Tu seras patron, mon fils !

vendredi 17 mai 2013

En 2006, le MEDEF, par la voix de la ministre Lagarde, lançait une brochure vantant les bienfaits de la mondialisation, à destination des élèves du primaire et du secondaire. La doctrine libérale s’y exprimait ouvertement, dans les écoles laïques, aux frais de la République. Un véritable endoctrinement !

Le PS, porte-voix du MEDEF

Surprise : le gouvernement socialiste reprend une idée similaire, et François Hollande annonce, pour la rentrée prochaine, un programme sur l’entreprenariat de la sixième à la terminale : "Notre premier devoir, c’est de stimuler l’esprit d’entreprise dans notre pays. C’est d’abord le rôle de l’école". Les commentaires de joie du patronat frisent l’orgasme : "Avec cette initiative, l’entreprise, l’esprit d’entreprise et les entrepreneurs entrent enfin dans les écoles", s’exclame Patrick Hayat, patron, à un journaliste de La Tribune. Plus fort encore ! A la question “Qui va dispenser cet enseignement”, il répond : "Les chefs d’entreprises,
essentiellement. Toutefois, toutes les bonnes volontés sont les bienvenues. Beaucoup de professeurs sont intéressés. Sur la base du volontariat, tous les enseignants peuvent participer à cette initiative". Il prévoit “les premières initiatives dès la rentrée 2013, et des programmes pour la rentrée 2014” !

François Hollande, c’est l’homme qui a décidé de commencer son mandat de président de la
République en rendant hommage à Jules Ferry. Lequel disait : "Dans une société démocratique, surtout, il est de la plus haute importance de ne pas livrer les études aux entreprises de l’industrialisme, aux caprices des intérêts à courte vue, aux courants impétueux et contradictoires d’un monde affairé, positif, tout aux soucis de l’heure présente" (Discours de Jules Ferry à la distribution des prix du concours général, le 4 août
1879). Ou bien notre président a confondu avec un autre Ferry, ou bien il ignore tout de sa pensée, pour commettre un tel contresens. Cette nouvelle allégeance au patronat ne laisse rien présager de bon pour les futurs programmes et l’avenir de l’école. Des programmes que l’on annonçait "allégés" mais dont le millefeuille s’est déjà enrichi de la "morale laïque" ! Ce nouveau "programme" est directement inspiré des travaux de l’institut de l’entreprise (IDE), émanation du Medef, qui avait déjà essayé de s’attaquer aux programmes de SES lors de la réforme du lycée !

Agonie de la Refondation

C’est un nouveau coup de couteau à la Refondation qui n’en finit plus de
se dégonfler : Peillon avait annoncé la création d’un Conseil Supérieur des
Programmes indépendant. On peut d’ores et déjà s’interroger sur cette
indépendance, quand les ministres annoncent de nouveaux enseignements
chaque semaine, ignorant la représentation démocratique qui discute
la loi de Refondation, par effet d’aubaine et sans cohérence, en fonction
de l’actualité ou de la flexibilité de son échine devant le patronat. Les mêmes
ministres qui refusent toujours de supprimer les abominables programmes
réactionnaires de 2008, rédigés par Brighelli, déclinologue à succès, médaillé
par Darcos pour les avoir commis.

Mais contrairement à la morale laïque, la culture entrepreneuriale n’est pas une nouveauté : elle existe en fait depuis la loi Fillon de 2006, dite du Socle Commun, elle-même inspirée d’une directive du Conseil de l’Europe de 2005. Les huit compétences clés européennes sont alors devenues les sept piliers du socle français : une compétence avait alors disparu ("apprendre à apprendre", ce n’est pas innocent !) et une avait changé de nom. Le pilier "Autonomie et initiative" dans le socle français s’appelait à l’origine…
"Esprit d’entreprendre" ! Ce que ni Fillon ni Sarkozy n’avaient osé, Hollande le fait ! L’Europe
libérale, insidieusement, dévore l’école de la République !

Le changement, vite !

Le rôle de l’École est de construire des connaissances et des compétences utiles pour être un citoyen actif et critique dans la société d’aujourd’hui. Or aimer l’entreprise n’est ni un savoir ni une compétence ! Aimer relève de l’affectif, qui ne demande pas de réflexion et d’argumentation, mais une adhésion ; à l’inverse, l’école dispense des savoirs, qui seuls sont émancipateurs car développant l’esprit critique.
_Savoir comment fonctionne une entreprise, avoir du recul sur l’usage des statistiques et des
documents, savoir argumenter, confronter les points de vue, sont des éléments bien plus importants pour construire des individus autonomes et susceptibles d’ "entreprendre" qu’une approche idéologique ou affective de l’entreprise.

SUD éducation ne peut que s’indigner devant la continuation des politiques libérales du précédent gouvernement, notamment dans l’éducation. Aucun changement autre que cosmétique n’est engagé pour l’éducation. SUD éducation dénonce la casse du service public d’éducation et exige un véritable débat démocratique et citoyen sur l’avenir de l’Education. Non, l’école n’est ni une entreprise, ni le lieu du tri social entre futurs exploiteurs et futurs exploités !


Agenda

Array Array Array Array Array

<<

2018

>>

<<

Novembre

>>

Aujourd’hui

LuMaMeJeVeSaDi
2930311234
567891011
12131415161718
19202122232425
262728293012