Blanquer contre le "wokisme"

Panique réactionnaire rue de Grenelle
jeudi 25 novembre 2021
par  sudeducation29

Pendant que la Direction générale de la sécurité intérieure multiplient les arrestations de militant.es de l’ultradroite projetant de commettre des attentats terroristes (neuf enquêtes judiciaires et 53 militant·e·s mis en examen selon Mediapart), le 13 octobre dernier, Jean-Michel Blanquer annonçait le lancement d’un think-tank pour combattre le « wokisme ». À l’heure où les discours de Zemmour et autres fascistes gangrènent toujours plus le débat public, notre ministre pense sûrement avoir le sens des priorités. C’est l’occasion pour nous de faire le point sur ce « wokisme » que les réactionnaires prétendent combattre.

Woke : l’origine d’un terme

Le terme « woke » vient de l’anglais « wake » : « éveiller ». Woke en est le participe passé et signifie dans ce contexte « celle·celui qui est éveillé·e », conscient·e et sensible aux discriminations et oppressions. Le mot a gagné un regain de popularité lors du mouvement Black Lives Matter.

Qui sont les wokes ?

Personne ne se revendique d’une idéologie woke. Le terme est avant tout utilisé par la droite et l’extrême-droite pour disqualifier ses opposant·e·s. En cela, les attaques des réactionnaires sur le « wokisme » ne sont pas sans rappeler les débats sur les « islamogauchistes ».

Au sujet des lettres classiques

Plus récemment, Blanquer a annoncé la mise en place d’un plan européen pour le latin et le grec. Décision motivée par le choix de l’université de Princetown de rendre facultative l’étude de ces langues anciennes. Le Figaro, repris dans d’autres médias, disait que ce choix avait été fait eu égard au passé esclavagiste des civilisations gréco-romaines. Il est vrai que l’université a indiqué que ces enseignements étaient clivants racialement et socialement. Là où le Figaro désinforme, c’est dans l’exégèse de cette phrase. En pratique, 1% seulement des Américain·e·s suivent l’enseignement du latin ou du grec dans le secondaire, dans des écoles quasi exclusivement privées, fréquentées en grande majorité par des Blancs, et dont le prix exclut de fait les plus pauvres. Celles et ceux qui apprennent le grec ou le latin sont en grande majorité des enfants issu·e·s de la classe moyenne pour qui ces matières servent d’outil de distinction sociale, leur ouvrant la porte d’universités plus prestigieuses. Les langues anciennes sont alors malgré elles les complices d’une reproduction sociale tournant à plein régime. Pour plus d’informations, voir la récente vidéo de Monté de Linguisticae : Fin du grec et du latin à la fac : la faute aux wokes et islamogauchistes ?

Qu’attend Jean-Michel Blanquer ?

En qualité de ministre de l’Éducation, Blanquer aurait tout loisir de remettre les langues anciennes au cœur de l’enseignement secondaire. Et pourtant, nous prédisons que ce plan européen n’en sera pas vraiment l’occasion. Les ministres successif·ve·s n’ont au contraire eu de cesse, par la casse de l’école, du collège et du lycée, de les fossoyer. Personne ne pense ainsi à attribuer aux wokes la réforme du collège de 2015 qui a occasionné un recul majeur de l’enseignement du latin et du grec. On voit bien que pour Blanquer et les autres réactionnaires, la lutte n’est pas celle des langues anciennes, mais le combat politique contre celles et ceux qui dénoncent leurs idées mortifères.


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