Socle et Pacte : mangé·es à la sauce salariale

jeudi 25 mai 2023
par  sudeducation29

Pour les enseignants, psychologues et CPE de l’Education nationale, Macron a fait une annonce lors de sa visite au collège de Ganges dans l’Hérault jeudi 20 avril.
Selon lui, la revalorisation est nécessaire pour « mieux reconnaître l’engagement » et « rendre attractif un métier qui n’attire plus ». Le ministère a présenté ces annonces comme « le fruit d’un dialogue avec les organisations syndicales » en oubliant que tous les syndicats ont claqué la porte à la dernière réunion sur le pacte le 6 mars.

Le Socle : prime d’attractivité et hausse de l’ISAE-ISOE
Ce volet de la revalorisation est inconditionnel et vaut près de 2/3 de son budget : doublement de la prime ISAE premier degré et ISOE second degré avec un alignement de l’ISAE sur l’ISOE (on passe de 1300 euros bruts par an à 2600 euros), valable aussi pour les CPE, les psychologues, conseillers pédagogiques et toutes les professions associées au métier de professeur.
Pour les débuts de carrière jusqu’à 15 ans d’ancienneté vient s’ajouter la prime d’attractivité, et les collègues de plus de 15 ans d’ancienneté se contenteront du doublement de l’ISAE-ISOE mais pourront accéder plus facilement à la hors-classe.
A souligner que le ministère a annoncé l’évolution de la mesure « dans le cadre de la concertation avec les organisations syndicales ».

Le Pacte : travailler beaucoup plus pour gagner plus
Le second volet de la revalorisation est lié à des missions supplémentaires, c’est le pacte dont les heures supplémentaires seront défiscalisées. Deux types de missions : mission en face à face pédagogique et mission de coordination de projet.
Pour les collègues du 1er degré, des heures de soutien en sixième et pour ceux du second degré, remplacer au pied levé leurs collègues absents pour une courte durée. Que ce soit maths ou français importe peu si les élèves manquent un cours de maths et ont un cours de français par exemple. 18H seront disponibles pour ces missions « ultra-prioritaires » et rémunérées 69 euros de l’heure.
Pour les autres missions, 24 heures arriveront et à hauteur de 52 euros de l’heure. Des heures de soutien sur le passage des évaluations CP, CE1 et CM1 en cas de difficultés persistantes, mise en œuvre de projets innovants et d’accompagnement d’élèves à besoins éducatifs particuliers dans les écoles. Et dans le second degré, des missions liées à la découverte des métiers, la participation à Devoirs faits qui devient obligatoire en sixième ou des stages de vacances apprenantes
L’engagement dans le pacte complet est possible comme sur une seule mission ou deux.
Aux directeurs et chefs d’établissement avec une enveloppe spécialement allouée, tandis que les enseignants des lycées professionnels ne sont pas concernés par les missions du volet pacte.

Logique managériale et déni des difficultés
 Confier aux directions d’établissement de la maîtrise de « temps enseignant » pour « gérer » les problèmes de l’école en échange d’engagements contractuels sur des tâches classées prioritaires par l’Etat relève typiquement de l’idéologie du New Public Management. L’Etat fixe aux organisations locales des objectifs quantifiés à atteindre avec une relative autonomie
de moyens. Derrière la valorisation de la « performance » se terre le transfert de responsabilités de l’échec des politiques publiques aux échelons subalternes que sont les académies et les établissements.

Quand on sait à quel point le travail enseignant s’est alourdi et complexifié du fait de l’aggravation des inégalités et des tensions sociales, de l’individualisation des parcours et du rapport à l’école, du projet de l’inclusion scolaire, on ne peut se contenter de « reconnaître le malaise enseignant » autour des demandes de revalorisation du métier et des carences de recrutement.

Le déni de réalité saute aux yeux quand on considère publiquement que les enseignants ont du temps de travail en réserve et qu’ils pourraient travailler davantage s’ils le veulent. La vision du métier qui s’installe est purement utilitariste : seuls les intérêts monétaires motiveraient les enseignants et l’engagement par vocation n’existe pas. 

Ce donnant-donnant cache un vrai pacte gagnant-perdant pour l’Education nationale. L’Etat garde la main sur les priorités du moment et incite les agents à la fuite en avant sous la carotte de la revalorisation. Pour le moment difficultés d’apprentissage, inégalités de réussite, décrochage, qualité de la formation professionnelle et de l’insertion justifient les moyens. Quid des autres fléaux plus locaux pour certains établissements et localités ?

Les moyens qui n’annoncent que des lendemains qui déchantent pour des agents qui n’ont qu’une vie professionnelle et personnelle !

Merci au Café Pédagogique pour leurs précieuses informations.


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