Autonomie, concurrence, fin de la carte scolaire, classes surchargées... Réforme du lycée : pourquoi faut-il s’en inquiéter ?

vendredi 15 janvier 2010

La réforme du lycée général et technologique a comme objectif visible de supprimer des milliers postes d’enseignants et de conseillers d’orientation. Le moyen pour y parvenir, c’est d’abord de réduire le nombre d’heures de cours pour les élèves. Si la disparition de l’histoire géographie du tronc commun des terminales S a bénéficié d’une certaine couverture médiatique, il n’y a cependant pas de disciplines qui soit véritablement épargnée par cette « réforme ». A cet égard, il faut remarquer le sort particulièrement défavorable réservé aux sciences économiques et sociales, la réduction des horaires des sciences en série S et la disparition des mathématiques du tronc commun de la première L. Les séries technologiques sont, pour l’heure, négligées et leur « passage à la réforme » est prévu pour l’année prochaine, ce qui ne manquera pas de plonger dans le flou le plus total les élèves qui rentreront en seconde en septembre 2010.
2La fin des dédoublements de classes2
Ce projet gouvernemental prétend de manière contradictoire vouloir davantage spécialiser les séries et faciliter les réorientations en cours d’année. C’est la raison avancée, notamment, pour mettre en place un tronc commun en première générale. Cependant, un élève qui changerait de série au bout de deux ou trois mois, aurait certes suivi les mêmes cours du tronc commun mais il aurait manqué tous les cours de spécialité qui font l’identité de la série. On voit mal en quoi la réorientation serait plus facile demain qu’elle ne l’est aujourd’hui. On voit bien, en revanche, l’avantage d’un tronc commun dans un objectif d’optimisation des ressources : permettre des regroupements de classe, notamment dans les petits lycées. Avoir trente-cinq élèves en cours risque bien de devenir la norme.

L’essentiel n’est pourtant pas là : toutes les heures de travail en classe dédoublée ont disparu des programmes nationaux, y compris les heures de TP en sciences expérimentales.
2Un conseil pédagogique diviseur et au pouvoir accru2
Elles seront globalisées et données sous la forme d’une enveloppe aux établissements, à charge pour chacun de les répartir. Mais qui le fera et selon quels critères ? Le chef d’établissement, le conseil d’administration et, en bonne partie, le conseil pédagogique. Cela témoigne d’un autre objectif de cette réforme, moins visible que la suppression de postes. Depuis sa mise en place par le ministère Fillon, SUD Education s’est toujours opposé à l’instauration de cette instance, composée d’enseignants choisis par le chef d’établissement. Nous affirmions que c’était un moyen de diviser les personnels d’un établissement en nommant des petits chefs disposant d’un droit de regard sur la pratique de leurs collègues. Jusqu’alors, ce conseil avait peu d’attributions et dans les établissements où il avait été mis en place, il s’occupait avant tout du projet d’établissement.

Mais dans le projet de décret présenté au conseil supérieur de l’éducation du 10 décembre, ses compétences sont élargies et il montre son vrai visage. Il a notamment vocation à se prononcer sur « l’organisation des enseignements en groupes de compétences », « la notation et l’évaluation des activités scolaires » (!) et « les modalités d’organisation de l’accompagnement personnalisé ».
2Une réforme à objectifs multiples2
On sait ce que signifie l’autonomie des établissements pour ce gouvernement, on l’a déjà vu à l’œuvre à l’université avec la loi LRU. Cela veut dire, en gros, laisser les acteurs de terrain se débrouiller avec la pénurie, les pousser à chercher des financements du côté des entreprises ou des collectivités territoriales et produire leur consentement en les associant aux décisions. La réforme des lycées n’a donc pas qu’un objectif « gestionnaire », elle a un contenu politique. Ses justifications pédagogiques ne valent rien, elles ne sont qu’un habillage idéologique : la réussite des élèves et l’amélioration de condition de travail des personnels n’entrent pour rien dans sa conception. Discuter de pédagogie avec de tels interlocuteurs, ce serait comme de discuter de cuisine avec qui veut nous manger. Nous avons peu de temps pour faire échec à cette réforme. Réunissons-nous dans nos établissements, informons les lycéens et leurs parents et saisissons-nous de toute occasion de nous lancer dans l’action.

Si nous laissons se mettre en place la nouvelle seconde, il sera très difficile de faire obstacle au reste du projet.


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