Une véritable refondation de l’école, c’est oui. Ce projet bricolé, c’est non !

vendredi 5 avril 2013

Oui, l’école doit être refondée, avec de nouvelles
finalités, de nouveaux contenus, de nouvelles pratiques,
de nouvelles organisations, de nouveaux
rapports humains, un nouveau climat. L’école doit
valoriser, optimiser, développer, renforcer, faire et
donner confiance, permettre, favoriser, plutôt que
sélectionner, exclure, réglementer, régimenter,
contrôler, sanctionner.

Pas de rupture avec les politiques d’avant

Il est difficile de comprendre que l’on continue
d’imposer la continuité des politiques précédentes,
même celles qui avaient été unanimement
condamnées, comme les programmes de 2008,
l’aide personnalisée, l’animation pédagogique
devenue formatage institutionnel en lieu et place
d’une réelle formation professionnelle continue,
l’évaluationite aigüe, avec les mêmes personnels
d’encadrements qui les ont appliqués avec parfois
un zèle enthousiaste. Il est également difficile de
comprendre que les enseignants dans les écoles
n’aient pas entendu parler de la refondation depuis
la rentrée et qu’aujourd’hui la hiérarchie demande
à ces mêmes enseignants d’en être les promoteurs,
alors qu’ils n’ont même pas été consultés !

Comment refonder l’école en ne changeant que la
durée de la journée scolaire, en laissant 45 minutes
pour des activités non scolaires, en ajoutant des
moyens, certes, mais en annonçant la suite, le reste,
l’essentiel sans doute, pour plus tard ? On se
moque des enseignants et de leurs attentes !

Entre conservatismes et austérité

Nous sommes dans une situation quasiment bloquée,
désespérante, entre conservatismes et austérité
budgétaire. Si la refondation parvient à être
mise en place, elle risque d’être si édulcorée, qu’elle
sera plus une réparation qu’une refondation, et
donc d’être très en deçà des rêves et des projets des
enseignants. Si elle échoue comme on peut le
craindre, il est plus que probable que notre école
sera condamnée et qu’elle ne parviendra jamais à
atteindre les objectifs que la Gauche, et au-delà, les
humanistes, les démocrates, avaient rêvés. L’école
plus démocratique, plus performante, plus généreuse,
plus humaine dans une société plus juste,
plus solidaire et plus moderne risque fort de n’être
qu’un rêve ou un mirage.

Si, de plus, la formation des enseignants se réduit à
la restauration de la formation telle qu’elle était
avant sa destruction, la priorité donnée aux contenus
disciplinaires classiques sous l’égide totalitaire
de l’université, l’impasse sur des savoirs aujourd’-
hui indispensables à tout enseignant de l’école
publique (pédagogie, psychologie, sociologie, histoire
de l’école et des disciplines scolaires, philosophie…),
la stagnation sur le problème jamais résolu
de l’articulation théorie/pratique feront que les
enseignants, comme c’est le cas avec les dernières
générations, n’entendront guère parler de Freinet,
des pédagogies actives, des mouvements pédagogiques,
de la place de l’élève dans le système, et ne
seront pas mobilisés pour participer à une hypothétique
refondation. Or, une refondation ne peut pas
se faire sans eux et encore moins contre eux.
Dans un contexte aussi inquiétant, et si aucune
décision forte n’est prise entre l’écriture de ce texte
et sa publication définitive, on peut s’interroger sur
les moyens de remettre le projet en chantier. Et sur
la volonté réelle du gouvernement…

Numérique et Territorialisation

On peut s’interroger aussi sur les deux grands axes
moteurs de cette refondation : numérique et territorialisation.
Seront-ils des leviers pour faire avancer
l’école, comme l’affirme le ministre ?

Pour le numérique, une condition au moins est
nécessaire : qu’il ne soit pas un simple outil à l’affichage
moderniste pour conforter et égayer les pratiques
traditionnelles, mais que l’on en exploite
toutes les potentialités : inverser le déroulement du
cours en partant des recherches des élèves, réduire
le temps d’enseignement collectif frontal en grand
groupe et développer les travaux en équipes, en ateliers,
valoriser les compétences des élèves, acquises
hors de l’école, favoriser l’accès aux savoirs en
ouvrant de nouvelles portes d’accès. Peut-on penser
que ces ambitions trouveront les moyens nécessaires
quand l’austérité budgétaire est maitresse de
tout ?

On le voit avec les rythmes scolaires, les
Collectivités Territoriales sont de plus en plus
impliquées par l’Etat dans l’organisation, la décision
et le financement de l’éducation. Est-ce un
bien ou au contraire la fin d’une Education
Nationale, d’enseignants fonctionnaires d’Etat ?
Etat jacobin ou état décentralisé ? Le sujet reste
entier, mêlant crainte des personnels pour leur statut
et espoir d’une politique plus souple, plus dynamique
et moins " mammouthienne " pour l’éducation.
Pour l’instant, la crainte majeure est celle d’un
état asphyxié par les contraintes budgétaires cherchant
à se défausser d’une partie de ses dépenses
sur les Collectivités Territoriales.

Deux leviers, sans doute, mais inertes en eux même
 : seule l’impulsion qui leur sera donnée déterminera
si Peillon se comporte en ministre loyal avec l’école
ou au contraire en apprenti sorcier du libéralisme.
Ce fatras de mesurettes taillées à l’aune de l’économie
n’est pas le changement ambitieux que l’école,
que la Nation méritent !


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