Précarité - Loi Sauvadet : une arnaque de plus

vendredi 7 juin 2013

170.000 agents non titulaires travaillent au sein de l’Education
Nationale, ce qui en fait le 1er employeur de précaire et de loin.
La loi dite de “résorption de la précarité” se révèle être un parcours
du combattant bien loin au final de l’objectif annoncé.
Pire, elle entretient en réalité un vivier de précaires, véritable
variable d’ajustement pour l’administration. Un an après la
mise en application, quel bilan pour cette loi Sauvadet ?

La fonction publique emploie plus de 890 000 non titulaires dont 170 000
pour la seule Éducation nationale (plus de 1000 pour la seule académie de
NICE), faisant d’elle le premier employeur de précaires en France ! Au printemps
dernier, le ministère a prétendu résorber la précarité par la loi Sauvadet
du 12 mars 2012, une loi qui ne concerne en réalité que 17% de ces non-titulaires
et seulement ceux en poste au 31 mars 2011.

À l’heure actuelle, seuls environ 10 000 agents se retrouvent en droit de passer
le concours réservé et 1764 peuvent prétendre à une CDIsation qui, pour
beaucoup, ne les sortira pas pour autant de la précarité (temps partiels imposés...).
Par ailleurs, ces derniers mois, les projets ministériels ne se sont pas
privés de prévoir le recrutement de nouveaux précaires :
 500 assistant-e-s de prévention et sécurité pour des contrats de moins d’un
an dans le cadre d’emploi des assistants d’éducation
 18 000 "emplois d’avenir professeurs" (6000 par an) en CUI-CAE d’un an
renouvelable 3 fois
 20 000 admissibles aux concours supplémentaires de 2013, qui devront
faire un CDD d’1 an à 1/3 temps pendant leur master 2.

Notre union syndicale Solidaires a eu raison de refuser de signer cette loi.

Des conditions de titularisation trop restrictives

Pour être titularisé il faut avoir occupé pendant au moins 4 ans un équivalent
temps plein sur les 6 années précédant le 31 mars 2011 (les périodes à temps
partiel avec une quotité inférieure à 50% sont assimilées à 3/4 de temps complet),
être à 70% en poste cette année là.

Ces conditions permettent cependant seulement de se présenter au concours
réservé… qui comme tout concours ne garantit nullement la titularisation
effective !

De plus, ces concours ne seront organisés que pendant 4 ans et on ignore
encore le nombre de postes ouverts. La loi ne crée même pas d’obligation
d’ouvrir autant de postes que de candidats potentiels.

Un concours injustement sélectif

La majorité des syndicats argue qu’il serait nécessaire de vérifier l’aptitude et
le niveau de nos collègues non titulaires. Il leur faudrait faire leurs preuves…
Alors que depuis des années ils " bouchent des trous " et exercent le même
travail que les titulaires. L’Éducation nationale est bien contente d’avoir ce
vivier de précaires à sa disposition.

On constate en effet que 45% des non-titulaires employés en 2003 dans la
fonction publique d’État y travaillaient encore en 2007, pourtant 10% seulement
avaient été titularisés… Tous ces non titulaires ont donc bien donné
satisfaction sans quoi la hiérarchie n’aurait eu aucun mal à s’en débarrasser !
Le concours n’est rien d’autre qu’un mode de sélection et ne définit en aucun
cas un niveau minimum nécessaire pour exercer. Preuve en est l’appel fait aux
recalés des concours de l’année dernière, détenteurs d’un bac +5, faute de
titulaires en nombre suffisant.

Davantage de CDI, mais toujours beaucoup de précarité

Les conditions pour avoir accès à ce contrat en CDI sont d’être en poste au
13 mars 2012 et d’avoir travaillé 6 ans sur les 8 dernières années (3 ans pendant
les 4 dernières années pour les agents de plus de 55 ans). De plus, il faut
être en CDD de droit public ce qui exclut d’office les contrats aidés (CUI), par
ailleurs les assistants d’éducation sont également exclus de cette loi.
Le CDI apporte certes des améliorations par rapport à la situation des
contractuels ou des vacataires mais il n’offre pas les garanties des titulaires. Ce
contrat ne garantit pas un emploi et un salaire : si le poste disparaît la personne
peut être licenciée (et le contexte est à la restriction budgétaire…). Le personnel
peut être mis d’office à temps partiel et donc toucher un salaire au
prorata du nombre d’heures, même si le salaire n’est pas suffisant pour vivre
décemment (ce cas se produit régulièrement). Le contrat en CDI étant signé
par le rectorat, le personnel ne peut "muter" qu’en démissionnant de son poste.

Loin de combattre la précarité, la loi nous précarise tous

Par le CDI, elle organise une contractualisation accrue dans la fonction
publique.

Cette voie de recrutement ne peut être acceptable car c’est un recul
par rapport au statut de fonctionnaire. Fragiliser des collègues par
leur statut nous fragilise tous. Nous ne devons pas accepter cette
division qui a déjà fait beaucoup de dégâts dans d’autres services
publics, comme à La Poste, où ce type de contrats est devenu aujourd’hui
majoritaire.

Cette loi, qui prétend résorber la précarité, prévoit pourtant dans ses
textes les conditions de recrutement de nouveaux et nouvelles précaires !
L’article 3 de la loi n°83-634 du 13 juillet 1983, dite loi Le Pors, portant
droits et obligations des fonctionnaires est clair : le statut de
fonctionnaire titulaire doit être la norme dans la Fonction Publique !

Toute cette précarité...
 Engendre souffrance et pauvreté,
 Fragilise le service public et le statut de titulaire.

SUD Éducation exige l’arrêt du recours aux emplois précaires et
revendique la titularisation de tous les personnels non-titulaires sans condition
de concours ni de nationalité.

À travail égal, salaire égal, statut égal !


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