Refonte des rythmes scolaires : La colère gronde dans les écoles…

jeudi 17 janvier 2013

Les attentes des enseignants étaient grandes après les
élections présidentielles et législatives. Après 5 années
d’un sarkozysme ravageur qui a laissé l’école de la république
exsangue, tous espéraient que cette refondation
annoncée serait LA réforme, celle qui changerait l’école
enfin, qui la sortirait de l’ornière libérale pour en faire
une école moderne, renouant avec les sources de l’école
du peuple pour tous, des pédagogies émancipatrices
et les aspirations du 21ème siècle. Au fil des déclarations,
des concertations, les enseignants ont vite compris
qu’ils allaient être exclus encore une fois de toute
participation à l’évolution de leur métier. La refondation
n’est plus qu’un vague replâtrage, l’idéologie de
la performance et du chiffre va continuer à sévir, l’élève
n’est toujours pas au centre du système.

Où était l’urgence ?

Pourquoi cette urgence à se précipiter sur le changement
des rythmes scolaires ? N’y avait-il pas d’autres
urgences : revaloriser les carrières, changer les programmes,
assurer une formation initiale digne de ce
nom… les chantiers essentiels ne manquaient pas !

Les rythmes de l’enfant, un écran de fumée ?

Peillon nous a enfumé à grands coups de communication
médiatique et de concertations pipées : le lobby
du tourisme garde la main sur le rythme scolaire
annuel. Restent la semaine et la journée. La montagne
a accouché d’une souris : un retour à la semaine
de 4 jours et demi et 24 heures de classe, plus 4 heures
d’APC, dont PEUVENT bénéficier les élèves. C’est
ça l’allègement de la journée de l’élève dont Peillon se
faisait le Chevalier Blanc ? Le Conseil Supérieur de
l’Education a rejeté ce texte bidon, aucune organisation
des représentants des personnels n’ayant voulu la
voter ! Sud Education a voté contre.

Le décret enseignant

Après le décret sur le temps de l’élève, celui du temps de
l’enseignant…
Avant Peillon : 27 h hebdomadaires, dont 24h en classe,
2 heures d’Aide personnalisée et 1 h de concertation
(ces heures hors temps de classe constituant les fameuses
108h : 60 heures d’aide personnalisé, 6 heures de
conseil d’école, 18 heures d’animations pédagogiques et
24 heures de conseils de maitres et de cycle).
Le projet Peillon va révolutionner tout cela ! Jugez
vous-même : 27 heures hebdomadaires, dont 24 h en
classe, et les 108 heures réparties comme suit : 60 heures
pour les Activités Pédagogiques Complémentaires
(36 avec les élèves pour « aide à la difficulté » et autres
+ 24 heures de concertation pour organiser les APC), 6
heures de conseil d’école, 18 heures d’animations pédagogiques
et 24 heures de conseils de maitres et de cycle.
Mis à part le fait que l’Aide Personnalisée est rebaptisée
APC, c’est un copié collé de l’existant !
Monsieur Peillon nous prend-il pour des imbéciles ?
Non seulement nous allons revenir travailler le mercredi
matin, mais en plus il nous ressort cette aide personnalisée
qui a montré en rien son efficacité !
Et quoi en contrepartie ? Nada, nichts, niente, nothing,
nitchevo, res, netra, rien… Pas un centime en plus, pas
une minute en moins !

Arnaque Peillonnesque Certifiée

Les APC sont la pire mesure de ce projet, véritable cheval
de Troie à toutes les dérives. Car non seulement ils
réintroduisent l’aide personnalisée au mépris de son
rejet massif par les enseignants. Ils permettent aussi au
Ministre de ne pas rétablir les postes de RASED. En
aucun cas la mesure « Un maître de plus que de classe
 » ne compensera la disparition de ces postes spécialisés.
De plus, ils introduisent un danger pour le statut des
enseignants, pour l’autonomie pédagogique des équipes
tout en renforçant le poids de la hiérarchie.

