Compilation des conséquences du passage de Blanquer à l’éducation nationale

relevées dans le rapport d’information du Sénat établissant le « bilan des mesures éducatives du quinquennat »
vendredi 1er avril 2022
par  sudeducation29

Six objectifs et mesures phares ont été analysés : - le lien entre école et société ;
 l’abaissement de l’âge d’instruction à trois ans ;
 le développement de l’école inclusive ;
 la priorité donnée au primaire à travers les politiques de limitation des effectifs de la grande section au CE1 ;
 la réforme du lycée ;
 l’attractivité du métier d’enseignant.

Nous avons compilé la partie concernant les constats. Il y est noté que « dans de nombreux cas, la mise en œuvre de ces réformes donne l’impression d’une politique publique menée dans la précipitation, à la mise en œuvre mal accompagnée. » Et que « Au final, de nombreux objectifs n’ont pas été atteints conduisant à un sentiment de « naviguer à vue », de « générations d’élèves cobayes » ou une déception pour le personnel enseignant. »

le lien entre école et société

Pour l’essentiel, les rapporteurs assènent que «  le renforcement du respect envers l’institution scolaire ainsi que l’instauration d’une relation de confiance entre la société et l’école étaient au cœur des ambitions du ministre. Cet objectif n’a pas été atteint. »

Ils enfoncent le clou : « La relation entre les personnels de l’éducation nationale et leur ministre est fortement dégradée. La multiplication des injonctions sont autant de circulaires déguisées qui brident l’autonomie des établissements publics locaux d’enseignement et la liberté pédagogique des enseignants. »
Le constat est accablant. Les équipes pédagogiques sortent de ces cinq années éreintées, profondément marquées par la surdité et le mépris du ministre Blanquer, qui a eut le cynisme d’oser appeler Sa loi, « loi sur l’école de la confiance »...

L’abaissement de l’âge d’instruction à 3 ans : une réforme symbolique insuffisamment accompagnée

« En 2018, la quasi-totalité des enfants de 3 ans, - cette proportion atteignant 99,9 % pour les 4 ans et 100 % pour les 5 ans - était déjà scolarisée, par la volonté de leurs parents. La loi n’a fait que suivre un mouvement ancien de société.  »

« À Mayotte et en Guyane, une mise en œuvre inachevée » : l’objectif de scolarisation « des enfants dès 3 ans est fixé à 2025 soit plus de 6 ans après l’entrée en vigueur de la loi. Pour les six générations d’élèves concernées, ce sont des temps essentiels d’apprentissage perdus. »

« Un abaissement non accompagné de l’âge d’instruction obligatoire » : « trop peu de modules de formation continue sont destinés aux enseignants exerçant en maternelle ». «  Au lieu de multiplier ces guides (« pour enseigner le vocabulaire à l’école maternelle » et « pour préparer l’apprentissage de la lecture et de l’écriture à l’école maternelle », qui limitent la liberté pédagogique des enseignants, les rapporteurs recommandent des efforts massifs en termes de formation initiale et continue. »

Des progrès en faveur de l’école inclusive mais une politique à poursuivre

Si « les crédits dédiés à l’école inclusive ont progressé de 65 % et le nombre d’accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH) a augmenté de 33 % sur l’ensemble du quinquennat », les personnels « AESH demeurent précaires », et c’est peu de l’écrire.

Il a été relevé que seuls « certains PIAL ont pris un engagement moral en termes de distance maximale entre les lieux d’affectation des AESH ou organisent des réunions de pré-rentrée pour entendre leurs souhaits d’affectation » ou « ont entrepris un recensement des besoins de leurs AESH pour proposer des modules adaptés.  ». Les constats qui nous sont remontés confirment que ces initiatives sont trop rares.

« Un renforcement de la formation des AESH, en partant de leurs besoins » est appelé, avec une remarque qui en dit long sur le bricolage qui a présidé à la mise en place de ces PIAL : « Il est inacceptable que certains financent sur leurs fonds propres des formations pour prendre en charge les besoins des élèves qu’ils accompagnent. ».

