Décharge, BMP, TZR : le blues

dimanche 10 février 2013

Les élèves et les parents ne connaissent souvent
pas leurs noms. Et c’est parfois le cas de
certains de leurs collègues. Le plus souvent,
on les désigne sous le triste nom de “décharges”
dans le 1er degré ou de "BMP" dans le
2nd.

Dans le primaire, ce sont des collègues qui
viennent compléter les temps partiels des
titulaires et assurer la classe des collègues
déchargé-e-s de direction ou autres. Dans le
secondaire, ce sont les collègues qui assurent
les compléments de service, les heures
non-affectées. Des collègues qui, pour la
plupart, n’ont pas choisi de courir d’école en
école, de classe en classe. Parce qu’ils/elles
sont jeunes, débutant-e-s ou avec peu d’ancienneté
 ; parce que les vagues de fermetures
de classes des dernières années leur ont
bouché la possibilité d’être titulaire de leur
poste à temps plein.

Des situations inhumaines

Leur emploi du temps hebdomadaire ressemble
à un rallye. Dans le primaire, les plus
chanceux ont leurs services regroupés sur
une seule école, mais plusieurs classes.
D’autres sur deux écoles. Les moins chanceux
visitent 3 ou 4 écoles dans la semaine,
changeant parfois d’école pendant la pause
repas. Dans le secondaire, les plus chanceux
sont affectés à l’année sur 1 ou 2 établissements.
Les moins chanceux doivent se rendre
3 fois par semaine dans un établissement
pour assurer 3 heures de cours, assurent
leurs cours dans des collèges ou lycées
distants de plusieurs dizaines de kilomètres,
sont affectés hors-zone.Ils voient parfois
plus de cent élèves dans le 1er degré, cinq
cents dans le 2nd degré, entre le lundi et le
vendredi, jonglent de la petite section au
CM2, de la 6ème à la Terminale, voir au
post-bac. Et serrent les dents en attendant
un poste meilleur. L’administration les maltraite,
les utilisent comme bouche-trou. Des
situations inhumaines apparaissent parfois,
de jeunes mamans nommées sur 3 écoles à
une heure de route de leur domicile. De collègues
qui ont à peine le temps de manger,
d’aller aux toilettes. Sans parler de faire un
rapide passage par la salle des maitres/des
profs.

L’administration maltraite ses personnels.

Elle le sait, elle le déplore, mais elle le fait,
consciencieusement, avec fatalisme et cynisme.
Oh ! Elle indemnise l’administration !
Au kilomètre près ! A condition de bien
vouloir se battre avec le logiciel Ulysse… En
plus de son temps de route, de classe, de
préparation, de correction et au détriment
de sa vie personnelle… Mais l’administration
n’est pas seule responsable du mal-être
de nos collègues. Au remplaçant, à la
“décharge”, on laisse tout ce qu’on n’aime
pas faire, au "BMP" les classes dont personne
ne veut. En primaire, on la laisse face à
des pré-ados agités pour deux heures hebdomadaires
d’anglais où les élèves vont
“lâcher la vapeur”, au détriment des nerfs de
l’enseignant-e de passage. On lui colle des
corvées de maternelle relevant plus du travail
d’ATSEM que celui de l’enseignement.
On méprise un peu ce “petit personnel”,
cet-te enseignant-e “roue de secours”. On
oublie de la prévenir qu’on va au cinéma. A
quoi bon retenir son nom, son visage ? Lui
dire bonjour ou au revoir ? Savoir qui il /elle
est ? Et surtout détourner les yeux pour ne
pas voir quand ça ne va plus, quand les nerfs
craquent. Bien sûr ce ne sont pas des comportements
généraux ; bien sûr ce sont des
situations extrêmes… Mais combien, qui
encaissent en silence, sans rien dire, ces petites
humiliations quotidiennes ? Est-ce normal
de considérer un-e autre enseignant-e
comme un inférieur ?

Nous avons tou-te-s la même
qualification

Nous exerçons toutes et tous ce métier
parce que nous l’avons choisi. Nous méritons
toutes et tous la même considération et
de l’administration, et de nos collègues, et
des élèves et des familles. Que nous soyons
femme ou homme, ancien –ne-s ou débutant-
e-s. En ces temps d’individualisme forcené,
il parait incroyable que de telles situations
existent dans certaines écoles.
Où sont nos valeurs ? Où sont le
respect et la solidarité ? Comment
peut-on espérer être forts face à l’administration
si nous ne sommes pas
solidaires ?


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