Brest, le 18 juin 2020
à Monsieur le Ministre de l’Education Nationale
s/c Monsieur le Recteur
s/c Madame la DASEN du Finistère
s/c Mesdames les IEN de Brest Ville, Brest Nord et M. l’IEN de Brest Est
Qui d’entre nous sera le prochain directeur sur la liste des directeurs sacrifiés ?
Depuis des mois, des années, partout en France, directrices et directeurs d’école,
nous alertons sur nos conditions de travail.
Depuis des mois, des années, partout en France, soutenus par les syndicats, par des
groupements ou collectifs de directeurs, nous décrivons notre situation intenable et
demandons d’avoir des moyens concrets pour travailler dignement pour nos écoles,
nos élèves, nos parents d’élèves, nos collègues, les partenaires de nos écoles et
surtout pour ne pas rester dans une situation de souffrance au travail.
Depuis des mois, des années, partout en France, nous espérons être entendus de
notre hiérarchie à l’échelon départemental, académique et national mais sans
réponses suffisantes, sans moyens concrets, sans reconnaissance et sans calendrier
rapide pour améliorer nos conditions de travail et prendre en compte le malaise qui
s’exprime.
Qui d’entre nous sera le prochain directeur sur la liste des directeurs sacrifiés ?
Après le suicide de Christine Renon à Pantin le 23 septembre 2019, après le suicide
de Bruno Delbecq à St Laurent du Var le 23 mai 2020, après d’autres situations qui
ont été moins médiatisées, à qui le tour ? Qu’est-ce qui a changé ?
Nous n’avons toujours pas été entendus à ce jour...
N’y a-t-il pas urgence ? Va-t-on continuer toujours et encore à exercer de la sorte ?
Qui d’entre nous sera le prochain directeur sur la liste des directeurs sacrifiés ?
La situation sanitaire actuelle démontre bien le paradoxe. Les directrices et les
directeurs d‘école se trouvent en première ligne pour répondre à la demande de
notre propre employeur, l’État. On nous a demandé de mettre en place des
protocoles sanitaires régulièrement renouvelés dans des conditions de stress et de
précipitation pour rouvrir nos écoles toujours sans moyens nouveaux et sans respect
de nos conditions de travail !
On nous reconnaît donc bien un statut particulier en situation de crise mais rien ne
change dans nos conditions de travail : temps de décharge, valorisation salariale,
aide administrative …).
Qui d’entre nous sera le prochain directeur sur la liste des directeurs sacrifiés ?
Est-ce normal de souffrir de problèmes de sommeil, de problèmes de santé sans
possibilité d’être pris en compte par une médecine du travail insuffisante ?
Est-ce normal pendant un week-end même prolongé ou les vacances de ne plus
réussir à se détacher de son travail, de recharger les batteries et cela au détriment de
sa vie personnelle ?
Est-ce normal de tenir et de tenter de faire face à cette situation de maltraitance et
de souffrance au travail à coup de médicaments ?
Est-ce normal de s’user physiquement et psychologiquement au travail sans espoir
d’avoir un temps de travail digne des tâches à accomplir et faute d’aide
administrative ?
Est-ce normal de vouloir faire son travail dans l’intérêt du service public
d’éducation et de se retrouver dans une impasse mettant en péril sa santé ?
Qui d’entre nous sera le prochain directeur sur la liste des directeurs sacrifiés ?
Alors on nous conseillera de nous mettre en arrêt, mettant en difficulté notre école,
notre équipe sans que cela ne change fondamentalement quoi que ce soit… et
retrouvant encore plus de travail à notre retour.
Mais le problème n’est pas là, ce ne sont pas les directrices ou les directeurs qui
sont en cause à titre personnel car toutes et tous, nous cherchons à faire au mieux
notre métier.
Qui d’entre nous sera le prochain directeur sur la liste des directeurs sacrifiés ?
Conformément à la loi et au code du travail, nous exigeons que notre employeur
nous protège pour nous permettre d’exercer notre travail dans des conditions
physiques et psychiques dignes de ce nom.
Non nous ne serons pas les prochains directeurs sur la liste des directeurs sacrifiés !
Sauf à ne pas être entendus ...
Signataires :
– Eric Kermarrec, GS de Quéliverzan
– Alexandre Gogendeau, GS Paul Dukas
– Philippe Le Bian, Ecole élémentaire Sanquer
– Claire Bellec, GS du Forestou
– Cathy Prigent, GS des 4Moulins
– François Le Quentric, GS Jean de la Fontaine
– Sabrina Manuel, Ecole élémentaire Guérin
– Arnaud Vernay, GS Vauban
– Joëlle Ropars, GS de la Pointe
– Sophie Arzel, GS Jacquard
– Anne-Françoise Tizerarine, Ecole Maternelle République-Sanquer.
– Brigitte Le Nen, GS du Pilier Rouge
– Marianne Normand, Ecole Maternelle de Kerangoff
– Carole Saillour, Ecole Elémentaire Simone Veil
– Céline Guillerm, Ecole Maternelle Simone Veil
– Evelyne Coton, GS Paul Langevin
– Sophie Fraisse, GS de Kerhallet
– Laurent Quézédé, GS de Kerinou
– Béatrice Stephan, GS de Kerargaouyat
– Gilles Calvarin, Ecole Freinet
– Emmanuel Saulnier, GS du Petit Paris
– Carole Collier, GS Paul Eluard
– Nathalie Lesven, Ecole élémentaire des Hauts de Penfeld
– Magali Hamard, GS Jean Rostand
– Anne-Laure Pailler, GS du Questel
– Brigitte Bonneau, GS de Kérichen
– Camille Merlaud, Ecole Louise Michel
– Daniel Calvarin, Groupe Scolaire Auguste Dupouy
– Delphine Floc’hlay Cotten, Groupe Scolaire Jacques Kerhoas
– Hélène Lizee, Ecole Jacques Prévert
– Antoine Gontier, GS de Kerbernard
– Séverine Bachelier, GS Quizac
– Sophie Boussard, GS Lucie et Raymond Aubrac
– Nadine Leroux, GS de Kerisbian
– Alan Kermoal, GS de Pen Ar Streat
– Rose Mével, Ecole Maternelle Bugeaud
– Camille Merlaud, GS Louise Michel
– Véronique Manach, GS Ferdinand Buisson