Compte-rendu du stage "Stress au travail"

Quimper, le 27/01/2011
dimanche 15 mai 2011

Compte-rendu du stage "Stress au travail", Quimper, le 27/01/2011

Présentation Cyril Labous, Psychologue clinicien à Brest
Atelier-groupe de travail

Mise en commun du temps d’échange : Quels sont les différents facteurs de stress ?
 L’individualisme des collègues, le manque de soutien, de solidarité … chacun essaye de survivre. On ne parle pas de ce qui fâche, il n’y a plus de débat.
 Les conditions de travail qui se détériorent
 Le cahier de texte numérique : un outil intéressant mais aussi de flicage (comparaison des profs par les parents, nombre et dates des contrôles …), qui l’administre ? La consultation du cahier de texte a toujours été possible, mais il ne sortait pas de l’établissement.
 La communication par mails (trop d’information / pas d’informations directes). Intrusion dans notre travail.
 La différence entre investissement prof/élèves (qui ont d’autres intérêts)
 Le changement de programmes en lycée, il y a moins de liberté pédagogique (ex : importance des performances en EPS, plus comme avant), déséquilibrage entre les matières. Profs qui deviennent adversaires/concurrents (organisation forcément propice au conflit).
 La contradiction personnelle : jusqu’où peut-on aller ? Faire l’inverse de ce pourquoi on a été formés et de ce pourquoi on a choisi d’être prof. Jusqu’où accepter l’incohérence (pas le droit de faire tennis et sport co, plus le droit de fabriquer d’objet individuel en techno). On nous demande tout et son contraire, sans concertation (ou avec un semblant de concertation qui ne sera pas pris en compte).
 Une impression de surévaluation perpétuelle
 La solitude de l’enseignant, parfois seul dans sa matière dans un établissement, parfois livré à lui même, inspections rarement constructives, voir rapports inexistants. Vers qui se tourner pour avoir de l’aide, des conseils ? Quelle évaluation de son propre travail ? Charge de travail qui peut croître de façon exponentielle. Quel respect de notre travail quand nos décisions peuvent être modifiées par le chef d’établissement (ex niveau A2 en collège) … on peut en arriver à se dire qu’on est nul, qu’on ne sert à rien.
 La nécessité de palier des manques en faisant des choses qui ne sont pas de notre ressort (vie scolaire, orientation), beaucoup d’administratif … réduction de ce pourquoi on est là, transmettre des connaissances, des techniques.
 Toutes les réformes dictées par des raisons d’économie, aucun respect pour notre travail d’éducation … les « emballages » des réformes paraissent souvent intéressants, mais les applications ne sont jamais celles qu’il faudrait. (ex CLAIR, remédier à l’échec scolaire/égalité des chances à l’école, alors que pas de moyens / mise en concurrence des profs avec des « super-profs/préfets d’étude », lettre de mission à signer, recrutement des profs par chefs d’établissement …)
 Le fatalisme de beaucoup : suite à l’échec de 2003 … ça ne sert à rien, ça ne marchera pas de se mettre en grève. Voir on est mal vus si on fait grève. Même si on propose autre chose (samedi …). Il y a un décalage entre le malaise général et les actions.
 La culpabilisation des profs : faire perdre une heure aux élèves, c’est « scandaleux » (absences pour maladie, formation, grève …)
 Plus de discussions de pédagogie au niveau collectif. Comment dire non à quelqu’un qui n’y connaît rien et qui impose des choses. Si on est au service de la hiérarchie, on n’est plus critiqués sur le fait d’être un mauvais prof. Plus de fonctionnement collégial mais vertical/hiérarchique avec délégation des tâches (et il y a toujours des gens qui sont d’accord avec la hiérarchie).
 L’importance du niveau financier (essayer de se faire du fric : besoins personnels mais aussi pour être bien vu).
 La hiérarchie pas consciente de ce qu’est un élève, qui impose des projets (mais qui seront en heures sup … si on les accepte pour les élèves, on perd des postes, si on les refuse pour les postes, que faire pour les élèves en difficulté ?). Paradoxe. Pas de concertation, de communication.
L’impression de donner de moins en moins de temps à sa matière mais trop au reste (B2I, ASSR, histoire des arts, …)
 La préservation de son intégrité physique dans certains cas (profs en lycée professionnel, de plus en plus d’élèves par classe, en grande difficulté …). Dans certains établissements (ex région parisienne), on pense d’abord à sa propre survie.
 Le stress lié au poste de direction dans le 1er degré (décisions à prendre, courriers injurieux, asso parents qui veulent prendre trop de place dans l’école, relations avec la mairie, fossé entre les enseignants sur poste de direction et les autres, déstructuration des équipes par l’aide personnalisée : on ne se voit plus, plus de limite physique à l’école : courrier administratif arrivant à la maison avec des tâches à faire du jour au lendemain, contradiction entre idées personnelles et tâches à remplir : base élèves, évaluations CE1 et CM2, …)
 La difficulté de montrer des signes de faiblesse devant sa hiérarchie, pas de médecine de travail. Rappel de la loi, c’est un droit, on peut demander cette visite. Remarque : possibilité de passer par la médecine scolaire, les psychologues scolaires.

