Budget 2020 et augmentations salariales : "Vendeur de vent"

samedi 28 novembre 2020

“ Le budget de l’Éducation pour 2021 est le plus élevé de la nation et est en hausse par rapport à 2020”. Voilà l’argument massue derrière lequel va pouvoir se retrancher la « Blanquerie ».

Priorité à l’Éducation, vraiment ?

1,44 milliards de hausse, soit le même chiffre qu’entre 2019 et 2020, c’ est ça la continuité ? Sûrement pas la continuité pédagogique en tout cas, tant le paquet-cadeau est empoisonné : 2.039 postes sont créés dans le 1er degré mais dans le même temps, 1.800 sont supprimés dans le 2nd. 4. 000 nouveaux postes pour des AESH toujours aussi précaires. Il faudra bien plus pour assurer un accompagnement suffisant des élèves et des conditions de travail décentes pour les AESH. Les rengaines gouvernementales sur l’école inclusive ne suffisent pas à faire oublier cette réalité. Si, en REP+, les classes sont dédoublées, cela se fait au détriment d’autres écoles qui, manque de postes, verront leurs classes fermer. On divise tranquillement le 1er et le 2nd degré dans la distribution des moyens, pendant que les effectifs pléthoriques des classes de collège et lycée renforcent le tri scolaire par l’ échec. L’avenir se ferme pour les jeunes de milieux modestes.

Magie des chiffres et « démerdenciel »

Le ministère aime les indicateurs chiffrés. Rien de tel pour assurer que le budget de l’éducation n’est pas sacrifié ! Mais la vie c’est « des chiffres et des lettres ». Les dépenses d’ éducation (qui augmentent) représentaient il y a 25 ans 5,8% du PIB et en 2018 seulement 5,1 %. Un effort équivalent à celui de 1995 nécessiterait 16 milliards de plus par an. 1,44 milliards de hausse suffit au ministre pour colporter l’ idée que tout est normal cette année, comme si les élèves n’avaient pas été privé·e·s d’école de mars à juin, comme si le système éducatif avait fonctionné à plein régime. Le « nous sommes prêts » de Blanquer, c’ est en réalité l’ improvisation totale dans les établissements et les services, le manque de personnel et les injonctions contradictoires, les angoisses des familles et la détresse des élèves en décrochage. Présenciel ? Distanciel ? Les formules font un flop à chaque fois, on est dans le « démerdenciel » permanent.

Un plan d’urgence,ni Ségur ni Grenelle !

Seul pays d’Europe de l’Ouest à n’avoir recruté aucun·e enseignant·e supplémentaire face aux ravages de la pandémie, la France a consenti un « Ségur » pour une partie des personnels de santé qui se sont longuement battus. Un complément indiciaire de 183 euros mensuels après des mois de mobilisation, voilà pour le solde. Blanquer nous promet 400millions d’euros, soit 37 euros mensuels pour 860000 enseignant·e·s. L’allusion à Grenelle est odieuse ! Rappelons que les accords de Grenelle en mai 1968 obligeaient le gouvernement à augmenter le SMIC de 35 %, avec 10 millions de grévistes le jour de l’ ouverture des discussions. Blanquer parle de Grenelle sans penser un seul instant aux dizaines de milliers de personnels non-enseignants touchés de plein fouet par l’austérité salariale depuis des années, ni aux milliers de salarié·e·s précaires privé·e·s de perspectives d’ avenir et même de sécurité d’ emploi au présent.

Le tour de vis hiérarchique et idéologique

Les annonces ont fini par tomber, somptueuses ! ! Une prime d’équipement informatique de 150 euros pour les enseignant·e·s et psychologues scolaires, et une augmentation dégressive en fonction de l’ancienneté à partir du 2ème échelon pour les profs et seulement jusqu’au 7ème. Culminant à 100 euros net par mois, cette augmentation ne saurait nous faire oublier la baisse considérable du pouvoir d’achat des fonctionnaires, fruit de plus de 10 ans de gel du point d’indice. Il y a fort à parier que cette revalorisation de façade servira d’argument pour augmenter les tâches et la charge de travail des personnels, selon le bien connu mantra « travailler plus pour gagner plus ». Primes pour quelques-un·e·s, rémunération au mérite, tensions et concurrences incessantes entre salarié·e·s... Le gouvernement aura alors gagné son pari de remodeler de l’intérieur le fonctionnement du « mammouth » fonction publique en commençant par l’ Éducation nationale. Non au « travailler plus pour gagner moins », non à la casse de la protection sociale, non au blocage des salaires, non à la marchandisation de l’existence et à la casse des services publics !


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