Les rapporteurs concluent sur ce point que « Les AESH sont des acteurs essentiels du service public de l’école inclusive » et « préconisent d’améliorer leurs perspectives et parcours de carrières. » Ils précisent également que « Par ailleurs, l’école inclusive ne doit pas se limiter à une approche par une compensation du handicap au moyen d’un accompagnement humain.  ».

L’école primaire : « priorité des priorités »

 « Le dédoublement des classes de grande section au CE1 en éducation prioritaire : une promesse en cours de réalisation » ;
« Des premiers résultats mitigés au regard des moyens importants consacrés » : « le budget conséquent n’a pas permis une inversion franche des difficultés scolaires rencontrées par les élèves de REP et REP +. ».
 « Des interrogations sur les moyens consacrés à la réduction des effectifs » : « La différence entre les moyens nécessaires et les ETP créés est de plus de 12 200 ETP » !! Les rapporteurs rappellent que «  les réformes ne doivent pas se faire au détriment des moyens de remplacement ou par des suppressions de postes. ». Qu’il est facile d’habiller Paul, et de s’en vanter,… quand on a déshabillé Pierre.

Et rien n’est dit sur les conséquences sur les conditions de travail des équipes pédagogiques sous l’avalanche des protocoles liés à la pandémie.

Une réforme du lycée au milieu du gué

 « Un premier bilan en demi-teinte » : « à la rentrée 2019 », si « 426 triplettes ont été choisies par au moins un élève au niveau national, il faut désormais 15 triplettes de spécialités pour retrouver 80 % des élèves de première. » dans un lycée où « élèves et enseignants ont l’impression de naviguer à vue, dans une réforme mise en place de façon précipitée. »
 «  L’orientation : clé de voûte du nouveau système, mais parent pauvre de l’éducation nationale : 85 % des professeurs principaux et 65 % des proviseurs n’ont reçu aucune formation spécifique pour exercer leur mission d’orientation. L’accompagnement des élèves fait aujourd’hui défaut.  »
« La réforme du lycée risque d’accroître les inégalités territoriales entre les lycées où ces heures peuvent se dérouler et les autres qui, faute de DHG suffisante, ne sont pas en mesure de les organiser. »
 « Une prise en compte de la réforme perfectible par l’enseignement supérieur : Les réformes sur l’orientation et la réussite des étudiants et du lycée ont été conçues en silo et mises en œuvre de manière parallèle, alors qu’elles auraient dû être liées. »

Enseignant : un métier en manque d’attractivité ?

« 25 % des enseignants se demandent s’ils n’auraient pas mieux fait de choisir une autre voie professionnelle que l’enseignement. »
« 85 % des enseignants estiment que leur pouvoir d’achat s’est dégradé ces cinq dernières années, une proportion largement supérieure à l’ensemble de la fonction publique (56 % estiment avoir subi une telle dégradation). » pour ceux dont la mémoire est moins courte, le décrochage des salaires date de 30 bonnes années, mais force est de reconnaître que, des pertes de salaire relatif, ce quinquennat à vu le flambeaurepris fermement.
• « Une réforme de la formation initiale qui a du mal à atteindre ses objectifs ». « Trop peu de stages devant élèves sont proposés par les rectorats : en moyenne 1 contrat pour 1,6 étudiant pour le premier degré, 1 pour 1,5 étudiant pour le second degré – avec des différences fortes selon les disciplines –, et 1 pour 3,2 formations conseillers principaux d’éducation (CPE). »
• « Une revalorisation salariale à 1,16 milliard d’euros en 2021-2022 à poursuivre. » Quand on sait que le ministre Blanquer à rendu plus de 300 millions d’euros sur le budget qui lui était alloué, cela donne une idée claire de l’absence de volonté de poursuivre cet « effort ». Quand à la somme nécessaire à un rattrapage salarial à la hauteur de ce que nous avons perdu, ce milliard en est à peine l’ombre.

Que conclure…

Cette campagne présidentielle, enfin si on peut dire, a vu le président-candidat fuir le débat contradictoire, échappant ainsi à toute critique de son bilan, comme le ministre Blanquer a refusé de rendre des comptes aux représentants des personnels, faisant du passage en force sa marque de fabrique.

Pour toutes celles et ceux qui auraient encore des doutes sur ses projets pour l’école, nous espérons que cette lecture aura été enrichissante.


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