Déclaration de Sud Education29 au CHSCTD du 17 octobre 2019

L’état est garant de la santé et de la sécurité des agents
jeudi 17 octobre 2019

Madame la Directrice Académique des Services de l’Education Nationale, mesdames et messieurs les représentants de la DSDEN.

Notre collègue Christine Renon a mis fin à ses jours dans des circonstances qui ne laissent aucune place au doute. Elle est morte de l’autoritarisme, de l’infantilisation, de l’humiliation, des pressions hiérarchiques permanentes. Sa conclusion est glaçante, lorsqu’elle“remercie l’institution de ne pas salir son nom”, consciente qu’elle était de la manière dont la hiérarchie de l’Education Nationale traque les faiblesses individuelles pour nier la réalité du malheur collectif au travail.

En professionnel de la communication politique qu’il est, le ministre n’a cherché qu’à contourner le problème en annonçant un statut de directeur, sans aucunement admettre que ce drame est emblématique. C’est l’ensemble des professionnels de l’enseignement qui se sont reconnus dans la lettre qu’elle a laissé et l’ont fait savoir en participant massivement aux rassemblements du 3 octobre.

Un malaise profond et grandissant est installé au cœur de l’Education Nationale. De réformes en changements plus souterrains, les souffrances touchent l’ensemble des personnels. Effets voulus ou conséquences indirectes des objectifs proclamés, les personnels sont de plus en plus isolés, chargés de tâches qui ne relèvent pas de leur cœur de métier, voient leurs marges de manœuvre se réduire, perdent le sens qu’ils trouvent au travail, sont frontalement ou insidieusement culpabilisés, exposés à des relations hiérarchiques pressantes et anxiogènes. Les espaces temporels de partage se réduisent, où est la médecine du travail ? Des collègues sont sommés de faire des arbitrages quotidiens par défaut, avec le risque d’être désignés responsables des échecs de l’organisation des services.

La réforme et l’insécurité professionnelle

Si c’est l’expression qui convient, la réforme Blanquer est un cas d’école de la manière dont des changements délétères ont étés imposés d’en haut et au mépris des corps intermédiaires.
Les suppressions de postes sciemment programmées poussent nombre de collègues à être nommés sur des postes qu’ils n’ont pas demandé, et les nécessités de formation sont utilisées comme prétexte à un décret quasiment vexatoire qui vise à imposer des journées de formation pendant les vacances, en lieu et place de véritables formations professionnelles sur temps scolaire telles que nous les demandons de longue date.
Pendant ce temps, les reconversions continuent à se faire sans formation continue et les référentiels de métier continuent à changer.
Pendant ce temps, de plus en plus de collègues expriment quand même des demandes précises de voies de reconversion.

La bienveillance selon le ministère

Monsieur le ministre sait occuper les médias et répandre son slogan sur la bienveillance. Pourquoi devons-nous lui rappeler si souvent que l’employeur doit prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité la santé physique et mentale des travailleurs ? Pourquoi l’intensification du travail, les classes surchargées, les distances de déplacements viennent-ils exercer leurs effets pathogènes sur tant de collègues ?
Monsieur le ministre a sans doute compris la stratégie de ses émules historiques des PTT ou de France-Télécom / Orange : mieux vaut la souffrance et l’ingénierie de la souffrance au travail que la maîtrise de nos pratiques professionnelles et l’entretien des solidarités collectives qui donnent un sens à l’engagement de chaque salarié pour le service public.
Retirer le sens au travail, isoler, médicaliser l’existence, dépolitiser le mal-être, soumettre au bon sens managérial, c’est le nerf de la guerre de classe.
A l’heure où la direction Lombard de Orange est passée en correctionnelle, rappelons les objectifs qui étaient les leurs : mettre au pas les fonctionnaires rétifs au changement, multiplier les restructurations et les changements de métiers pour transformer les lieux de travail en entreprises rentables, opposer les forts et les faibles devant des objectifs intenables, casse méthodique des médiations sociales, mise en insécurité des salariés face à des injonctions aberrantes, sentiment d’abandon et de trahison et la triste série de drames humains dénoncés depuis.

Cajoler des “consommateurs” à coup de plans marketing, maltraiter les travailleurs, personne n’a le monopole de ces pratiques mais pour les faire miroiter à l’opinion publique sous le fard de la bienveillance, les directions du monde entier ont trouvé leur maître en la personne de Jean-Michel Blanquer.

Les livres d’histoire retracent le cynisme sans limites de responsables politiques maniant la ruse, la déloyauté, la cruauté…
Trump, le Président américain, s’est entendu avec Erdogan, le Président turc, pour que le second puisse s’attaquer aux Kurdes. Ceux-là mêmes qui ont joué le rôle décisif pour détruire les troupes de Daech en Syrie, permettant aux soldats américains de n’être engagés qu’en soutien.
Les temps semblent révolus où la parole donnée, l’accord conclu, le compromis établi étaient respectés. Un monde sans foi ni loi est un monde où le plus fort dicte sa loi, où le plus faible n’a rien d’autre à faire que des actions de vengeance désespérées.
Ce monde n’est pas un monde de tous les droits de l’Homme. Ce monde est un monde qui court à sa perte.
L’espoir ne reviendra que si ceux qui ne veulent pas un monde dirigé par la barbarie sauvent le peuple kurde du sort que Trump et Erdogan veulent sceller.
Il faut arrêter l’engrenage. La LDH demande aux autorités françaises d’agir pour arrêter cela. Maintenant !

A l’initiative de la Ligue des droits de l’Homme et de Solidaires : Rassemblement samedi 19 octobre, 14h30 place de la Liberté


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