Une année COVID ne peut pas être une "année normale"

jeudi 10 septembre 2020

SUD éducation 29 n’est pas un labo de recherche médicale et c’est pour cette raison que nous nous garderons bien de prendre position sur les façons par lesquelles le corps médical va traiter l’épidémie de Covid 19. Pour autant, et contrairement à ce que Blanquer a pu chanter dans les médias à la rentrée, cette année scolaire n’aura rien de « normale ». Les quelques jours qui nous séparent de la rentrée nous montrent que l’éducation nationale n’est pas armée pour vivre une année scolaire placée sous le signe de la contrainte sanitaire. Et l’on se demande bien comment le ministère s’est penché sur la question durant la période estivale.
Dès lors, il nous paraît plus rationnel de ne pas donner dans la spéculation de comptoir, et d’admettre dès maintenant que nous en avons pour un bon moment avec les contraintes sanitaires qui découlent de la pandémie à laquelle nous sommes confrontés.

Se préparer à porter le masque sur le long terme.

Puisque la recherche scientifique a besoin de temps, autant admettre que dans l’immédiat, il va falloir faire sans vaccin. Cela signifie que dans l’Éducation nationale comme ailleurs nous allons devoir porter le masque encore un moment. Et puisque nous ne réagissons pas toutes et tous de la même façon au port du masque pendant des heures, il va être nécessaire d’aménager des espaces et des moments sans masque. On a vu que même le Président de la République a parfois besoin de reprendre son souffle. Alors pourquoi ne pas envisager des moments de pause au grand air dans les emplois du temps de chacun·es (élèves comme personnels).

Anticiper les reconfinements.

Au regard de ce qui se passe depuis la rentrée, il nous semble qu’il va falloir anticiper les allers-retours d’élèves et de personnels qui vont vivre des périodes de confinement parce que testés positifs ou simplement parce que cas contact. Et parmi les personnels, il y aura aussi celles et ceux qui ne seront pas en service pour la bonne raison qu’elles, et ils, devront garder des enfants confinés. La rentrée nous a aussi montré qu’il régnait un flou certain quant aux démarches à entreprendre lorsque l’on craint d’être contaminé ou simplement cas contact. La possibilité de pouvoir s’absenter en cas de doute doit être facilitée puisque la santé des autres en dépend aussi.
Des absences, il va donc y en avoir et beaucoup plus qu’en temps normal. Le recrutement de remplaçant·es en nombre nécessaire va devenir encore plus indispensable qu’il ne l’était déjà les années précédentes.

Rien de nouveau sur le télétravail.

Même si le ministère y a déjà vu une source d’économies phénoménale, le télétravail ne peut pas devenir la norme dans un métier où le contact humain avec les élèves est essentiel. Les enseignant·es ont déjà eu la « gentillesse » pendant le confinement de travailler à distance avec leur propre matériel et des coûts de communication à leurs frais. Il ne peut être question de refaire ce qui a été fait à la fin de l’année scolaire avec des personnels qui ont eu la charge de leurs élèves en classe et de ceux qui étaient chez eux. Pourquoi l’Éducation nationale ne se donne pas les moyens pour recruter des personnels supplémentaires afin d’assurer le suivi des élèves qui seront confinés ?

Et la pédagogie dans tout ça ?

A aucun moment il n’a été question de prendre en compte le fait que les élèves n’ont pas fait une année complète l’année dernière. La progression des apprentissages a été interrompue pour tous les d’élèves. Dès lors, les bases qui sont considérées comme acquises ne le sont pas du tout. La volonté de respecter les programmes (parfois nouveaux) à la lettre est une aberration. Cette rupture doit être prise en compte. Il faut, au plus vite, que les programmes de cette année soient revus en conséquence.
Au lycée, rajoutons que la situation fait apparaître au grand jour les limites de la réforme Blanquer. Le groupe classe étant éclaté une partie de la journée, ce brassage des groupes de spécialités à pour effet de multiplier les contacts entre les élèves. Et quand les élèves ne sont pas en groupes de spécialité ils se retrouvent dans des classes remplies à bloc.

Il n’est pas trop tard pour réagir.

Entre les séances de paddle, de Kayak, la finale de la ligue des champions et le départ du tour de France, nous sommes heureux de savoir que le ministre a bien profité des vacances. Mais la méthode Coué ne suffira pas. D’autres pays d’Europe ont pris la mesure des enjeux pour l’école. L’Espagne s’est engagée sur le recrutement 39 000 enseignant·es pour atteindre le seuil des 20 élèves par classe. De son côté, l’Italie vient d’annoncer le recrutement de 50 000. Cela fait bien trop longtemps que l’Éducation Nationale fait avec les moyens du bord. Si l’on rajoute la problématique du chômage à celle de la pandémie, il est plus que jamais temps de recruter.


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