Rythmes : bilan d’une catastrophe annoncée

jeudi 3 octobre 2013

En direct des écoles...

Suite à notre questionnaire adressé aux écoles expérimentant la semaine de 4 jours et
demi, les premières remontées sont alarmantes, surtout pour les Temps d’Activités
Périscolaires (les fameux TAP). Les dysfonctionnements s’enchainent, des enfants se
retrouvent à la rue sans que les parents en soient avertis, les animations peinent à se
mettre en place, les activités se transforment déjà en garderie. Tout est mal préparé
 : temps, locaux, matériels, personnels… rien ne va.

Malaise généralisé

Pour les écoles qui ont choisi la voie "officielle" (diminution de trois-quart d’heure
de la journée de classe suivie de TAP + mercredi matin) le constat est unanime :
 Il faut un temps de récréation entre la classe et le TAP (ce qui, soit rallonge la journée,
soit raccourcit le TAP) pour permettre aux enfants de "lâcher la pression", signe
que la réduction de la journée est encore insuffisante.
 Les élèves de maternelle sont perturbés : trop d’intervenants, temps de repos écourtés…
les plus grands eux-mêmes sont fatigués, déstabilisés, déçus par les activités
promises, qui dans la réalité se révèlent bien piètres !
 Les personnels territoriaux ou associatifs se retrouvent trop souvent dans des situations
difficiles : problèmes de taux d’encadrement, de locaux, de gestion des groupes
(qui vient, qui est inscrit, …), de disciplines. Ils sont pourtant au cœur du dispositif TAP,
entre les parents, les enseignants, les élèves et leur employeur. Déjà la colère gronde. A
Quimper, les personnels étaient massivement en grève mardi 1er octobre. Souvent
précaires, animateurs et ATSEM se retrouvent dans des situations inédites pour lesquelles
ils ne sont pas préparés ou pas formés, mal rémunérés, avec des conditions
horaires désastreuses. Parfois même, les ATSEM quittent la surveillance de la sieste
pour préparer les TAP, pendant que les enseignants surveillent les petits qui dorment,
en lieu et place des décloisonnements habituels !
 Les parents ne comprennent pas la différence entre classe, APC, TAP, garderie… ils
constatent plus de fatigue chez leurs enfants, l’absentéisme, surtout le mercredi
matin, tend à augmenter..
 Les enseignants doivent s’adapter et modifier leurs habitudes de travail. Et après
la classe, alors qu’ils ont encore du travail, ils doivent épauler les élèves perdus, évacuer
les locaux où ils faisaient leurs corrections, dresser des listes pour les animateurs…
Plus de fatigue, plus de stress.
 C’est aussi une grave dégradation des conditions de travail pour les collègues à
temps partiel, les remplaçants (dont le temps de travail est, de fait, annualisé), et
les collègues qui assurent les compléments de décharge.

Des dérogations aggravantes

Pour les écoles qui ont choisi la voie "dérogatoire" (une dérogation qui pourrait tendre
à devenir la norme), le constat est le même : désorganisation générale, à laquelle
s’ajoute la fatigue d’un rythme qui ne tient aucun compte des enfants : 2 journées
de 6h, 2 journées de 4h30 suivies de 1h30 de TAP, et le mercredi matin. Tout cela n’a
plus rien à voir avec les rythmes des enfants, bien au contraire ! Enseignants et parents
sont unanimes : au bout du compte, c’est plus de fatigue et de stress pour tous. Pour
les enseignants, c’est plus de souffrance au travail.

Les collègues du Finistère, mais aussi des autres départements, et notamment de
région parisienne, rendent tous compte de la même incurie, la même impréparation,
la même désorganisation. SUD Education n’a cessé de le répéter depuis un an : une
telle réforme n’a aucun caractère d’urgence, elle a besoin de temps et de consensus
pour se mettre en place. Les modalités de la réforme ne répondent en rien aux besoins
physiologiques des enfants. Mais les différentes administrations, del’IA aux communes,
dociles et serviles, s’entêtent à suivre le ministre dans son baroud d’honneur et à appliquer
avec zèle la catastrophe annoncée, sans état d’âme.

Refuser les diktats de l’IA !

Les municipalités ayant opté pour la mise en place à la rentrée 2014, et qui pensaient
se donner le temps de réfléchir, à la lumière des expériences en cours, doivent rendre
leur copie illico presto pour le 18 octobre ! Vont-ils courber l’échine ou refuser les diktats
de l’administration ?

C’est pourquoi plus que jamais SUD Education exige le retrait du texte Peillon,
soutient tous les collègues déconcertés et mis en difficulté par les nouveaux rythmes
et réaffirme sa solidarité avec les personnels d’animation, principales victimes des TAP.
SUD Education réaffirme que, pour les élèves, il faut une autre réforme des rythmes
scolaires, ambitieuse et dégagée des lobbies touristiques et économiques.

