Salaires : nous avons des revendications !

Bas salaires, point d’indice, augmentation uniforme...
jeudi 31 mars 2022
par  sudeducation29

Face à la crise sociale, à l’augmentation des prix de l’énergie, de l’essence, des produits alimentaires, la question salariale revient dans le débat social depuis plusieurs mois. La revendication d’augmentation des salaires revient également de manière importante et depuis l’automne de nombreuses entreprises privées ont connu des grèves avec revendication d’augmentation des salaires.
L’inflation de 2,8% s’installe et enfle, tandis que le patronat distribue au mieux des miettes dans les NAO (Négociations Annuelles Obligatoires) et que le gouvernement n’a toujours pas bougé concernant les rémunérations dans la fonction publique.

Une captation inacceptable des richesses

Sous l’ère Macron, 5% des ménages les plus modestes (ceux qui vivent avec moins de 800 euros par mois) ont perdu du pouvoir d’achat (chiffres de l’étude de l’institut indépendant des politiques publiques novembre 2021). Les mesures de ce gouvernement ont favorisé les détenteurs du capital, les plus riches.
Ainsi, dans son rapport sur la montée des inégalités, Oxfam souligne qu’avec 173 milliards d’euros, les cinq premières fortunes de France ont doublé leur richesse depuis le début de la pandémie et possèdent désormais autant que les 40% des plus pauvres du pays. 50 milliards ont été versés en dividendes pendant la pandémie, tandis que les scandales sur la fraude fiscale continuent.

Et dans le même temps, ce même pays maintient coûte que coûte la réforme de l’assurance chômage qui aggrave la paupérisation des plus précaires. Il faut réévaluer de manière significative les pensions et les minima sociaux et les augmenter. Avec les associations de chômeurs et précaires, il faut continuer à revendiquer l’abrogation de la réforme de l’assurance chômage. Cela implique une autre répartition de la richesse produite par le travail.

Salaires : les raisons de la colère (aussi à l’éducation nationale)

Chacun s’accorde à constater le peu d’enthousiasme des étudiant·e·s pour la carrière enseignante. Il faut dire que le salaire est peu attractif au regard du niveau d’étude exigé : 1418 € net en début de carrière... il faut attendre près de 15 ans pour dépasser les 2000 €. Ensuite, avec la hors classe et la classe exceptionnelle, c’est l’individualisation des carrières qui prime et l’invention de la classe exceptionnelle permet à une minorité de dépasser 2800 € en fin de carrière.
Mais dans l’Éducation nationale, il n’y a pas que des enseignant·e·s. Une secrétaire administrative perçoit 1 800 € par mois après 30 ans de carrière. Aucune assistante sociale ne perçoit un salaire supérieur à 2 400 €. Une technicienne de laboratoire gagne moins de 1 800 € en fin de carrière. Quant aux agent·e·s d’entretien d’accueil, leur carrière se déroule sur moins de 200 € et il faut travailler depuis 20 ans pour espérer obtenir 1 400 € mensuels.
Les AESH, elles, débutent à 787 €, c’est-à-dire 62 % du SMIC pour un emploi à temps partiel qui les occupe toute la journée et ne leur permet même pas d’en occuper un autre... sauf le week-end.
Quinze ans plus tard, on leur promet 881 €.

Des salaires trop hauts, il y en a… même dans la fonction publique !

Actuellement les 52 613 hauts fonctionnaires qui sont les 1% de salariés les mieux rémunérés du secteur public perçoivent plus de 6 500 euros net par mois. 19 471 de ces agent·e·s sont membres de la fonction publique d’État ; 26 134 de la fonction publique hospitalière ; 2 781 de la fonction publique territoriale ; 4 227 de la fonction publique d’État à l’étranger (postes en ambassades, consulats, lycées français, etc.).
En fin d’année le gouvernement distribue des primes aux hauts fonctionnaires. Ainsi les recteurs peuvent percevoir plusieurs dizaines de milliers d’euros de prime, un peu moins pour les Dasen et les secrétaires généraux mais c’est un beau Noël quand même. Et dans le même temps il ne serait pas possible d’augmenter les AESH ?

Oh hisse le point d’indice ?

Face au blocage du point d’indice dans la fonction publique depuis février 2017, mesure d’austérité qui donne le ton à l’ensemble de la politique salariale du public comme du privé, on entend le plus souvent la revendication de déblocage de la valeur du point.
Regardons de plus prêt cette revendication : le point d’indice est actuellement à 4€69. Faisons un effort d’imagination et envisageons que le gouvernement augmente le point d’indice de 10%.
Une ou un Professeur des écoles (CPE ou PLC ou PLP) ayant 6 ans d’ancienneté (indice 476) verrait son salaire brut passer de 2230,54 € à 2 453,59 € (+223 €).
Un ou une agrégée avec 6 ans d’ancienneté (indice 579) verrait son salaire brut passer de 2713,20 € à 2984,52 € (+ 271 €)
L’agent·e d’entretien et d’accueil du collège ou du lycée (catégorie C) verra, avec la même ancienneté (indice 348), son salaire brut passer de 1632,12 € à 1795,33 € (+ 163 €)
On pourrait refaire la démonstration pour la fin de carrière, les écarts seraient encore bien plus importants. La carrière de l’agrégé·e se déroule sur 380 points pour la seule classe normale. Elle se déroule sur 42 points pour la même classe pour l’agent·e d’entretien. Les augmentations de salaires en pourcentage accroissent les inégalités !

Il nous faut des revendications unifiantes

Dans une société aux très fortes inégalités salariales, la revendication syndicale d’une "augmentation du point d’indice" concourt de fait à creuser les écarts.
Notre première exigence est que les plus bas salaires soient les 1er bénéficiaires d’une hausse des salaires.
Ensuite, on peut bien sûr imaginer toutes sortes de rattrapages plus ou moins complexes mais pour mener des luttes et être nombreux/ses, il est préférable d’avancer des revendications qui concernent le plus grand monde, de la manière la plus juste.
C’est pourquoi, à SUD éducation et SOLIDAIRES, nous mettons toujours en avant la revendication de +400 € pour toutes et tous. Elle ne résout pas toutes les contradictions de la distribution inégale des salaires mais elle permet au moins de réduire en proportion les écarts salariaux.
Pas de salaire, d’allocation chômage ou de pension de retraite en dessous de 1700 € net, +400 € par mois pour toutes et tous, limitation des hauts revenus.
Sur ce dernier point, le congrès d’octobre 2021 de SOLIDAIRES a estimé qu’il fallait limiter l’éventail des salaires de 1 à 5. Cinq fois un SMIC à 1 700 € cela devrait être suffisant, surtout quand on sait que les 10% les plus riches émettent 48% du CO2 mondial…

Depuis l’automne, des luttes et des grèves ont fleuri un peu partout dans le pays sur des questions salariales, dans les entreprises du commerce (Leroy Merlin, Décathlon, Labeyrie..), de l’industrie, la chimie (Bergams, Sanofi), le transport (Transdev, à la SNCF) . Souvent celles et ceux qui luttaient, et pour certains luttent toujours, expriment leurs revendications en augmentation uniforme, une même somme pour toutes et tous. Dans ce cas là, la direction répond toujours par une augmentation en pourcentage. Certainement parce que le patronat veut favoriser la hiérarchie des salaires et certainement aussi que ce même patronat n’aime pas les revendications qui unifient l’échelle des salaires et en réduisent donc les écarts...


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