Baccalauréat 2022, Plan local d’évaluation : non à la servitude volontaire !

samedi 20 novembre 2021

Après le fiasco des E3C, la comédie du Grand oral, le bilan catastrophique de la « réforme » du baccalauréat à base de contrôle continu, le ministre impose
l’élargissement du contrôle continu pour les matières du cycle terminal du lycée, à savoir celles du tronc commun excepté le français et la philosophie.
Ce faisant, il décide qu’il faudrait formaliser les différents types d’évaluations dans leurs modalités, leurs calendriers et leurs cadences sous le regard de la
hiérarchie, des parents et des pairs.
Le « Plan local d’évaluation » devrait selon lui produire au sein des établissements la nécessaire harmonisation qui antérieurement à sa réforme, se produisait d’elle­-même à partir des épreuves terminales et anonymes appuyées sur les programmes nationaux.
Le ministre délègue aux collègues de chaque discipline la responsabilité de
l’harmonisation et de la régulation des résultats de l’examen tout en
s’expliquant dans l’établissement et devant les parents de leurs attentes et
de leurs choix.

Quelle est la procédure ?

On peut citer l’arrêté du 27 juillet 2021 : « L’organisation du contrôle continu
fait l’objet d’évaluation élaborée en conseil d’enseignement, validée en
conseil pédagogique et présentée au conseil d’administration ».
Le texte cherche à imposer la construction du PLE dans le but de le « 
valider » et de le « présenter », or le conseil pédagogique (article L421­5 du
code de l’éducation) n’a pas à valider de décision qui s’impose aux personnels, il n’en a absolument pas le pouvoir.
D’autre part, le terme « présenter au CA » est très équivoque s’il doit être
voté ou fournir une base sur laquelle pourront être décidés ultérieurement
des alourdissements des contraintes.

Les risques encourus

S’il est voté pour être appliqué, il pourra être intégré au projet d’établissement et être imposé aux enseignants (article L912­1). Il servira de document de référence que les parents pourront brandir pour exiger leur dû.
On a déjà pu relever une multiplication des pressions de parents ou d’élèves,
des stratégies d’évitement des devoirs autour des 10% de contrôle continu au
bac 2021. On peut redouter l’ampleur qu’elles peuvent prendre à hauteur des
40% de contrôle continu qui s’annoncent pour les prochaines échéances.
Nous refusons de dicter à qui que ce soit dans une « équipe » pédagogique le nombre de devoirs nécessaires, les barèmes ou les modalités de rattrapage des devoirs fut­-ce au nom d’une majorité.
Nous refusons que s’instaure une surveillance réciproque des personnels
sous le prétexte d’échanges croisés entre pairs d’un ou de plusieurs
établissements.
Nous refusons d’assigner à des collègues suppléants et parfois en poste
sur plusieurs établissements une charge de travail décidée sans leur accord.
Nous refusons tout pas en avant vers la mise en place de diplômes maison, de règles locales de fonctionnement parées pour réduire le service public
d’éducation à une somme de guichets en concurrence et soumis aux
demandes institutionnelles de toutes sortes.

Que peut­-on faire concrètement ?

Certaines inspections ou directions attachées à l’intégration du PLE au
projet d’établissement se réclament du Guide de l’évaluation publié en
septembre. Or ce Guide de l’évaluation de l’Inspection Générale n’a aucune
valeur réglementaire, il ne s’agit que de préconisations comme le ministre a dû le rappeler au Conseil Supérieur de l’Evaluation. Aucun des textes parus
depuis la fin juillet n’a de valeur réglementaire.
Il faut être très vigilant sur la « présentation » du PLE en CA. Sous peine de lier les mains des personnels, il ne doit en aucun cas être proposé au vote ou intégré dans le règlement intérieur du lycée, même sous une
forme édulcorée car ça reviendrait à le valider et à en faire la base de tous les futurs ajouts au gré des directions et des divers degrés de consentement des personnels.
Sachant qu’il risque quand même d’être bientôt soumis à des votes, il faut a minima en écarter toutes les tournures contraignantes et préférer des formules plus protectrices comme « les enseignants peuvent... », « un devoir
commun pourrait être organisé... », « dans la mesure du possible... ». Il faut
éviter toute mention d’un nombre déterminé d’évaluations et leur type,
rappeler que nous ne sommes pas des exécutants et que la seule obligation qui s’impose à nous est de respecter le programme scolaire et évaluer les
élèves. Il faut aussi réaffirmer notre liberté pédagogique qui passe par une
pleine maîtrise de nos pratiques en fonction des moyens alloués à nos
métiers.

La position de Sud éducation

Parce que le souci majeur de chaque enseignant est d’user de sa liberté
pédagogique pour faire progresser chaque groupe d’élève, la planification
locale des modalités d’évaluation qui revient à tout ajuster au seul objectif
d’évaluer, est un empiètement total sur nos missions.
L’instauration du contrôle continu au bac est incompatible avec le droit à
l’erreur inhérent à toute progression pédagogique, la pénalisation de l’erreur
est un fardeau qui écorne le lien de confiance et de bienveillance à la base
de tout apprentissage.
Le ministre n’a d’autre objectif que de mettre au pas les enseignants. Alors
qu’il a supprimé les épreuves terminales anonymes, il essaie d’imposer de
nouvelles règles qui vont renforcer les difficultés du métier.
L’harmonisation des pratiques est un moyen incontournable de tendre vers
une école plus juste et démocratique, mais elle ne peut se concevoir qu’entre
collègues à égalité de statut, aux intérêts et aux valeurs communes, désireux de partager leurs pratiques. Et certainement pas sous la contrainte et le
contrôle hiérarchique imposés à des collectifs de collègues pour servir les
objectifs du ministre.


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