Que prévoit le décret « élève » ? 4 heures d’APC hebdomadaires,
dont une assurée par les enseignants, le
reste (3 heures) restant à la charge des collectivités territoriales,
qui recevront 250 millions d’euros pour les
mettre en place. Ces activités se feront sans doute sur
des pauses méridiennes rallongées, comme beaucoup
de mairies le réclame (comme à Brest). Mais quels
contenus, quels acteurs, pour quel public ? Mystère et
boule de pâte à fixer. Le décret enseignant est plus précis.
L’heure dévolue aux enseignants va ressembler
comme une goutte d’eau à l’aide personnalisée ! « des
activités pédagogiques complémentaires organisées dans la
cadre du projet d’école, par groupes restreints d’élèves, pour
l’aide aux élèves rencontrant des difficultés dans leurs
apprentissages, pour une aide au travail personnel ou pour
une activité prévue par le projet d’école, le cas échéant en
lien avec le projet éducatif territorial. » Restent les 24 heures
de concertation liées aux APC… C’est là qu’y a un
flou, donc un danger. « …un temps de travail consacré à
l’identification des besoins des élèves, à l’organisation des
activités pédagogiques complémentaires et à leur articulation
avec les autres moyens mis en oeuvre dans le cadre du
projet d’école pour aider les élèves, notamment au titre de
la scolarisation des enfants de moins de trois ans, de l’activité
des maîtres supplémentaires affectés dans l’école et de
l’amélioration de la fluidité des parcours entre les cycles. »
qu’ès aquò ? Tout et n’importe quoi ! Certes nous
sommes demandeurs de plus de concertation pour un
meilleur travail en équipe, mais pas dans ce cadre !

La place grandissante des Collectivités Territoriales

Doit-on comprendre que les enseignants vont travailler
en concertation avec les personnels associatifs et territoriaux
 ? Voire assurer une partie des APC sur rémunération
municipale ? Est-ce une amorce de « territorialisation
 » des personnels dans l’optique du prochain projet
de décentralisation ? Autant de questions que le flou et
l’ambiguïté du texte laissent entrevoir !
D’autant que la partie décisionnelle pour le choix des
rythmes échappe aux Conseils d’Ecole : les
Collectivités Territoriales seules décident en
relation directe avec la hiérarchie de
l’Education Nationale, et elles sont à l’initiative
des Projets Educatifs territoriaux qui définiront
les temps et les contenus des APC. La démocratie
scolaire se trouve du coup déséquilibrée
au profit des Collectivités Territoriales.

L’ombre du rapport Forestier

Ce rapport parlementaire sur les rythmes scolaires
commandité par Sarkozy propose de sortir
du champ des enseignements en classe (nos
24h de cours) une partie des discipline pour les
confier à d’autres intervenants hors temps de
classe. Cela ressemble furieusement aux APC !
D’autant que nombre d’expérimentations
encensées par Peillon sont basées sur ces préconisations.
Ainsi les enseignants du premier
degré perdraient les enseignements physiques
et artistiques (EPS, Arts Plastiques et
Musique). Et puis après ? Va-t-on nous cantonner
à « enseigner » le socle commun, à
Lire Ecrire Compter, avec quelques rudiments
d’Histoire, Géographie,… ?
Le poids de la hiérarchie est toujours plus écrasant. A
tous les projets existants vont se rajouter les PET et les
APC (il faudra fournir la liste des élèves qui en « bénéficieront
 » !) : c’est toujours plus de pression hiérarchique,
administrative et bureaucratique. Ça suffit !

Construire le front du refus

Le sentiment que cette « refondation » se fait contre
les enseignants est largement partagé ! Mais quelle
refondation ? Qu’est-ce qui est mis derrière ce mot ?
La même chose que « réforme » dans la bouche de
Sarkozy ?

 Nous devons refuser toute participation
aux APC : qu’elles restent dans le
champ exclusif de Collectivités
Territoriales. Nous demandons l’abandon
pur et simple des 36 heures d’APC
enseignants.

 Nous voulons une vraie refondation !
Nous ne voulons pas être encore une fois
les oubliés : oubliés de la réduction du
temps de travail, oubliés de la revalorisation
des carrières, oubliés de la concertation.

 Nous demandons que les personnels
soient ENFIN consultés.


Agenda

Array

<<

2021

>>

<<

Novembre

>>

Aujourd’hui

LuMaMeJeVeSaDi
1234567
891011121314
15161718192021
22232425262728
293012345
Aucun évènement à venir les 6 prochains mois