Morale laïque - Peillon, ou le retour de Pif gadget

vendredi 17 mai 2013

Peillon s’enfonce, il n’en finit pas de creuser… Après les rythmes
scolaires imposés aux forceps, voilà la morale laïque ! A quand
l’uniforme ? Les méthodes de lecture syllabiques ? En désespérance
devant le flop retentissant de sa belle réforme décevante,
notre bon ministre essaie de "se refaire la cerise" avec la laïcité.
C’est consensuel comme un cliché de journaliste télé, ça plait à
tout le monde, alors "allez hop, on y va" ! A chaque mois, son
nouveau gadget, comme le célèbre journal !

Pauvre laïcité… Elle est assaisonnée à toutes les sauces, même par
l’UMP qui a essayé de la minorer en lui collant des adjectifs, jusqu’à
l’extrême-droite, qui s’en est servie pour masquer son islamophobie,
et dont on a pu voir dans les cortèges homophobes qu’elle
est très loin des valeurs laïques, mais très proche des intégristes.

L’enseignement de la morale laïque, le gadget par excellence

Comment peut-on être contre “la morale laïque”, à moins d’être
un intégriste médiéval ? Tout le monde applaudit ! Oui, mais…
Quand il va falloir la mettre en place, l’enseigner, vont se poser
deux questions cruciales : c’est quoi, exactement, la morale
laïque ? Comment ça s’enseigne ? Devant ces problèmes, Peillon
ruse : on verra en 2015 !

"La morale laïque c’est la morale des protestants, des juifs, des catholiques
et des musulmans" a affirmé Vincent Peillon. Et les athées,
mon bon monsieur ? Les bouddhistes ? Les taoïstes ? Les pastafariens
 ? Ils n’ont pas de morale ? La morale laïque de Peillon ne
serait pas antireligieuse et elle s’appuierait sur des valeurs admises
par tous. Dans le rapport, elle est définie comme " le socle des
valeurs communes" qui devrait ainsi comprendre "la dignité, la
liberté, l’égalité, la solidarité, la laïcité, l’esprit de justice, le respect et
l’absence de toutes formes de discrimination. Ces valeurs sont celles de
l’humanisme moderne. Ce sont aussi les valeurs constitutionnelles de la
République française, inscrites dans la Déclaration des droits de l’homme
et du citoyen de 1789 et dans le préambule de la Constitution de
1946 auquel renvoie notre actuelle Constitution. C’est autour de ces
valeurs que doit se structurer l’enseignement de la morale".

Quel partage de ces valeurs dites communes ?

A l’heure où les intégristes de tous poils, la droite et l’extrêmedroite
manifestent pour empêcher une partie des citoyens d’accéder
à l’égalité des droits, on peut légitimement s’interroger sur
le partage des valeurs citées. Que dire de la société du spectacle,
de l’industrie sportive et de l’entreprise qui valorisent l’individualisme,
le profit et la compétition entre les citoyens ? Certes, nous,
syndicalistes et militants associatifs, nous nous retrouvons dans
les valeurs laïques énoncées par Peillon et nous les assumons
pleinement, nous les enseignons même déjà à nos élèves. Mais
quel poids peuvent avoir ces valeurs hors de l’école dans une
société capitaliste, si elles sont bafouées partout, y compris au
plus haut sommet de l’Etat, y compris par ceux qui sont mandatés
pour les incarner et les faire respecter ?

“La” bonne réponse pour avoir “la” bonne note

Peillon prône un enseignement basé sur les méthodes actives : il
faut bannir les sentences pompeuses écrites au tableau et apprises
par coeur à la mode Darcos, méthode catastrophique pour les
apprentissages, qui continue hélas de sévir, puisque les programmes
Darcos sont toujours en vigueur ! En revanche, il faut privilégier
la discussion, l’exemplarité, les échanges, l’argumentation…
Très bien ! L’idée est plaisante. Mais… Cet enseignement
sera é-va-lué ! Car enfin on le sait bien, ma bonne dame, ce qui
n’est pas noté n’est pas sérieux ! Nous aurons donc des élèves
qui, plutôt que de réfléchir par eux-mêmes, d’argumenter, de
construire en commun une morale laïque, vont chercher à trouver
"la" bonne réponse à la question posée pour avoir "la" bonne
note, et pour mieux tout oublier sitôt la porte franchie… Chassez le
Darcos, il revient au galop ! Voilà une belle idée, au final gâtée par la
course à la bonne note, quasiment un contresens au but annoncé.

Et si la priorité était de lutter contre l’échec scolaire ?

Quand donc notre ministre cessera-t-il de venir dans les
medias annoncer des gadgets dont les enseignants, les
élèves, les familles n’ont pas vraiment besoin ? Quand se
mettra-t-il enfin au travail sur ce qui préoccupe vraiment
le monde de l’école : la refonte et l’allègement des programmes,
la restauration d’une vraie formation, la création
de postes en nombre suffisant pour réduire le nombre
d’élèves par classe, le recrutement d’enseignants
spécialisés formés pour redonner vie aux RASED et lutter
efficacement contre l’échec scolaire, le recrutement
de remplaçants, d’AVS formés et non précaires, une
vraie réforme du collège et du lycée, qui n’abandonne
pas les filières techniques et professionnelles aux mains
des régions et du patronat. Tous ces chantiers et tant
d’autres, Peillon les reporte à demain, après-demain ou
les enterre.

Monsieur Peillon, la laïcité n’est pas un gadget : elle a
besoin d’être restaurée en plus haut lieu en abrogeant
par exemple les lois Debré et toutes celles qui permettent
en l’enseignement confessionnel de vivre avec l’argent
public !


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