Inégalité professionnelle chez les enseignant-e-s : l’indifférence à la différence

jeudi 13 septembre 2018

La revue “Education et Formation” a consacré un article de son numéro de mars dernier à l’analyse des écarts de traitement entre enseignants et enseignantes.
Alors que le système indiciaire de la Fonction Publique n’établit pas de distinction entre hommes et femmes, le constat que les enseignants perçoivent des revenus de l’ordre de
1 4% moindres que ceux des hommes a de quoi faire réfléchir.
Le décalage entre égalité formelle et inégalité de fait met en lumière sa part inexpliquée, qui est liée aux caractéristiques genrées des parcours professionnels dans l’Education Nationale.

Accès aux positions hiérarchiques

Pour commencer, l’inégalité d’accès hommes-femmes aux positions les plus prestigieuses demeure et pèse sur l’ensemble des positions hiérarchiques. Alors que les femmes
sont ultra-majoritaires dans le premier degré (8 enseignant-es sur 10) dont les traitements sont les plus modestes du monde enseignant, elles sont sous-représentées parmi les
agrégé-es du secondaire (5,8% des femmes le sont et 11,8% des hommes). Parmi les proviseurs de lycées à classes préparatoires aux grandes écoles, on compte environ
2/3 d’hommes et 1 /3 de femmes.

Temps partiel, hors classe, ...

Généralement plus jeunes que les hommes et avec une moindre ancienneté de services, elles exercent plus souvent à temps partiel (14,8% des femmes contre 4,4% des hommes
dans le premier degré). Elles accèdent aussi moins souvent à la hors-classe et à des missions offrant un complément de traitement comme les directions d’école (une femme sur
8 contre un homme sur 5), la fonction de professeur principal, les heures supplémentaires ou les affectations post-bac (6% des certifiés contre 3% des certifiées exercent en classe post-bac).
Les auteurs de l’article parviennent donc à expliquer 80 à 90% du différentiel de traitement entre hommes et femmes dans l’Education Nationale par ces pesanteurs institutionnelles. Et on se rend compte que l’hypothèse selon laquelle enseigner à un même niveau est associé à un même rendement salarial ne résiste pas à l’épreuve des faits.

Une culture de l’égalité

C’est pourtant dans ces réalités pratiques que résident les marges de manoeuvre à même d’influer sur la réduction des écarts. Et en même temps la part la plus difficile du chemin vers l’égalité réelle des hommes et des femmes dans la condition enseignante.

Décréter une « culture de l’égalité » ou garantir un égal accès aux droits sont sans aucun doute de bons points de départ, mais qui en resteront au stade de mantras modernisateurs tant que règnera en haut lieu l’indifférence à la différence selon le genre dans le Service Public de l’Education Nationale.


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