Éléments d’analyse critique de la réforme

L’école aujourd’hui est calquée sur le monde du travail.
L’école primaire et encore plus l’enseignement secondaire sont basés sur un temps mécanique et répétitif - cours de 45 minutes par exemple.
Les élèves sont confrontés à des cadences de travail trop importantes. La nécessité de changer l’école, de revoir les rythmes de cette dernière est évidente, pour laisser du temps aux apprentissages.

Un autre organisation du temps scolaire

Chronobiologie et chronopsychologie nous éclairent sur une école qui épouserait les rythmes de l’enfant.
La réforme Peillon nous est vendue comme la réforme des rythmes de l’enfant. Mais elle ne prend pas ou peu en compte la réalité de celui ci :
 la journée reste la même, le déroulement de l’année aussi,
 les programmes ne sont pas allégés,
 le temps non contraint, où l’enfant peut évoluer à sa guise, n’est pas pris en compte,
 la semaine est ré-organisée sans tenir compte des avis des scientifiques,
 l’enfant doit apprendre au sein de groupes toujours trop nombreux.

La réforme Peillon organise autrement le temps scolaire en offrant un temps d’intervention hors éducation nationale aux associations diverses et variées, aux professionnels privés dans
certains cas, ou tout simplement offre une simple garderie parfois payante.
La réforme Peillon va accentuer les inégalités par des offres différentes selon les territoires.

Une marchandisation du temps éducatif

La réforme des rythmes scolaires nous est vendue comme la réforme des rythmes de l’enfant. Ce n’est qu’en fait une marchandisation d’un temps éducatif.
 Le projet Peillon génère de grandes inégalités dans l’offre éducative pour les enfants : communes riches/commune pauvres, rurales/urbaines, priorités politiques des municipalités...
Nous voulons que l’égalité dite " républicaine " soit assurée, que tous les élèves aient la même formation. Un encadrement national des activités périscolaires est nécessaire, définissant des champs d’activité obligatoirement proposés à tous les élèves, quelles que soient les variables locales.
 Dans le projet Peillon rien n’interdit aux associations à caractère religieux d’intervenir dans le cadre du "périscolaire " Nous exigeons que la laïcité soit assurée dans les écoles.
 Pour pouvoir fonctionner le projet Peillon va multiplier les emplois précaires.
Nous refusons la précarisation des emplois et nous voulons des personnels formés et des emplois statutaires.
 Dans le projet Peillon, le morcellement des activités ne permettra pas aux intervenants extérieurs ponctuels d’avoir une vision globale de l’éducatif. Nous voulons que les enseignantes soient moteurs des activités et permettent une approche réellement éducative.

Les propositions de SUD

Pour lutter contre les inégalités entre les territoires, l’Education doit rester nationale. Ce qui n’empêche pas l’apport d’intervenants extérieurs !

Nos propositions

 Vouloir réformer les rythmes scolaires nécessite une réflexion plus large sur l’école et nécessite :

    • de réduire les effectifs par classe.
    • d’aménager les programmes. D’en alléger les contenus pour laisser
      du temps à la manipulation, l’expérimentation, la recherche...
    • d’inscrire dans les programmes la possibilité du travail coopératif , de la
      pédagogie de projet...
       Différencier le temps de travail des PE devant élèves du temps d’enseignement
      pour les élèves. Pour les PE : 18 h devant élèves + 6 h de concertation, travail en équipe...
      Conséquences : plus de maîtres que de classes, plusieurs maîtres par groupe élèves, renforcement du travail en équipe, regard croisé sur les élèves et les pratiques...
       Différencier le temps de l’enfant de la maternelle et de l’élémentaire. Repenser les horaires du matin en aménageant un temps d’accueil suffisamment long pour une mise en
      route en douceur.

Poursuivre la réflexion

A SUD éducation, nous voulons aussi réfléchir à une autre école dans une autre société. Question rythmes scolaires et rythmes des enfants il faut s’enrichir des travaux des chronobiologistes, chercheurs en sciences de l’éducation...
 Réduire la journée. L’adapter réellement au rythme de l’enfant : temps de repos, temps calmes, " temps pour ne rien faire ", démarrage tardif et progressif le matin, concept de temps mobile..
 Organiser la semaine autrement : 5 voire 6 jours. Pourquoi pas une possibilité pour les élèves et les familles de choisir entre le mercredi et le samedi matin, par exemple sous forme d’inscription à des ateliers.
 Ne pas dépasser 7 semaines de travail d’affilée.
 Organiser l’année en 6 périodes ? Des vacances plus longues l’hiver quand la fatigue est
plus grande, plus courtes l’été ?
 Donner du temps pour les apprentissages. Retour à la notion de cycle (2 à 4 ans
par cycle, sans pénalité pour les élèves), repenser la classe par groupe d’âge, organisation
des classes par cycle...


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