Rythmes scolaires : pourquoi SUD éducation s’oppose à la réforme Peillon

vendredi 5 avril 2013

Son premier chantier fut la refonte des rythmes scolaires, sujet
consensuel, tant la semaine de 4 jours de Darcos faisait l’unanimité
contre elle. Deux heures de classe en moins, aide personnalisée imposée
brutalement avant ou après la classe, journées trop lourdes… dans
le seul but de faire des économies sur le dos des enseignants et des
élèves !

Espoirs de changement…

Les premières annonces du nouveau ministre semblaient encourageantes
 : étalement du temps scolaire sur la semaine et sur l’année.
Enfin, on allait se rapprocher des recommandations des fameux chrono-
biologistes, spécialistes auto-proclamés de l’emploi du temps scolaire
 ! Hélas ! Deux lobbies et l’austérité économique mirent vite fin
à nos belles attentes : les associations familiales imposèrent le "pas
d’enfants hors de l’école avant 16h30" et l’industrie du tourisme s’accrochait
désespérément au zonage des vacances scolaires. La rigueur
budgétaire fit le reste.

Tout serait discuté, assurait Peillon. Peu le fut, lors de concertations
estivales, peu médiatisées, où même le patronat eut la parole, sur des
thèmes balisés par le ministère. A-t-on consulté les personnels, premiers
intéressés ? Pas directement : les syndicats, qui les représentent,
discutèrent avec le ministre. Discussions étranges, où un certain syndicat
eut un discours pour le ministre et un discours pour sa base, où
un certain autre tenta de lier nouveaux rythmes et salaires. Mais la
base ? A ce jour, elle n’a toujours pas été consultée, abandonnée aux
annonces médiatiques formatées, aux replis conservateurs de certains
et à la valse hésitation du syndicat majoritaire !

… changements du désespoir

Ainsi, dès les premières mesures publiées (nous éviterons de parler de
toutes les annonces suivies de démenti, inutile de tirer sur l’ambulance
ministérielle), il a fallu déchanter. La réforme des rythmes scolaires
change si peu les choses qu’elle apparait même pour certains comme
une régression par rapport à la semaine de quatre jours, un comble !
Le temps de travail des enseignants passe de 24 heures de classe plus
2 heures d’aide personnalisée à 24 heures de classe plus une heure
d’activité pédagogique complémentaire (au contenu encore très
fumeux), étalées sur 4 jours et le mercredi matin (le samedi sur dérogation).
Les élèves restent dans l’école jusqu’à 16h30. Ils bénéficient
soit sur la pause du repas de midi soit après la classe d’activités péri
éducatives dispensées par des personnels territoriaux, à raison de 3
heures par semaine. Seul point positif : plus de concertation pour les
personnels (+24 heures/an).

Constats amers

Premier constat : le temps de présence des élèves à l’école reste le
même en amplitude, avec 45 minutes de classe en moins, soit 5 heures
et quart de classe, devoirs écrits compris (ils sont interdits). Nous
sommes encore au dessus du moins de 5 heures de classe prôné par
les médecins.

Second constat : l’organisation de la semaine reste marquée par une
irrégularité des rythmes (4 jours + une matinée) pour la plupart ;
voire des organisations complètement déséquilibrées pour les deux
grandes villes "bonnes élèves" (Brest et Paris) : deux journées "normales"
+ 2 journées raccourcies + 1 demi journée. On croit rêver ! Où
est la régularité conseillée par les chrono-biologistes ? Quels impacts
sur la vie des salariés, enseignants et personnels des écoles ? Les mairies
imposent leur tempo, leurs contraintes matérielles, les élèves et
les enseignants suivent (ou pas ?) !

Troisième constat : de nombreuses inquiétudes pèsent sur les activités
périscolaires. En effet, le cadre très flou et la grande liberté d’organisation
laissée aux mairies laissent apparaitre clairement que des
inégalités vont s’installer : inégalités territoriales (villes pauvres à
contenu minimaliste, villes riches avec beaucoup d’activités culturelles
et sportives variées) et financières, car les textes n’imposent pas la
gratuité pour ces activités ; rien n’empêche une municipalité de faire
payer ces activités, sélectionnant par l’argent, dans les locaux et sur le
temps de l’école publique, laïque et gratuite. Cela n’est pas acceptable.

Quel gain pour les élèves avec la réforme ?

La réforme du ministre n’a pour l’instant qu’un seul avantage : nous
débarrasser de l’odieuse semaine Darcos ! Et pour les enseignants ?
C’est sans aucun doute une dégradation de nos conditions de travail :
plus de transport, plus de temps passé dans l’école hors enseignement
(pause de midi rallongée), dont on doute que ce temps puisse
être bien utilisé pour les concertations ou le travail " invisible " de préparation
et corrections, puisque les locaux scolaires, et donc les classes,
seront occupés pour les activités péri éducatives !

C’est aux Collectivités Territoriales qu’ont été confiées la décision et
l’organisation ; mais les difficultés locales pour organiser les activités
péri éducatives sont telles que beaucoup de municipalités ont jeté l’éponge,
malgré les incitations financières. D’ores et déjà, on sait que
seulement 20 à 25% des élèves connaitront la nouvelle organisation
du temps scolaire dès la rentrée 2013. C’est un camouflet pour
Peillon, qui en souhaitait 50% !

Relancer le débat !

Mais ce n’est pas la fin du débat, nous pouvons encore peser pour
obtenir mieux ! C’est pourquoi nous appelons tous nos collègues et
tous les personnels concernés à se réunir, et pas seulement sur la journée
banalisée annoncée (quand ?) pour s’emparer de cette thématique
des rythmes scolaires et ne pas laisser les élus seuls décideurs de
leur emploi du temps pour 2013 ou 2014, mais d’être à leur tour une
force de proposition, de créer des projets de rythmes qui tiennent
compte des besoins des élèves, des conditions de travail et des spécificités
locales, pour que fleurissent partout des projets originaux, fruits
d’une joyeuse utopie et du pragmatisme légendaire de notre métier !
Mettons l’administration et les DASEN face à la refondation issue de
la base, pour que la refondation ne soit pas une simple boite de bricolage
envoyée de Paris dans les provinces, mais un véritable élan des
personnels pour changer l’école.

Inversons le rapport de propositions : de la base vers le sommet !


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