Convention ruralité : droite dans ses bottes

jeudi 12 novembre 2015

Le premier ministre vient d’accélérer le programme « Convention ruralités » en le présentant
comme un moyen de « lutter contre les fragilités de l’école rurale et de montagne » et
d’ « offrir aux élèves de ces territoires une école de proximité et de qualité ». Il missionne pour
cela un sénateur de l’Ariège, Alain Duran, pour « amplifier la démarche de contractualisation
avec les élus locaux » en considérant que « la contractualisation doit être le levier d’une
modernisation de l’offre éducative (…) en matière d’offre numérique, d’activités périscolaires
et de scolarisation des moins de trois ans ».

Le ton employé est habituel, et significatif : la vague de regroupements pédagogiques intercommunaux s’annonce, les RPI ou la traduction politiquement correcte des futures fermetures des petites écoles rurales.

Chantage au maintien des effectifs

Le sénateur missionné est sensé prendre exemple sur les « conventions ruralité » déjà
conclues avec les associations départementales de maires d’Ariège, du Cantal, des Hautes-
Pyrénées, du Gers et du Lot. Or, on sait que l’enjeu numéro un de ces signatures a été la
garantie du maintien des effectifs enseignants pendant trois ans dans le département. Avec
une contrepartie impitoyable : fermeture et regroupements d’écoles rurales au service de la
transformation de RPI éclatés en RPI concentrés.
On ne peut que souscrire à la réaction de Mr Vanik Barbarian, le président de
l’Association des Maires Ruraux de France, qui a parlé d’un « chantage inadmissible » qui aboutira à « tout transférer dans la ville chef-lieu ».

La méthode douce

Si l’objectif est très clairement le transfert de « compétences scolaires » vers les intercommunalités, le pouvoir cherche à éviter les brutalités des autres transferts (Poste, stations ferroviaires ou eau potable…). Aussi, le premier ministre compte sur le sénateur Duran pour « s’appuyer sur un dialogue avec les différentes associations d’élus locaux ».
Le restant de la proposition le met à l’abri d’une éventuelle audace démocratique du
sénateur : « … pour favoriser la prise en compte de cette problématique dans les politiques
locales d’équipement, de solidarité territoriale et de transports scolaires ».
Les conclusions de la démarche sont quasiment prescrites à l’avance, à l’image de bien
des fumeuses enquêtes d’utilité publique précédant les grands projets souvent inutiles !!

La fin d’un maillage territorial

Le représentant des maires ruraux pourra développer son argumentaire auprès d’un sénateur
sujet d’injonctions politiques contradictoires, contraint à concilier verbalement promesses de
maintien des services publics et promotion des mises en regroupement.
On connaît l’intérêt des petites structures multi-âges dans le développement cognitif et
personnel des enfants, on sait que bien des pratiques pédagogiques avancées et humanistes
ont pu être expérimentées dans les écoles rurales et attestées dans de nombreux rapports, bien au-delà des fallacieuses promesses de refondation de l’école.
Avec les enseignants, les parents, les élus des petites communes menacées, nous faisons le triste constat d’une attaque programmée contre le maillage territorial des écoles, garant de l’égalité des chances sur le territoire, au profit de l’équilibre comptable et de la rentabilité.
Cette casse des services publics de proximité ne se justifie en rien, sauf à reconnaître l’illégitimité des valeurs démocratiques et républicaines.
Force est de constater que ce gouvernement a clairement choisi son camp.
Ses choix engagent pourtant bien plus que ses futures déroutes électorales, il en va de l’avenir
pour tous les citoyen(ne)s du monde en devenir.


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