Commentaires de Cyril Labous et temps de discussion :
 Étonnant qu’il n’y ait pas de suivi médical
 Souffrance subjective, au départ pas prise en compte, maintenant reconnue de façon collective. Rôle des syndicats de relayer l’information.
Enseignants : difficulté à s’exprimer sur leurs difficultés, parce que considérés comme nantis (horaires, vacances …), et parce que travaillant dans la maîtrise et le contrôle de soi dans le cadre de leur travail. Mais à la fois métier de moins en moins considéré.
 Possibilité de râler à la machine à café, mais pas de véritable expression de son mal-être. Plutôt une résignation.
 Flou de la fonction énorme (quelle est ma mission ? Quelle est ma fonction ? Quand en ai-je fait assez ?) : ne pas pouvoir rentrer chez soi en ayant l’impression d’avoir bien/assez travaillé. Difficile de vivre dans le paradoxe.
 Écart entre le travail prescrit et le travail réel. Si cet écart n’est pas pris en compte par la société/l’institution, défaillance. Auto-évaluation difficile, être performant sans s’écouter. Situation de consentement face à la situation. Expression par la souffrance physique (ulcères, pneumopathie, …) quand on ne fait pas attention aux signaux d’alerte.
 Plus de « bulle professionnelle » (espace vital, où on peut agir en liberté). Intrusion dans l’espace psychique nocive. Difficulté de choix (des choses bonnes pour les élèves pourront être mal perçues par l’administration)
 Problème de la non-existence de groupes de parole (comme dans les hôpitaux pour les infirmières). Remarque : éventuel détournement des autres formations/groupes de secteur/de mutualisation pour le faire.
 Pas de gestion de l’administration des problèmes de santé graves (alcoolisme, dépression …) : on laisse les choses pourrir, empirer, se détériorer. Institution n’a de toute façon pas de réponse à apporter.
Plus d’existence d’un métier mais d’un travail, de tâches à accomplir.
Problèmes liés au travail ? perte d’appétit, problèmes de sommeil …

Quels sont les signaux d’alerte avant épuisement au travail (burn out) à reconnaître (12 étapes) :
 Compulsion de se révéler (détermination obsessionnelle de réussir).
 Intensité (on ne délègue pas pour ne pas perdre le contrôle, pour être sûr que tous les détails soient gérés). Souci de reconnaissance de la tâche accomplie.
 Déprivation subtile (déclin de l’attention portée aux activités personnelles, loisirs)
 Rejet des conflits et des besoins (routine simplifiée pour ne pas perdre d’énergie). 1ers symptômes physiques (type grippe). Début du burn out.
 Déformation des valeurs (difficultés à distinguer essentiel et non-essentiel, trop d’attention portée aux détails). Difficulté à se projeter dans le temps.
 Déni (ne pas faire attention à son mal-être, nier la réalité)
 Désengagement (on se détache de son environnement, plus capable de faire face)
 Changements de comportement (inflexibilité, aspect colérique …)
 Dépersonnalisation (altération de la conscience, impression de ne plus se reconnaître soi-même. Robotisation des pratiques, plus de sentiments)
 Vide (on se sent inutile, épuisé). Conduites de compensation (suralimentation, boulimie, alcoolisme, drogues …)
 Dépression (apathie, abattement complet, perte de désir et de motivation pour tout). 1ères idées suicidaires (de plus en plus fréquentes)
 Épuisement total (passage à l’acte, mise en danger de soi ou des autres)
Remarque : on ne se rend pas compte soi-même de cette évolution, c’est l’entourage qui peut alerter la personne.

Remarque : le travail peut être un anti-dépresseur dans une certaine limite, on s’oublie dans le travail.

Quelles stratégies face au stress ?
 Syndicalisme, engagement associatif, militantisme : diminution des risques de mal-être, soupape, l’impression peut-être de ne plus maîtriser les choses, de moins subir d’agressions gratuites, de mieux comprendre des tenants et aboutissants.
 Dire qu’on n’est pas d’accord / exprimer son désaccord. Dire non (psychologiquement, ça fait une différence).
 Dire aux gens qui souffrent qu’ils ne sont pas seuls, identifier leur souffrance.


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