Souffrance, stress, pressions... nos conditions de travail en question

lundi 17 janvier 2011

La dégradation des conditions de travail des personnels
dans l’Éducation Nationale génère de la souffrance,
du stress, des pressions. Cela entraîne un mal-être,
des dépressions, des suicides. Des études chiffrées
font état de 32 suicides pour 100 000 personnels
contre 17 pour 100 000 en moyenne dans les autres
professions. C’est presque deux fois plus !

Qu’est-ce qui génère ce mal-être ?

Les causes ne manquent pas et malheureusement
chacun d’entre nous a été, est, ou risque d’être
confronté à ce mal-être. D’une manière générale, les
plus consciencieux sont les plus exposés. Ce qui provoque
ce stress :
 des journées non-stop (encore plus dans dans le 1er
degré avec l’aide personalisée), des classes surchargées,
une charge de travail pour les directeurs d’école
de plus en plus importante, des difficultés relationnelles
entre collègues, un manque de solidarité et de stabilité
des équipes, un isolement des personnels...
 un contrôle croissant de la part de l’Administration,
un manque de formation pédagogique pertinente,
une absence fréquente de remplaçants, la disparition
des structures d’aide pour les enfants en difficulté (les
RASED...), une demande de l’institution de plus en
plus importante (nouveaux programmes tous les 3 ans)
qui crée un sentiment d’imperfection permanent...
 un regard dévalorisant sur le métier d’enseignant,
un manque de reconnaissance et de confiance en
soi...

Toutes ces raisons entraînent une dés-idéalisation du
métier : le travail réel ne correspond pas au métier
espéré lors de la réussite au concours.

Les symptômes qui peuvent mener jusqu’au « burn out »

Le syndrome d’épuisement professionnel (“burn out”) se
décline en trois phases :
 dans un premier temps, une période de grande
activité, avec éventuellement des pratiques sportives
importantes
 dans un deuxième temps, un phénomène de
dépersonnalisation ou de cynisme qui conduit à prendre
des décisions plus impersonnelles. On s’implique
moins, on se protège, on est robotisé. Les émotions
sont anesthésiées et entraînent des comportements
« professionnels » avec ses propres enfants. On passe à
l’acte par des explosions et de l’agressivité à la maison.
Il y a donc des incidences sur la vie familiale.
 dans un troisième temps, un effondrement dans la
dépression : surcharge de travail ingérable qui génère
une insatisfaction perpétuelle, épuisement, impossibilité
de réagir correctement. Une fatigue chronique
s’installe (reconnaissable car elle ne disparaît pas
après une période de repos). Le travail, omniprésent à
l’esprit empêche de trouver un sommeil réparateur.
On n’arrive plus à cloisonner ses pensées. Le phénomène
est progressif et insidieux. Il se manifeste par
des douleurs squelettiques, viscérales (des ulcères),
des rhumes à répétition, une hausse du taux de cholestérol,
d’acide urique, de cortisone, une anesthésie
des émotions. Ce sont les manifestations psychosomatiques
de douleurs psychiques. Il y a une déconnexion
entre le corps et le cerveau. Une dégradation
de l’hygiène de vie (repas de moins en moins équilibrés,
pris sur le pouce, négligence médicale, report de
soins...) et une tendance à l’alcoolisme s’installent.
Des difficultés croissantes pour se prendre en charge
et gérer ses émotions. Des moments de tristesse, de
désespoir, d’ennui, peuvent provoquer des phases de
dépersonnalisation. L’implication personnelle diminue
afin d’essayer de se protéger.

Des incidences sur la vie familiale (fatigue chronique,
manque disponibilités, irritabilité, divorce...) peuvent
alors apparaître..

Commrent éviter le “burn out” ? Vers qui se tourner pour trouver de l’aide ?

Un problème de mal-être généré par le travail devrait
pouvoir être résolu par l’employeur.

Malheureusement les personnels de l’éducation
n’ont pas de visite médicale obligatoire (sauf celle
lors de la titularisation). Pourtant un regard extérieur
et neutre est indispensable.

Il est toujours souhaitable de prendre contact avec le
médecin du l’Education Nationale.

Il nous faut aussi réclamer des visites médicales du
travail régulières.

Mais aussi demander la création de groupes de parole
dans chaque établissement scolaire qui permettraient
de sortir de l’isolement et de communiquer
entre collègues. Ils ont prouvé leur efficacité dans les
services dans lesquels ils existent (les hôpitaux par
exemple).

Résister collectivement

Le syndicalisme peut donner une dimension collective
à la lutte. Des personnes ayant des affinités communes
se retrouvent, une proximité se crée, des dialogues
s’installent. Se syndiquer c’est aussi une
démarche permettant de briser les solitudes. C’est
une aide pour prendre de la distance, pour retrouver
l’espoir d’un changement. Chacun y confronte son
vécu, ses expériences, ses états d’âmes. C’est une
démarche salutaire et solidaire.

Enseigner est un métier merveilleux mais les
conditions de travail actuelles (et à venir) se
dégradent et augmentent le mal-être des personnels
de l’Education.
De moins en moins de jeunes diplômés se présentent
aux concours, la profession n’attire plus et
pour cause !

Ce texte a été écrit à partir des informations apportées
par Cyril LABOUS, Psychologue, lors de la journée de
stage « Souffrance, stress, pression... nos conditions
de travail en question » le 17 juin 2010. Deux nouvelles
formations sont prévues les 27 janvier (à
Quimper) et le 28 janvier (à Brest).


Documents joints

Journal de janvier 2011

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