Réforme du lycée : Une carte des formations qui renforce les inégalités sociales

dimanche 23 décembre 2018
par  sudeducation29

La réforme du lycée repose sur la disparition des « séries » du bac général. A la place, les élèves devront construire eux-mêmes leurs « parcours » en choisissant des spécialités qu’ils poursuivront en 1ère et en terminale. Cette réforme permettrait officiellement une plus grande diversité de parcours, ainsi qu’un plus grand « droit à l’erreur » pour les élèves.

Au contraire, la réforme force les élèves à savoir précisément, dès la fin de la seconde, quelles études ils veulent poursuivre après le bac. Dans le nouveau lycée, ils se spécialiseront en abandonnant entre la Première et la Terminale une de leurs 3 spécialités ce qui réduira encore davantage l’éventail de ses choix pour le supérieur. Cette réforme aboutit finalement à une pré-orientation très précoce, restrictive et définitive des élèves de 15 ans, avec le risque d’empêcher les poursuites d’études deux ans plus tard.

La réforme du lycée s’accompagne, par ailleurs, d’une baisse des moyens (de 8 à 10 % d’heures en moins dans chaque lycée). Depuis des mois, nous craignions des lycées qui n’ouvrent pas toutes les spécialités et des options supprimées ! La preuve par les faits ...

Un éclatement de l’offre de formation

La carte des offres de spécialités et d’options des lycées bretons vient d’être dévoilée par le Rectorat.

En éclatant l’offre de formation, la réforme du lycée va renforcer la discrimination entre élèves et entre établissements.
En effet, sur les 12 spécialités prévues, 7 d’entre-elles, au départ annoncées comme devant être présentes dans chaque lycée, devront en réalité être accessibles seulement au sein d’un même « bassin » : histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques ; humanités, littérature et philosophie ; langues, littératures et cultures étrangères ; mathématiques ; physique-chimie ; SVT ; SES.

Quant aux 5 autres, elles ne font l’objet que d’une carte académique qui inclut les lycées privés : arts ; littérature ; langues et cultures de l’Antiquité ; numérique et sciences informatiques ; sciences de l’ingénieur ; biologie-écologie.
Contrairement aux promesses, il n’y aura donc pas d’offre minimale de formation commune à chaque lycée !

Un boulevard pour l’enseignement privé

Pour une plus grande lisibilité, nous avons regroupé l’ensemble de la carte des spécialités dans un tableau ci joint. Quand on l’analyse, on peut voir que la « complémentarité public privé » a présidé aux choix du rectorat. C’est sa marotte depuis plusieurs années et il éclate là au grand jour. Toute spécialité peu courante proposée dans un établissement privé ne le sera pas dans le public pour un même bassin. Il est inacceptable qu’un élève souhaitant bénéficier de tel ou tel enseignement soit contraint d’être scolarisé dans le privé, confessionnel et payant. Ou d’abandonner son vœu...

Vers un marché des lycées

Dans le contexte de la mise en oeuvre de Parcoursup, le choix des spécialités deviendra déterminant dans l’orientation post-bac. La scolarisation dans tel et tel lycée en fonction des spécialités disponibles n’en sera que plus crucial. Cet effet concurrentiel va se combiner avec la mise en œuvre d’une évaluation annoncée des établissements pour aboutir à l’émergence d’un véritable « marché des lycées », renforçant les inégalités entre ceux-ci. Dans ce système, les élèves, devront jouer des coudes pour bénéficier des meilleures opportunités. C’est à l’opposé de l’école de l’égalité que défend SUD éducation.

2650 suppressions de postes à la clef !

L’un des objectifs principaux de la suppression des filières est clair : pouvoir remplir les classes. Finies les classes de première L à 25 et les classes de terminale S à 35. Dorénavant, avec le jeu des spécialités, les classes seront toujours remplies, parce que l’on pourra prendre des élèves des différents groupes-classes pour les alimenter. C’est à mettre en lien, bien évidemment, avec l’annonce de 2650 suppressions de postes prévues pour le second degré.

Toujours plus d’inégalités sociales et géographiques

Cette vision utilitariste du lycée, qui vise à sélectionner de plus en plus tôt, est en opposition avec nos principes d’émancipation. Il est donc faux de dire que les lycéens auront d’avantage de choix ! Non seulement toutes les spécialités n’existeront pas dans les lycées, des options disparaîtront, mais en plus il n’y aura pas assez de places dans chaque spécialité et option de l’établissement pour tous les élèves du lycée. La réforme du lycée ne peut que renforcer la ségrégation sociale et géographique.


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