SUD éducation appelle au boycott du LPC

Nouvelles du SUD
jeudi 9 juin 2011

Oui à une réflexion autour des questions pédagogiques !
Non au Livret Personnel de Compétences numérique !

La mise en place du « Socle commun de connaissances et de compétences » prétend imposer aux enseignants la validation de Livret Personnel de Compétences (LPC), qui aurait la « double fonction » d’« outil institutionnel attestant la maîtrise des sept compétences du socle commun » et d’« outil pédagogique au service du suivi personnalisé des élèves ». Il s’agit d’évaluer sur le mode binaire l’acquisition d’items rangés sous sept « compétences-clés », elle-mêmes conçues comme des combinaisons « de connaissances, d’aptitudes et d’attitudes appropriées à une situation donnée ».

Une exigence des patrons européens

L’instauration du LPC, qui est la forme choisie par le gouvernement pour mettre en oeuvre le programme éducatif de l’OCDE à la demande de l’Union européenne, répond donc en réalité aux seules exigences du patronat : ce qui est en ligne de mire, c’est tout simplement la suppression des grilles de qualification des conventions collectives. Cette mesure est ainsi liée au remodelage néolibéral du Code du travail. Il instaure en effet un Passeport d’orientation et de formation pour les travailleurs, lequel a le même contenu que le LPC et ne fait donc que le prolonger : cette loi prévoit d’ailleurs que lors de son entrée dans la vie active, l’élève puisse, « s’il le souhaite, intégrer les éléments du livret de compétences au Passeport orientation et formation prévu à l’article L. 6125-2 du Code du travail ». L’employeur pourra de la sorte tout savoir sur ceux qu’il souhaite embaucher et pourra ainsi les sélectionner en connaissance de cause, comme il achète des produits ou des machines.

Différencier « évaluation par compétence » et « pédagogie par compétence ». À SUD éducation, il nous paraît fondamental de différencier la pédagogie par compétence et l’évaluation par compétence, donc de la mise en place du LPC.
Or, l’institution prend pour beaucoup en compte les compétences seulement sous l’angle de l’évaluation.
Pour nous, les compétences sont surtout à prendre sous l’angle de la pédagogie, en ne relayant pas les savoirs au rang d’outil mais en les réaffirmant comme une des composantes essentielles de l’école. La question de l’utilisation et du réinvestissement des savoirs dans la résolution de tâches complexes est bien sûr un des objectifs de l’enseignement.

Toutes les compétences ne peuvent pas être évaluées

L’éducation doit s’impliquer d’avantage dans la formation du futur citoyen. Mais l’école ne peut évaluer des compétences qui n’auraient pas été ni travaillées tout au long de l’année. Les compétences « sociales et civiques », celles de « communication » ou « d’autonomie et d’initiative » sont sûrement plus développées quand on est issu d’un milieu social favorisé. Les évaluer sans un travail préalable donnerait un poids inacceptable à l’origine sociale des élèves : ce n’est pas ça l’école de la République !
Par contre, l’ensemble des compétences concernant l’autonomie et l’initiative doivent faire partie intégrante des objectifs pédagogiques de l’école ainsi que des divers enseignements.

Nous avons besoin de temps

Cette nouvelle organisation ne pourra se faire sans que soit intégré un temps de concertation, de régulation, d’analyse de pratiques. Ce temps de réunion doit évidemment être pris sur le temps de travail des enseignants.
Ceci passe donc par une diminution du temps devant élèves et intégration d’un temps de concertation (à l’image de l’organisation du temps de travail des Professeurs des Écoles travaillant en EGPA).
En outre, comme toutes les innovations pédagogiques de ces dernières années, la mise en place du LPC ne se substitue pas, mais s’ajoute à un dispositif préexistant, qui reste le support de l’information aux parents à celui de l’évaluation et de l’appréciation du travail des élèves, qui comprend déjà la notation et l’annotation des copies, les bulletins trimestriels et le livret scolaire. Il constitue donc une surcharge de travail superfétatoire pour les enseignants.

Un outil de fichage

Le LPC, devenu subrepticement une application numérique depuis janvier 2010, n’est donc pas un outil pédagogique. Les données personnelles qu’il contient à et qui relèvent purement et simplement du fichage à sont exportables sur n’importe quel fichier de n’importe quel service : la mobilisation des parents et des enseignants avait permis que les compétences soient retirées des données enregistrées sur Base-Élève, elles reviennent par la fenêtre, grâce au LPC ! Sa mise en place est donc inadmissible, parce qu’elle poursuit des objectifs qui sont absolument étrangers à notre conception de l’enseignement et de l’École publique.

Sud éducation ne rejette pas une pédagogie basée sur un travail par compétences. Mais,
 parce que l’instauration du Livret personnel de compétences poursuit des objectifs de fichages multiples qui ne sont nullement conformes à la vocation de l’école publique ;
 parce qu’elle est non seulement inutile, mais préjudiciable au travail pédagogique des enseignants et à l’instruction des élèves ;
 parce qu’elle constitue pour les personnels une surcharge de travail supplémentaire, qu’il n’est pas même prévu de rémunérer ;
 parce que l’absurdité de nombreux items du LPC en rend la validation impossible,

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