Réforme des rythmes scolaires : Quels rythmes pour quelle école ?

vendredi 17 mai 2013

Le temps scolaire, si important qu’il a été la première œuvre de
notre nouveau ministre, mérite-t-il ce débat tonitruant auquel
nous assistons, de l’Assemblée aux médias, jusque dans les
cours de récréation ? Car à y bien regarder, il ne s’agit que de
12% du temps de l’enfant… 41% pour le sommeil, 33% pour
les loisirs (dont 9% devant un écran…) et 14% pour les soins
(toilettes, repas,…) et transports. ET bien oui, cela vaut la peine,
car on ne peut décemment pas envisager de garder la semaine
de 4 jours Darcos et ses journées interminables et fatigantes.
Oui, il fallait alléger la journée de classe, mais aussi la semaine,
l’année… On se contentera pourtant d’une réformette, 45
minutes de classe en moins et une demi-journée en plus, qui
auront du mal à alléger ce temps scolaire, d’autant qu’on ne
tient aucun compte de l’âge des enfants.

C’est de régularité dont les enfants ont besoin

Ce qui caractérise les rythmes biologiques des enfants, c’est la
régularité, et en premier lieu celle de la veille et du sommeil. Ce
qui est bon pour les enfants, c’est un sommeil suffisant et des
horaires de coucher réguliers. Mais ça, ce n’est pas le temps scolaire
 ! Il est intéressant aussi de savoir à quel moment de la
journée (mais aussi de la semaine, de l’année) les enfants sont
les plus réceptifs aux apprentissages : le matin, entre 9h et
11h30 en CM, 9h30 et 10h30 en CP. Il y a, après le repas, une
baisse de la vigilance et de l’attention, qui demande un temps
calme de repos. Puis de nouveau un pic d’attention entre 14h
et 16h. Ensuite la température du corps augmente, rendant propices
les activités physiques. Les nouveaux rythmes tiennent-ils
compte de ces données ? Le matin, oui, mais pour le reste non.
C’est par exemple sur la pause méridienne que certaines communes
vont proposer des activités, quand les enfants ont besoin
de calme. Dans quel état arriveront-ils en classe ? Seront-ils
disponibles pour des apprentissages ? Evidemment non. Et cela
fragilisera encore plus les enfants en insécurité affective,
anxieux, en échec scolaire. Sans parler des rythmes bancals de
certaines mairies, alternants journée longue et journée courte !

Un contresens complet !

Pour arriver à adapter les rythmes scolaires à ceux des enfants, il
faudrait commencer par raccourcir les vacances d’été de deux
voire trois semaines, et rallonger les vacances d’hiver d’une
semaine. Repenser aussi le découpage de l’année : pourquoi
pas six périodes plus brèves, de six ou sept semaines, avec une à
deux semaines de repos entre chaque période, en fonction de la
saison. Et faire cesser le zonage, qui déséquilibre les rythmes et
casse la régularité aux seuls profits des industriels du tourisme.
En raccourcissant les vacances d’été, on diminue le temps scolaire
de la semaine. On peut envisager 5 journées de même longueur,
mais moins chargées, autour de 4h30 par jour. Il faut
aussi différencier en quantité le temps pour un enfant de maternelle
et un enfant en CM. Il faut que la pause méridienne soit
une réelle pause : moment calme, où on peut s’allonger, s’assoir,
écouter de la musique, s’assoupir, lire, bavarder, ne rien
faire… La classe finissant plus tôt, l’école peut passer ensuite le
relais aux associations, aux centres de loisirs, pour d’autres
moments éducatifs, dans un autre cadre, avec d’autres intervenants
et d’autres finalités. Mais laisser aussi aux enfants la simple
possibilité de… jouer !

Les rythmes scolaires ne peuvent pas être la panacée à l’échec scolaire.

Changer les horaires, le contenant scolaire, ne peut s’envisager
sans le changement des contenus, des programmes, qu’il faut
alléger aussi, repenser. Apprendre moins pour apprendre mieux.
Mais ça, Monsieur Peillon, il le fera plus tard, sans doute… On
en peut songer à l’organisation scolaire sans penser aux moyens
 : il faut plus d’enseignants et mieux formés. car il faut absolument
que le temps de classe des enseignants ne soit pas calqué
sur le temps de classe des élèves ! Des enseignants qui travaillent
moins, 18h en classe par exemple, mais qui travaillent
aussi différemment : en équipe, en doublette dans une classe,
en sortant ponctuellement un groupe d’élèves de la classe d’un
collègue pour une activité de soutien… Des enseignants qui ne
notent plus, qui ne font plus reposer sur les élèves la pression
de l’évaluation permanente, qui enseignent avec bienveillance
en encourageant, en stimulant, en aidant, en favorisant le travail
de groupe, la coopération, en développant la démocratie dans
les écoles, en donnant plus la parole à l’élève ; des enseignants
qui se réunissent pour échanger, partager, construire ensemble
des projets.

Repenser les lieux d’apprentissage

Les architectes, les décideurs se doivent d’associer les personnels,
voire les enfants, pour que les salles de classe, les écoles,
les cours de récréation, les lieux de vie (bibliothèque, salle à
manger, salle informatique, salle de repos,…) soient humainement
vivables, agréables, confortables, plutôt que de construire
des casernes pour enfants ! Nous voulons des rythmes
humains, qui tiennent compte de ceux qui les vivent, pour une
école qui fasse rêver nos élèves, une école de la réussite pour
tous et de l’émancipation. Mais Monsieur Peillon nous offre des
rythmes déjà vus, bricolés pour les adultes, qui font perdurer les
orientations libérales, aussi joyeux qu’une sirène d’usine ou une
marche funèbre… et il voudrait qu’on applaudisse ? Et bien
non, nous n’applaudissons pas ! Nous râlons et nous voulons
mieux ! Parce qu’il y a urgence.


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