Accueillir les migrant.e.s dans la DIGNITÉ !

vendredi 15 novembre 2019

Il y a tant de raisons de manifester pour l’accueil des migrant.e.s dans la DIGNITÉ !
samedi 11h30, place de la Liberté à Brest

« Immigrés clandestins » ? « Migrants illégaux » ? Voici comment certains qualifient les étrangers qui demandent à l’Europe de leur accorder une protection, les marquant ainsi au fer rouge du sceau de l’illégitimité ou de la criminalité.

Quant à ceux qui les aident, ils sont des « utopistes » « naïfs » « inconscients », qui participent à l’ « invasion » de la France et de l’Europe. Ou pire, des complices de la traite humaine, voire du terrorisme. On cherche à nous enfermer dans un discours manichéen, une vision bipolaire d’un sujet qui est pourtant un peu plus complexe.

Les migrations ont de tout temps façonné l’histoire du monde, l’histoire économique, l’histoire culturelle, l’histoire sociale. Elles ont fait et font notre richesse. Aujourd’hui, l’immigration, contrairement à certaines idées reçues, ne constitue pas un facteur du chômage de masse. Les migrants occupent le plus souvent des emplois en tension parce que difficiles et sous payés, dans les hôpitaux, les EHPAD, dans l’agro alimentaire, dans l’hôtellerie... et ils contribuent au financement de la protection sociale, et payent leurs impôts en France.

Loin de se tarir, l’immigration est appelée à s’accroître. L’aide au développement des pays du tiers-monde, mais surtout des relations équitables entre pays du nord et pays du sud, bien qu’indispensables, n’auront pas d’effet rapide sur les flux migratoires. Et les questions de dérèglement climatique vont contraindre des populations entières à migrer plus vite qu’on ne croit. Nos États se doivent de respecter le droit fondamental à demander l’asile pour toute personne menacée dans son pays d’origine.

A cet égard, le règlement de Dublin, qui rend le pays d’entrée responsable du traitement des demandes d’asile, s’avère à la fois inopérant et injuste, renvoyant sur la Grèce ou l’Italie une charge insupportable pour ces petits pays frontaliers. Tant que ce règlement n’est pas revu, les États ne doivent pas appliquer la procédure Dublin sans un examen de la situation individuelle des personnes. La « clause discrétionnaire » du règlement leur permet d’ailleurs, sans attendre un délai de six mois, de statuer sur l’examen d’une demande de protection internationale.

Trop de responsables politiques, en France comme ailleurs, ont malheureusement pris l’habitude d’instrumentaliser la question de l’immigration à des fins électoralistes, alimentant en cela les sentiments de peur et les divisions au sein des sociétés. Et d’insister sur le fait que l’Europe est confrontée à « une crise », que les migrants et les réfugiés représenteraient une menace pour notre « mode de vie ». En France, des responsables politiques ressassent depuis des années les mêmes refrains anxiogènes d’un « dévoiement du droit d’asile », des « abus du recours aux soins et à l’Aide médicale d’État », ou encore du « détournement du droit au regroupement familial ». De nouvelles lois sont promulguées tout aussi néfastes. Très concrètement, ce mois ci, deux décisions majeures viennent impacter la vie des réfugiés.

Tout d’abord, dans le domaine de l’accès aux soins.

L’ Assemblée Nationale vient de voter l’instauration d’un délai de trois mois pour l’accès à la Protection Universelle maladie des demandeurs d’asile ( la PUMA). Jusqu’à présent, ces personnes pouvaient bénéficier d’une protection santé dès que la demande d’asile était en cours d’examen.

Cette interdiction de l’accès au soin est choquante, dangereuse, inhumaine.

Même le Conseil national de l’Ordre considère cette décision dangereuse et considère que " le délai de carence interroge sur le principe de solidarité qui est le fondement de notre pays et de notre système de santé".

Par ailleurs, il vient d’être décidé de mettre fin à l’accès aux soins pour les personnes ayant reçu une obligation de quitter le territoire français ( OQTF). En plus d’être mis à la rue et ils ne pourront plus bénéficier de soins. Or, nous savons que les réfugiés arrivent fragilisés tant sur le plan physique que psychologique, ils sont victimes de pathologies lourdes. Les personnes vivant dans la rue sont souvent touchés par la gale, la tuberculose...

