Contre la violence scolaire, la violence carcérale ?

jeudi 22 novembre 2018

Après le drame récent de Créteil, l’union sacrée a été mise en scène fin octobre avec pas moins de 4 ministres dont ceux de l’Education, de la Justice et de l’Intérieur pour louer « le berceau de la République qu’est l’école », pour la sanctuariser en protégeant les
enseignants et les élèves. Le symbole était clair, c’est la place Beauvau le lieu
du ministère de l’Intérieur qui a été choisi pour faire les annonces et pas celui du ministère de l’Education rue de Grenelle.

Un encadrement « qui peut devenir » éducatif !

C’est la ministre de la Justice Nicole Belloubet qui a fait la principale annonce : l’ouverture de 20 nouveaux centres éducatifs fermés. On en compte déjà 52 qui abritent environ 1 500
jeunes pour une partie de l’année, et obligatoirement des multirécidivistes. Et l’autre annonce consiste en des Centres d’accueil de jour avec un encadrement
« qui peut devenir éducatif mais aussi de militaires ou de policiers ».
Pour le premier exemple, on est dans l’irrationalité complète avec un coût de l’ordre de 40 millions d’euros soit celui de 1 1 50 emplois d’enseignants et le double en surveillants. Pour le second, il n’est qu’une réédition de ce qui existe déjà comme les classes relais ou les
accueils en association.
Et dans tous les cas, l’abandon de toute ambition éducative devient explicite car rien n’est annoncé en termes de travail pédagogique qui est le seul profitable pour lutter contre la violence scolaire.

Un populisme éducatif

Le ministre de l’Education s’est limité à vouloir « simplifier » les conseils de discipline, en invitant au signalement systématique des faits tout en promettant de renforcer les
EMSS (équipes mobiles de sécurité) sans faire aucunement référence aux
compétences des enseignants. Dans un même élan, il a évoqué des mesures
permettant « d’impliquer les familles » sans davantage de clarification.
Il est très inquiétant de constater cette incapacité à changer les méthodes qui perdent de longue date, de la part du ministre de l’Education.
Le terme de populisme peut être validé, mêlant la mise en question des familles forcément incapables d’assurer le suivi de leurs enfants ainsi que du système éducatif dont on pointe l’échec tout en lui retirant les moyens dont il aurait besoin pour lutter contre le fléau
qui le mine.

L’enfermement plutôt que la prévention

Le ministre de l’Intérieur n’est pas en reste dans la langue de bois en évoquant la présence de policiers dans les établissements à la demande des chefs d’établissements, comme si cette
mesure n’existait pas déjà dans nombre d’endroits.
En réponse à la spirale de violence scolaire, nous n’assistons qu’à une mise en
scène interministérielle dont la seule ambition est de répondre aux peurs
d’une bonne part de l’opinion, tout en entretenant ces peurs des « élèves violents » qu’il faudrait toujours plus enfermer.
Le pari de l’éducation, de la formation, de l’intelligence est abandonné au profit de la suspicion et de la désespérance. Fermer des écoles pour ouvrir des prisons, Victor Hugo aura au moins été épargné dans la nouvelle itinérance mémorielle de Macron.


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