Contre l’unanimisme sportif...

vendredi 7 septembre 2012

Deux grandes kermesses du muscle ont rythmé l’été. Le championnat
d’Europe de football s’est déroulé en Pologne et en
Ukraine, première grande compétition à l’Est depuis la chute du
Mur. Comme prévu, malversations, affairisme et escroqueries
ont rythmé la construction des stades des hôtels et des logements,
prostitution massive aux abords des stades et exactions
des hooligans dans les villes organisatrices. L’union Européenne
et l’UEFA ont fait silence sur l’emprisonnement et les mauvais
traitements subis par l’ex-première ministre ukrainienne Ioulia
Timochenko. Ils ne se sont pas davantage émus de l’emprisonnement
des opposants politiques, des discriminations envers les
homosexuels ou du traitement des réfugiés et demandeurs d’asile.

Les joueurs français, à qui étaient promis plus de 300 000 euros
chacun en cas de victoire, ont perdu suffisamment tôt. Les
joueurs espagnols soupçonnés de dopage généralisé ont battu en
finale des Italiens dont une partie de l’équipe est récemment
impliquée dans des paris et des matchs truqués. Le ballon peut
continuer de tourner... vers le Brésil où les mafias officient à la
rénovation urbaine pour que parkings, stades et autoroutes s’installent
en lieu et place des favelas en vue de la coupe du Monde 2014.

A Londres, les Jeux Olympiques ont coûté cinq fois plus que
prévu. Montréal a mis trente ans à rembourser les dettes contractées
pour les JO de 1976. Ceux de 2004 pèsent leur part dans la
dette grecque. Dans ces foires, on socialise les pertes et on privatise
les bénéfices dans la pure logique du capital... et de ses aléas.
"Et ce serait baigner dans l’angélisme que d’imaginer que les Jeux
de Londres pourraient échapper à leur [les nouvelles mafias]
emprise et donc à la corruption
de responsables, aux compétitions
truquées, aux paris clandestins
et aux pratiques dopantes
les plus sophistiquées" Le CIO
n’ignore rien de tout cela.

Les JO c’est aussi un record tous
les quatre ans pour le développement
des sociétés de contrôle
 : une caméra pour 16 personnes,
un agent de sécurité pour 5
athlètes, 40 000 militaires et
policiers, défense aérienne et
maritime sur le pied de guerre
et pour innover, les milices
olympiques qui veillent au
respect des droits labellisés JO.
1,2 milliards d’euros pour la sécurité.

Ces Jeux ont accepté des concurrentes voilées. " Le CIO a accepté
la pression des pays du Golfe et de l’Iran, bafouant au passage
sa propre charte olympique qui interdit les signes ostentatoires
d’appartenance religieuse. Il s’agit pour les régimes islamistes
d’imposer leur modèle de maltraitance des femmes sous prétexte
de relativisme culturel au sein d’un symbole occidental -certes
très contestable- d’universalité que sont censés représenter les
Jeux " . Le CIO n’étant pas à une compromission près a refusé de
soutenir des athlètes syriens qui menaient campagne au risque
de leur vie pour que la Syrie du boucher Assad soit exclue des JO
et a accepté une délégation officielle à la botte du régime.

Quand on regarde la chose de plus près, on voit bien que le sport
n’est jamais au rendez vous du rêve qu’il promet. Il est devenu la
religion du XXIème siècle avec ses commentateurs comme grenouilles
de bassin olympique et Usain Bolt comme nouveau
Dieu (en attendant le prochain). Sorte de rouleau compresseur
de la modernité capitaliste il prétend coloniser la vie dans sa totalité.
Les grandes compétitions mondiales sont ainsi les vitrines de
la lutte de tous contre tous.

Cette course aux médailles qui concerne plus de 200 nations
pour 10 000 participants autorise une sélection des athlètes dès
le berceau et des rythmes d’entraînement qui n’ont rien à voir
avec le supposé plaisir que promet la pratique sportive. En tant
que syndicalistes et pédagogues nous ne voulons pas être les promoteurs
de ces foires anabolisées auprès de la jeunesse, et nous
continuons de penser qu’il faut construire une voie / voix critique
et émancipatrice pour une éducation physique en milieu scolaire.

(1) Jacques Soppelsa, professeur
de géopolitique en
Sorbonne Le Monde
29.07.2012
(2) Fabien Ollier, directeur de
publication de la revue Quel
sport ? Le nouvel observateur
10.08.2012
(3) Pour le Tour de France
cycliste tout va bien. L’édition
2012 aura été comme celle de
2011 celle d’un Tour propre où
de jeunes hommes parcourent
à l’insu de leur plein gré des étapes
de 200 km à 40km/h pendant
trois semaines...


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