La Division des Etudes du Ministère de l’Education (DEPP) a publié une nouvelle étude sur l’évolution des salaires enseignants pour l’année 2013. Elle confirme la tendance déjà révélée par l’INSEE, et le Café Pédagogique vient de la compléter par quelques données comparatives.

Un salaire très inférieur à celui des autres pays

Alors que le salaire moyen annuel du professeur des écoles est en France de 24 724 euros, il est de 48 360 en Norvège, 42 891 en Allemagne, 32 225 aux Pays-Bas, 31 699 en Finlande, 27 754 en Espagne et même 70 450 au Luxembourg. Même nos collègues anglais sont au-dessus avec 25 123 euros annuels.

Des inégalités diverses

Selon la DEPP, le salaire moyen d’un professeur du premier degré s’établit à 2 208 euros, 2 637 euros pour le second degré et 3 594 pour les classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE). Il faut pourtant aller plus loin pour apercevoir la hiérarchie salariale.

Selon le Bilan social du ministère, une professeure du 1er degré perçoit entre 1 799 et 2
549 euros et un professeur entre 1 858 et 2 852 euros. On mesure l’inégalité entre les sexes,
présente et entre les différents degrés.

Une baisse avérée

La DEPP annonce que le salaire net moyen des enseignants a diminué de 1% en euros constants pour l’année 2013. Il faut y voir à l’oeuvre le gel du point d’indice de la Fonction Publique depuis 2010 alors que dans le même temps les cotisations sociales ont augmenté.
Il en résulte qu’un professeur des écoles débutant est passé de 1 649 euros mensuels en 2013 à 1 634 en 2015. La baisse est d’autant plus remarquable qu’elle n’est pas partagée par les autres fonctionnaires. Dans la Fonction Publique, les enseignants sont les champions
de la baisse : si les salaires des non-enseignants ont diminué globalement de 0,4% en 2013, ceux des enseignants ont diminué de 1,1%. En fait, les autres ministères ont veillé à compenser par des primes les baisses de salaire. Pas le Ministère de l’Education Nationale.

L’effet renouvellement ?

La Division du ministère tente l’explication démographique pour justifier la baisse. Le solde des recrutements et départs aurait entraîné un renouvellement de la population enseignante tel que les 3,7% d’anciens ayant quitté la fonction en 2012 avec un salaire moyen net de 2 630 euros auraient été remplacés par les 3,4% de nouveaux entrés en 2013 avec un salaire de 2 090 euros. Soit une baisse mécanique imputable à un changement de la pyramide
des âges et des salaires. Or, avec 17 000 entrées de nouveaux enseignants en 2013 sur une
masse d’un million de salariés, la proportion de collègues concernés n’est pas suffisante pour peser à ce point sur l’échelle des salaires. L’argument démographique ne tient pas pour justifier un tel impact.

1er degré : gagner moins et travailler plus !

Pour autant, les enseignants français sont en pointe sur la durée du travail. En moyenne annuelle, ils sont 924 heures devant les élèves pour une moyenne de 782 heures dans l’OCDE. Et le nombre d’élèves en primaire par classe nous distingue aussi avec 22,8 élèves
contre 21,4 dans l’OCDE. Seuls le Royaume-Uni et le Japon comptent davantage d’élèves
alors que la majorité des pays européens en comptent 17 à 19.

Et la tendance en France est à la hausse des effectifs, alors qu’on observe le contraire
dans la plupart des autres pays de l’OCDE.

Salaires et résultats scolaires

A l’image des conclusions de l’enquête PISA, l’OCDE qui n’a rien d’une organisation anti-libérale met en avant l’augmentation des salaires enseignants comme levier d’amélioration des systèmes éducatifs. Le niveau de performance scolaire des
élèves est tendanciellement proportionnel au salaire des enseignants, et la France est sans surprise très à la traîne.

Gageons qu’il en restera ainsi tant que les cercles dirigeants ajustent leurs priorités sur les récriminations salariales venant du patronat, au lieu de tenir compte des conclusions des études sérieuses et crédibles régulièrement publiées sur le problème primordial de l’éducation nationale.