Risques sociaux d’échec : quid de l’académie de Rennes ?

mardi 24 janvier 2017

Un Atlas des risques sociaux d’échec scolaire vient de paraître, fruit du travail de cinq chercheurs du Céreq de Caen (Centre d’études et de recherches sur les qualifications) et d’un autre chercheur de la Depp (Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance). L’ouvrage apporte une somme d’informations considérable sur le lien entre le milieu d’origine, les conditions de vie et le risque de décrochage scolaire. Une cartographie des facteurs d’accroissement de la difficulté scolaire est fournie pour chaque académie du pays. Elle peut aussi fournir des arguments en Comités Techniques divers quant au lien entre l’économique, la démographie des communes et les effectifs d’inscriptions dans les écoles. Le recueil fournit des fiches académiques détaillant avec précision les réalités locales, le cas de l’académie de Rennes contient des enseignements intéressants.

Des indicateurs de contextes territoriaux

L’Atlas isole des variables déterminantes de l’échec scolaire et de l’orientation des élèves : niveau de revenu des ménages, conditions d’emploi, niveau de diplôme des adultes, part des familles monoparentales, nombre d’enfants par foyer et conditions de logement. Ces indicateurs combinés se concrétisent en sept types de risques sociaux sur le territoire, déclinés en fonction du risque d’échec scolaire. Allant de « cumul de fragilités économiques, familiales et culturelles en milieu urbain » à « garantie de l’emploi à niveaux de qualifications variés » pour les plus favorisés. La carte du risque d’échec scolaire est systématiquement mise en relation avec celle de la part des jeunes non-diplômés parmi les 15-24 ans non scolarisés, comme indicateur de sortie précoce du système éducatif. L’académie de Rennes : zone de « faible exclusion » ? Dans l’académie de Rennes, les deux types de zone à risques les plus élevés (« cumul de fragilités économiques, familiales et culturelles en milieu urbain » et « disparités de conditions de vie dans les grandes périphéries ») ne sont pas du tout représentés. En revanche, les types des conditions les plus abritées (« sécurité économique et soutien culturel » et « garantie de l’emploi à niveaux de qualification variés ») rassemblent 59% de la population. Une telle proportion n’a d’équivalent en France que dans l’académie de Strasbourg. La lecture des cartes met en évidence une corrélation entre ces conditions favorables et la part de jeunes 15-20 ans non scolarisés qui est inférieure à la moyenne française : 18,4% en Bretagne et 25,4% en France.

Chômage, pauvreté et ruralité facteurs de risques

Dans une zone où 14% de la population sont classés en type « précarité économique plutôt dans des communes de taille moyenne », on constate que le revenu médian est modeste (17 600 euros contre 18 100 en France métropolitaine même type de zone à risque), que la part des chômeurs parmi les 15-24 ans est supérieure à la moyenne nationale (10% contre 8,9%), que celle des emplois en CDI est plus faible de 6 points (79% contre 84%). Mais les niveaux de diplômes restent honorables puisque la part des non-diplômés de 15 à 24 ans est inférieure à la moyenne nationale (22,9% pour 25,4 en France même catégorie). Un autre type de risque à dominante rurale concerne 10% de la population, il est libellé « qualification industrielle traditionnelle dans les petites communes rurales ». Si la part des emplois industriels y dépasse celle des cantons équivalents au plan national (21,6% contre 13,4%), celle des emplois agricoles en fait autant avec 8,9% pour 2,8% dans l’hexagone. Et là, le revenu médian est plus faible en Bretagne avec 17.400 euros contre 17.500.

Sécurité économique et soutien culturel

34% de la population représentent des zones péri-urbaines favorisées considérées comme de type « Sécurité économique et soutien culturel ». De grandes agglomérations cumulent des statistiques favorables sur tous les indicateurs sociaux et scolaires : faibles taux de chômage et résultats scolaires flatteurs, et le haut du panier se trouve dans 48 cantons de type « garantie de l’emploi à niveau de qualifications variés » avec des taux de chômage minimes et des revenus moyens parfoissupérieure à 22.000 euros. Il s’agit des couronnes résidentielles des grandes aires urbaines à fort taux de ménages dotés de hauts niveaux de revenus et de diplômes.

Pas de privation de moyens scolaires

En conclusion, l’académie a de particulier parmi les autres le fait qu’elle évite les types les plus forts de vulnérabilité sociale et scolaire, et que le rapport à la scolarité des élèves paraît positif relativement aux conditions d’existence des familles quand elles sont difficiles. Il n’en reste pas moins que ce qui est mesuré à un moment donné ne peut servir de justificatif pour décréter des privations de moyens scolaires. D’une part, les ouvertures de classes sur les communes sont un facteur de dynamisme économique quand elles les rendent attractives pour les familles qui s’y installent . D’autre part, l’école reste un moyen fondamental d’amortir les effets démoralisants induits par la casse économique et sociale au programme de nos gouvernant(e)s successifs.


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