Les enseignants, questionnements sur la perte de légitimité et d’autonomie dans leur activité professionnelle

vendredi 8 juin 2012

Dans le cadre de la préparation d’un colloque universitaire et syndical
(les 25 et 26 octobre 2012) intitulé “ La place des rapports
hiérarchiques dans la souffrance au travail, l’exemple du secteur
public”, SUD éducation 29 a proposé une communication suite
au travail que nous avons engagé sur la question depuis 2 ans.
Nous la publions ici.

Proposition de communication de SUD Education 29 / Groupe de réflexion
- Olivier Cuzon, Sylvie Horellou, Denise Le Gac, Solenn Le Goues,
Danièle Leyer, Sébastien Ménès, Michel Boury, Emmanuelle
Abiven, Catherine Le Page, Michèle Le Roux – enseignants adhérents
SUD éducation 29
 Cyril Labous – psychologue CHU de Brest
 Nicole Roux – MCF sociologue – UBO-ARS EA 3149 Atelier de
recherche sociologique

D’un stage de formation...

En janvier 2011, SUD Education 29 a initié deux journées de formations
intitulées : « Souffrance, stress, pression, hiérarchie…
nos conditions de travail en question », animées et coordonnées
par Cyril Labous, psychologue au CHU de Brest. Au total environ
une cinquantaine de personnes ont suivi ces journées qui ont
donné lieu a une synthèse analytique qui a permis, à partir des
témoignages et des différentes interventions, d’identifier cinq facteurs
de stress : les difficultés intrinsèques à la fonction, la polyvalence
ou dilution des missions, le poids du contrôle et de l’évaluation
directe et indirecte, l’attaque de l’identité ou la remise en
question identitaire, la rapide mutation de l’établissement scolaire
en nouvelle culture d’entreprise.

...à une enquête sociologique....

En septembre 2011, forte de cette expérience, l’équipe a considéré
qu’il serait pertinent de mener une enquête sociologique de
plus grande ampleur permettant de quantifier ce qui relève de tel
ou tel mal-être, de hiérarchiser les différents facteurs isolés, de se
doter d’un outil pour interpeler les hiérarchies, les institutions sur
la réalité actuelle des conditions de travail.

Dès la première rencontre, avec une sociologue adhérente, le
groupe prend la mesure du travail que représente une telle démarche,
de la nécessité de rigueur et de méthode pour produire des
résultats sérieux, indiscutables et scientifiquement valides. Un atelier
de co-production de savoir se met alors en place où se partagent
entre tous : les acquis de la formation précédente des uns,
les expériences et la connaissance du terrain des autres et un
savoir-faire méthodologique. Les deux premières rencontres en
atelier nous ont permis de choisir les différents thèmes ou les différentes
dimensions que nous voulions retenir pour l’enquête, de
réfléchir à l’échantillon pour finalement cibler une population de
l’éducation nationale, les enseignants, et de réfléchir sur les variables/
questions dont nous avions besoin pour élaborer un premier
questionnaire test. Ce dernier est passé courant décembre auprès
d’une trentaine d’enseignants. Sur la base de ce test nous avons
élaboré courant janvier 2012 un questionnaire final. Et nous mettons
en place une stratégie de passation, afin de neutraliser certains
biais, et de relance avec pour objectif initial un retour de 300
questionnaires. Les problèmes techniques et méthodologiques de
la saisie et du traitement des données sont également cadrés à ce
moment-là.

... pour ouvrir sur un colloque.

La communication proposée pour ce colloque va rendre compte
d’une partie des résultats de cette enquête passée dans le département
du Finistère avec presque 280 répondants. Fin mars 2012,
nous avons pu effectuer une première série de traitements des
données sur une partie de l’échantillon déjà saisi (n=186, la saisie
et les traitements vont se poursuivre en mai et juin). Sur l’ensemble
des variables produites (environ 80), nous avons convenu de
traiter en priorité celles permettant de répondre à la demande thématique
de ce colloque sur la place des rapports hiérarchiques et
nous sommes en mesure d’apporter des éléments de constats et
d’analyses sur l’axe 2, les dispositifs d’évaluation. Nous verrons
qu’en plus de l’évaluation formelle, il existe nombre d’évaluations
informelles voire d’auto-évaluations/appréciations qui se construisent
dans les rapports sociaux que les enseignants entretiennent
avec leur collègues, les parents et les enfants eux-mêmes.

Cette enquête permet également d’apporter des éléments de
réflexion sur l’effet de nouvelles tâches affectées aux enseignants,
des nouvelles mesures à appliquer et vécues comme des injonctions
en contradiction avec ce qui constitue à leur avis le coeur de
leur métier. Ainsi, les dimensions de la qualité du travail (axe 1) et
les formes d’adhésion au travail (axe3) sont également prises en
compte pour cerner où en sont les personnes ayant répondu sur le
sens qu’elles donnent ou trouvent encore à leur travail.

Les variables caractérisant la population vont nous permettre
d’observer si, pour nos répondants, il y a une variation dans le rapport
à la hiérarchie selon l’âge, le sexe, le statut d’emploi, le type
de poste occupé, l’ancienneté, le type d’établissement. Si, l’identité
liée au travail se trouve affectée et quels sont les facteurs qui
paraissent les plus déterminants pour expliquer et comprendre de
nouvelles formes de mal-être voire de souffrance au travail. Nous
tenterons de mesurer ces derniers aspects à travers les effets que le
rapport au travail peut avoir sur la santé et qui s’exprime à travers
des troubles du sommeil, la prise de médicaments, des arrêts de
travail, des temps de repos en journée et/ou hebdomadaire sacrifiés…
En fait, en passant ce questionnaire nous voulions aussi savoir
quelle pouvait être la proportion de ceux qui, malgré tout, se disent
encore heureux et fiers de faire ce métier !

Bibliographie

 Grimault Marie-Bernadetteet al., « Quand les services rendent serviles
 », Projet, 2011/4 n° 323, p. 32-34
 Livian Yves Frédéric, « Les organisations productrices d’incompétence
 », Revue internationale de Psychosociologie Vol. XVI,
2010/39, p. 189-204
 Piotet Françoise, « Le piège de la souffrance au travail », Projet n°
323, 2011/4, p. 23-31
 Pouch Thierry, « Vers le meilleur des mondes possibles ou les promesses
du capitalisme cognitif », L’Homme et la société, 2004/2
n° 152-153, p. 151-162
 Zarifian Philippe, « Travail, modulation et puissance d’action »,
L’Homme et la société, 2004/2 n° 152-153, p. 201-227


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