Formation des enseignant-e-s

jeudi 18 février 2021

Blanquer se targue, dès la rentrée 2021, de modifier drastiquement le parcours d’études des futur·e·s enseignant·e·s. La formation est présentée, sur les sites institutionnels, comme plus professionnalisante. Pour SUD Éducation, c’est avant tout une mesure visant à faire des économies sur le dos des étudiant·e·s, s’inscrivant dans un agenda de précarisation de nos professions.

La situation jusqu’alors

Jusque-là, pour se présenter aux concours d’enseignement (CRPE, CAPES), il fallait justifier d’un Master 1, ou être inscrit en Master 1 MEEF (Métiers de l’Enseignement, de l’Éducation et de la Formation), proposé dans les INSPE. À l’issue de l’obtention du M1 et du concours passé en fin de M1, les lauréat·e·s devenaient professeurs stagiaires, et leur année de M2 se partageait entre temps d’enseignement en responsabilité dans une classe (50%), temps de formation à l’INSPE (50%), et rédaction du mémoire en vue de valider le Master. Au terme de cette année particulièrement difficile, la titularisation devait leur permettre de devenir fonctionnaires titulaires.
L’année particulièrement dense de M2 était extrêmement difficile à supporter, et l’accompagnement des stagiaires pas toujours à la hauteur des enjeux. Les retours des étudiant·e·s relevaient des cours souvent hors-sol, déconnectés des problèmes concrets se présentant lors des temps de classe, et parfois même des pressions psychologiques de la part de certain·e·s responsables de la formation.
Il y avait donc, dans ce cursus, bien des choses à revoir. Devant la réponse de Blanquer, nous ne sommes pas surpris·e·s, mais quand même déçu·e·s !

Pré-professionnalisation : une main d’œuvre étudiante à bas coûts !

Il est désormais possible de devenir enseignant·e dès la seconde année de licence (L2) et jusqu’à la première année de master. Pour les étudiant·e·s : des contrats précaires. Pour le ministère : une aubaine d’avoir des « enseignant·e·s » sous-payé.e.s ! Pour 8 heures de service par semaine en école ou collège :
 693 € en L2
 963€ en L3
 980 € en M1

Pour les professeur·e·s des écoles, des classes préparatoires d’une durée de 3 ans ouvrent à la rentrée 2021. Ce dispositif est appelé PPPE, et s’adressera à 1200 étudiant·e·s, soit 15% du total de lauréat·e·s du CRPE. Les étudiant·e·s y suivront des cours en lycée et à l’université, feront des stages en école, et un stage de quatre semaines à l’étranger.
SUD Éducation s’interroge sur les moyens qui seront attribués aux lycées mettant en place ces dispositifs PPPE et sur le fait que par ce nouveau « parcours », certains.e.s futur·e·s collègues auront eu moins accès à l’université que les autres.

Un concours réformé = une année de M2 intenable annoncée !

Dès 2022, les concours d’enseignant·e·s seront placés en fin de l’année de M2. Le ministère fait donc ici une sacrée économie puisque l’année de « fonctionnaire stagiaire » ne débutera qu’après l’obtention du master MEEF ET du concours !
On voit mal comment cette année de M2 permettra la réussite de chacun·e :
 Un concours à préparer
 Un master à valider
 Une classe en responsabilité à tiers-temps pour les alternant·e·s

On peut d’ores et déjà imaginer qu’il y aura probablement de nombreux « reçu.e.s-collé.e.s » qui auront soit échoué au concours, soit au master !
Encore une manière détournée pour le ministère d’avoir là un vivier de futur.e.s collègues contractuel·le·s précaires et sous-payé.e.s qui pourront être embauché·e·s en attendant de valider ce qu’on peut appeler un véritable « parcours du combattant » !
Si le ministère se targue de proposer un nouveau master attractif, plus professionnalisant, SUD éducation dénonce la précarisation accentuée qui s’y inscrit et l’impréparation à peine cachée de tous les services alors même que l’intersyndicale nationale demande la suspension de cette réforme depuis des mois.

À quelques mois de la mise en œuvre, le flou est à l’honneur…

Si la communication du gouvernement à destination des futur·e·s étudiant·e·s bat son plein, on peut difficilement en dire de même de celle entre les ministères, les syndicats et les INSPE. Ces derniers devront, dès la rentrée prochaine, composer avec la multiplicité des parcours de leurs étudiant·e·s, des outils d’évaluation les mettant en concurrence les uns contre les autres, l’organisation des stages, pour 800 heures de formation avec un cadrage bien flou en terme de contenu.
Outre toutes ces incertitudes qui demeurent scandaleuses à quelques mois de la mise en œuvre réelle de cette réforme, nous n’avons aucune information concernant :
 les modalités d’évaluation des stagiaires
 les conditions (différenciées ou non) de titularisation
 la valorisation (par reclassement) des stages et contrats effectués auparavant
 le maintien de la prime d’entrée dans le métier.

SUD éducation dénonce et appelle au retrait de cette contre-réforme et revendique :

Pour le recrutement :
 Le retour à un concours de recrutement à Bac+3 (niveau licence), suivi de 2 années de formation rémunérées et validées par l’attribution d’un Master pour tou·t·e·s les professeur·e·s.

Pour l’année de stage (à partir de bac + 3) :
 Un allègement de service : pas plus d’un tiers du temps de service devant les classes
 Une formation renforcée sur le temps de service, assurée par des formateurs·trices pour tou·te·s les stagiaires
 Une formation de qualité avec une décharge de service pour les tuteurs et les tutrices
 Un dispositif particulier pour soutenir ceux/celles qui sont en difficulté
 Une formation aux pédagogies coopératives ou alternatives (Freinet, pédagogie nouvelle, pédagogie institutionnelle, GFEN, etc) pendant la formation initiale
 Une harmonisation des procédures de titularisation dans toutes les académies, garantissant l’équité et les droits des stagiaires avec un contrôle paritaire lors des étapes de titularisation.


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