“Emploi d’avenir Professeur" une réponse libérale inadaptée aux besoins

vendredi 7 septembre 2012

Partie intégrante des 150000
contrats aidés précaires lancés
sous le nom d’Emploi d’Avenir
par le candidat Hollande, qui euxmêmes
trouvent leur place au sein
des Contrats Uniques d’Insertion
déjà existants (CUI), les Emplois
d’Avenir Professeur vont être
créés au rythme de 6000 par an
de 2012 à 2014 (18000 au total
annoncés).

Le gouvernement présente ce
dispositif comme un pré-recrutement
de professeurs donnant la
priorité à des étudiants d’au
moins 25 ans qui s’engagent à
poursuivre leurs études et à se
présenter à un concours de recrutement
des enseignants. Ceux-ci
viendront des " zones urbaines
sensibles " ou de l’éducation prioritaire,
et étudient dans des académies
ou des disciplines en déficit
de candidats aux concours.

Pour eux, l’entrée dans le dispositif
passera par un contrat d’un an
au niveau licence 2ème année
(L2) renouvelable jusqu’à 3 ans
(jusqu’au niveau master 1ère
année M1). Ils seront recrutés
localement par un chef d’établissement
EPLE (Etablissement
Publics Locaux d’Enseignement)
pour effectuer des heures de travail
allant d’activités périscolaires
(L2) à l’enseignement en école,
collège ou lycée (M1) à temps
partiel avec une flexibilité possible
sur les horaires. Les étudiants
concernés seront des boursiers
qui cumuleront bourse sur critères
sociaux, bourse de service
public annoncée pour 2013 et
rémunération des heures EAP
(Emploi d’Avenir Prof’) à un niveau
mensuel de l’ordre de 900 euros.

Enrayer la crise du recrutement ?

Avec EAP, il est clair que le pouvoir
a donné la priorité à l’austérité
budgétaire, en y affectant une
part des crédits destinés à la création
d’emplois aidés. L’Etat peut
donc rémunérer chaque étudiantemployé
bien en dessous du
SMIC, au lieu de réfléchir à un
vrai projet attractif d’entrée dans
la profession. Une partie des étudiants
à la vocation enseignante,
d’origine modeste, devra se
contenter d’environ 900 euros
par mois pour financer trois
années d’études en échange
d’une activité pour l’Education
Nationale annoncée autour de 12
heures hebdomadaires par l’administration
au CSE du 24 août
dernier !

La non-prise en compte des besoins étudiants

Les " bénéficiaires " des EAP
devront donc consacrer un bon
nombre d’heures au quotidien à
leur emploi au détriment de leurs
études, sans parler de la flexibilité
horaire génératrice de stress et
d’instabilité que révèlent inlassablement
les enquêtes sur le travail
salarié des étudiants. En outre,
rien n’est conçu pour les autres
concours de la fonction publique.
Et tout en privant de ressources
les autres étudiants d’origine
modeste, le gouvernement
astreint les futurs enseignants à
un choix d’orientation professionnelle
très précoce dès la deuxième
année. L’espace des trajectoires
possibles dans les études supérieures
se réduit très vite pour
ceux-ci.

Enfin, limiter ces Emplois
d’Avenir à trois ans laisse sceptique
quand on sait que la masterisation
allonge la durée des études
à au moins cinq ans. Que
deviendront les étudiants de M2
après leur EAP ? les redoublants
L2, L3 ou M1 ? L’Etat leur réserve-
t-il des stages rémunérés pour
subsister ? On ne peut que déplorer
ce renoncement à des droits
aux études supérieures au profit
d’une orientation libérale de "
donnant-donnant " qui éloignera
les " winners " des " losers " dans
la compétition pour l’accès à
l’emploi.

Masterisation et casse du service public

En dépit des critiques fusant de
toutes parts, le ministre a privilégié
la reconduction de la mastérisation
en réduisant à peine le
temps de présence devant élèves
des stagiaires 2012-2013. Il est
clair qu’EAP n’est pas taillé pour
améliorer leur condition ; On
peut même remarquer qu’il complète
le démantèlement des statuts
du service public puisqu’on
confiera l’embauche des étudiants-
employés à un chef d’établissement,
sur un contrat CAECUI
(Contrat d’Avenir-Contrat
Unique d’Insertion) de droit privé
qui plus est.

Certes, on ne peut nier que le
dispositif est en progrès par rapport
à l’existant, et il ne manquera
pas de candidats dans la situation
actuelle de chômage de
masse et de pauvreté étudiante.
On les comprend facilement.
Mais pour SUD-Education, il est
très loin d’être à la hauteur de
l’urgence et des besoins à terme
en matière d’études, d’emploi et
d’éducation. La question de l’autonomie
de l’ensemble de la jeunesse
en formation ou privée
d’emploi n’est absolument pas
traitée tandis que les raisons durables
de la baisse du nombre de
candidats aux concours d’enseignement
restent intactes.
Dégradation des conditions de
travail, mise en concurrence des
établissements et des personnels,
baisse du niveau de vie, pressions
hiérarchiques et bruit de fond
anti-profs historiquement construit
d’Allègre 1997 à Sarkozy
2012, la rupture avec les logiques
libérales n’est visiblement pas prévue
à l’ordre du jour de l’actuel
gouvernement.

Elle dépend encore et toujours de
nos mobilisations, nous appelons
à les construire.


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