C’est clairement une mesure de non-assistance à personne en danger !

Dans le même temps, l’accès à l’ADA, l’allocation aux demandeurs d’asile (204 euros mensuels pour une personne seule moins les frais d’hébergement) est rendu plus difficile.

La carte ADA est devenue exclusivement une carte de paiement sans possibilité de tirer du liquide. Depuis, nous recevons localement et de partout en France des témoignages de demandeurs d’asile confrontés à de grandes difficultés pour disposer d’argent liquide.

On fait tout pour empoisonner la vie des réfugiés avec cette suspicion constante de fraudes, d’abus.

Il est difficile de voir autre chose qu’un énième moyen de compliquer encore un peu plus leur vie et de restreindre leurs droits fondamentaux.

Ce qui devrait être un sujet d’inquiétude, ce sont d’abord les faiblesses de l’Union européenne, ou plutôt ses renoncements à apporter une protection aux personnes vulnérables et/ou en danger et son incapacité à aborder les questions migratoires de façon solidaire, apaisée et respectueuse des valeurs universelles qu’elle proclame par ailleurs.

Dans la région brestoise, les situations indignes faites aux migrant.e.s se multiplient à l’initiative du Préfet du département.

Ces derniers temps, nous accompagnons trop de migrant.e.s munis de promesses d’embauche qui ne demandent qu’à être honorées et à qui la préfecture refuse systématiquement de délivrer une autorisation de travail. Nous rencontrons trop de personnes présentes depuis plus de 5 ans, les enfants scolarisés , ayant fait une demande de titre de séjour pour « Vie privée et familiale » qui reste pendant des mois sans réponse de la préfecture ou trop souvent refusée , laissant les personnes en errance administrative et donc matérielle. Nous avons suivi trop de personnes résidant dans notre pays, détentrices d’un titre de séjour depuis parfois 7 ou 8 ans, avec des enfants, titulaires d’un contrat de travail, souvent même d’un CDI, d’un bail de location dans le secteur privé, acquittant leurs impôts, mais personnes « étrangères » n’ayant eu aucun problème de droit commun qui se voient opposer du jour au lendemain un non renouvellement de leur titre de séjour sans raison sérieuse ni même compréhensible. Elles perdent alors leur travail, leur logement et tout moyen de subsistance, alors que les emplois existent dans l’agroalimentaire, la restauration, ou le bâtiment...

Dans toutes ces situations, ces personnes perdent tout droit social et économique. Les décisions préfectorales parfaitement arbitraires les jettent alors à la merci des trafiquants en les contraignant à côtoyer une économie parallèle de survie.

Concernant l’hébergement d’urgence, nous dénonçons avec la plus extrême fermeté la multiplication des situations de femmes enceintes, de très jeunes enfants, d’enfants souffrant de handicap, ou de personnes gravement malades, même parfois en fin de vie, à qui une demande d’hébergement a été prescrite par les services médicaux, qui sont laissées délibérément à la rue. Voilà ce qui nous autorise à parler d’ignominie dans la politique d’accueil des migrants dans notre département.

Face à ces situations qui auparavant trouvaient des solutions et n’en trouvent plus aujourd’hui, une formidable solidarité silencieuse s’organise dans le Finistère. Nous voulons ici mettre en avant tout le travail associatif fait par des milliers de nos concitoyens en termes d’accompagnement, d’orientation, de soutien, d’hébergement ou d’éducation qui pallie les carences de l’État dans notre département.

Quel que soit le parti politique en responsabilité dans les années à venir, quelle que soit la politique migratoire qu’il entend mener, quelle que soit la politique de répression à l’encontre de ces acteurs de la solidarité, ce travail sera poursuivi et amplifié, autant que nécessaire, pour apporter une réponse humainement digne à des situations insupportables que nous ne laisserons pas perdurer dans nos villes et nos villages.

Face aux replis identitaires et sécuritaires, face à la crise que vit notre démocratie, nous continuerons à faire vivre la solidarité, le lien, le vivre ensemble.
Accueillir les migrants dans la dignité, puisque telle est l’objet de notre rassemblement, accueillir les migrants dans la dignité, oui, la leur, mais aussi la notre de DIGNITÉ !


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