blanquer se positionne clairement sur le sujet en annonçant sur une radio publique : « il n’est pas certain que la préscolarisation dès 2 ans ait un intérêt particulier pour l’enfant ».

Que va devenir la maternelle ?

Reste la question des apprentissages attendus à la maternelle : entre l’accompagnement éducatif des jeunes enfants et les tests que devront subir les élèves à leur entrée au CP, il y a un grand écart. Il faudrait donc que la grande section de maternelle devienne une « classe préparatoire au CP ».
Le ministre a sans doute prévu cela, lui qui pense qu’il existe « une » bonne méthode mêlant Montessori et neurosciences. On y ajoutera un peu de théorie sur la résilience, pour se concilier le médiatique docteur Cyrulnik, et il sortira de cela « la » recette qui sera diffusée à l’envi dans les formations.


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