Classes surchargées : élèves sacrifiés, profs fatigués

vendredi 28 mars 2014

Les dizaines de milliers de postes supprimés sous l’ère Sarkozy dans l’Education nationale, selon la règle du non rem placement d’un fonctionnaire sur deux par tant à la retraite, n’ont évidemment pas été recréés, et ne le seront sûrement pas, contrairement aux promesses électorales, austérité oblige. Pour preuve, la carte scolaire 2014 du Finistère prévoit la perte de deux postes dans le premier degré, après le zéro poste créé de l’an dernier et toujours plus d’heures supplémentaires dans le secondaire. Tous ces postes supprimés maintiennent évidemment des situations de classes surchargées.

L’augmentation du nombre d’élèves par classe pose des difficultés croissantes aux enseignants. Ce constat, dressé par la commission des finances du Sénat, fait écho au taux
d’encadrement inférieur en France à la moyenne des Etats de l’OCDE. Les travaux de l’économiste Thomas Piketty ont montré qu’un élève de moins par classe améliore les résultats moyens. Les variables locales comptent toute fois pour les conditions ’enseignement : deux élèves de plus ne pèsent pas de la même façon si l’on dis pose d’une classe spacieuse et bien aménagée, s’il s’agit d’élèves dociles plu tôt que turbulents, ou d’un
groupe bien scolarisé plutôt qu’en difficulté. On comprend donc que les enseignants, particulièrement les débutants, soient inquiets et fatigués, surtout quand la semaine s’allonge d’une demi-journée en primaire.

Selon l’office statistique de l’Union européenne (Eurostat), la France comptait, en 2009, 20 élèves par enseignant dans le primaire, contre 15 en moyenne à l’échelle européenne. Dans le
secondaire, la France accueillait 24,5 élèves par classe en 2009, contre 23,7 en moyenne dans les pays de l’OCDE. Les milliers de postes sacrifiés n’ont évidemment pas amélioré le taux d’encadrement !

Dans ces conditions de classes surchargées, enseigner demande plus d’énergie et génère plus de stress et de fatigue. Cela se complique encore plus dans les petites classes, où une grande place doit être laissée au jeu, à la manipulation. Pas facile avec 30 enfants de 3, 4 et 5 ans, avec seulement deux adultes et des salles de taille moyenne. L’enseignement d’une langue étrangère, qui doit intervenir depuis 2008 à par tir du CP, est rendu aussi plus laborieux dans de telles conditions . Au mieux, lors d’une séance de langue à 30 élèves, chacun ne prend qu’une fois la parole.

Avec une classe sur chargée, les enseignants doivent donc composer et s’adapter. Plus une classe est nombreuse, plus les règles de vie doivent être formalisées pour les prises
de parole, les déplacements, la tolérance aux “bavardages”... Ceci ne signifie pas pour autant que la seule issue soit une pédagogie frontale totalement centrée sur les échanges maître-élèves : les classes coopératives (pédagogie Freinet), qui font un suivi très individualisé de chaque élève, peuvent fonctionner avec des effectifs nombreux, mais cette pédagogie est encore minoritaire.
Comme toutes les pédagogies complexes, elle demande de l’expérience, une formation auprès de collègues expérimentés, des stages, etc.

Au final, ce sont les élèves le plus en difficulté qui pâtissent les premiers d’effectifs trop importants. Il faut donc que le ministre cesse son double discours : la priorité à l’éducation pour les médias, les classes surchargées et l’accroissement de la fatigue et de la difficulté scolaire pour les enseignants et leurs élèves.


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