Les 7 mesures ministérielles pour le remplacement

Beaucoup d’enfumage, pas de moyens
jeudi 1er décembre 2016
par  sudeducation29

Le remplacement est en crise.
Dans le Finistère, 12 postes de remplaçant-e-s ne sont pas pourvus. Sans compter le fait que le nombre de postes n’est déjà pas à la hauteur des besoins !

Il aura fallu quasiment 5 ans de mandature pour que le ministère de l’éducation s’en aperçoive et communique à ce sujet. C’est dans cette perspective que la ministre a présenté à la mi-octobre 7 mesures « afin d’améliorer l’efficacité du remplacement ». Compte-tenu des besoins, les mesures sont totalement dérisoires et relèvent pour l’essentiel d’une opération de communication faute de moyens débloqués pour recruter. Plusieurs de ces mesures auront des effets néfastes pour les conditions de travail des enseignant-e-s et remettent en cause des droits importants.

En 7 points, la réponse de SUD éducation aux 7 mesures ministérielles.

1. « Des indicateurs publics qui seront actualisés chaque année pour mieux informer les parents  »

On ne peut que se féliciter de cette volonté de transparence du ministère. Cependant, diverses pratiques de l’administration visent à réduire artificiellement le décompte du nombre d’absences non remplacées et faussent donc les chiffres.
En lieu et place de véritables moyens, le ministère compte donc s’inscrire dans la guerre des chiffres
en opposant ses statistiques à celles des organisations syndicales ou au vécu des personnels et des familles.

2. « Une information aux parents sur les absences, dès la rentrée 2017 qui prendra la forme d’une charte d’information aux familles avec la durée et les modalités de remplacement des enseignant-e-s absent-e-s  »

Les parents sont déjà informé-e-s quand l’enseignant-e de leur enfant est absent-e ainsi que de la durée quand celle-ci est prévisible et des moyens de remplacement disponibles quand il y en a.
Cette « mesure » ne va en rien améliorer l’efficacité du remplacement, c’est uniquement de la communication

3. « Renforcer le potentiel de remplacement  »

Lorsque le ministère évoque des moyens, c’est pour faire sa propre promotion et dire que « de 2013 à 2017, contrairement à la précédente mandature, il a mis les moyens pour reconstituer le vivier de remplaçant-e-s :
dans le 1er degré : + 3522 postes ». Si on calcule : 3522 postes créés - 1576 postes précédemment supprimés = 1946 postes. Le bilan entre 2007 et 2017 est donc de +1946 postes. Un nombre insuffisant qui n’empêche pas le problème du remplacement de s’aggraver.
Conséquence : le recours aux contractuel-le-s y compris dans le 1er degré dans d’autres départements, et en bilingue dans le Finistère. Le manque de postes était pourtant largement prévisible. Ces chiffres ne concernent que le premier degré – et pour cause, dans le secondaire, il n’y a pas eu de créations de postes
Les créations de postes de remplaçant-e-s ont été insuffisantes pour répondre aux besoins et le ministère ne porte aucun engagement pour les années à venir. Pour résoudre le problème du remplacement, il faut créer des postes !

4. « Dans le 2nd degré, des protocoles de remplacement de courte durée réactivés  »

La relance du « remplacement à l’interne » dans l’établissement, payé en HSE, pour des absences inférieures ou égales à 15 jours en dit long sur l’indigence des mesures proposées. Là encore on fait peser le manque de moyens sur les enseignant-e-s.
Ce dispositif, mis en place en 2005 par F. Fillon et G. de Robien, ne fonctionne pas car les enseignant-e-s ont déjà une surcharge de travail importante et ne peuvent assurer sans cesse des tâches supplémentaires. Les résistances que les personnels ont opposées à ce dispositif l’ont en pratique vidé de sa substance.
La communication du ministère sur la réactivation de ce dispositif vise à accroître la pression des chefs d’établissement sur les enseignant-e-s pour leur imposer des remplacements à l’interne. Hier comme aujourd’hui, SUD éducation appelle les personnels à résister à cette attaque.

5. « Un vivier de remplaçant-e-s unique par département pour le 1er degré  »

Le MEN prétend mettre en place « un cadre unique et sécurisé » du remplacement dans le 1er degré qui consiste à fusionner les remplacements limités à des zones géographiques (Titulaires Remplaçants) et ceux affectés au département (Titulaires Départementaux). Le coup classique du pilotage et du redéploiement pour améliorer l’efficacité des remplacements, ce qui sous-entend que les problèmes de remplacement seraient liés à une mauvaise gestion. L’expérience montre que plus la gestion est éloignée des circonscriptions, plus l’efficacité du remplacement est compromise.
Cette mesure va dégrader les conditions de travail des remplaçant-e-s en augmentant leur temps de transport pour parcourir le département d’un bout à l’autre. Elle est inacceptable.

6. « Mieux accompagner les personnels pour limiter les absences « perlées »  »

Il s’articulerait autour de trois axes : repérage – accompagnement – anticipation.
Dans une profession où la médecine du travail est quasi-inexistante, le MEN prétend faire de la prévention. On pourrait en rire si cette mesure n’était pas tout simplement cynique alors que nombre d’absences « perlées » découlent d’une pathologie non reconnue par la médecine du travail. A qui va s’adresser exactement ce protocole ? Les absences justifiées par un arrêt maladie n’ont pas à être commentées par qui que ce soit sauf par un-e médecin. Cela ne relève pas de missions de DRH. Les autres types d’absences sont strictement réglementés.
Cette mesure n’a pas d’autre but que d’augmenter la pression sur les enseignant-e-s pour qu’ils limitent eux même leurs absences.

7. « Limiter l’impact des absences prévisibles sur le temps d’enseignement  »

Pour limiter les d’absences, le ministère propose de faire des formations continues pendant les petites vacances, sur la base du volontariat et en les rémunérant. En pratique, on peut s’attendre à la suppression de toute formation continue sur temps scolaire – droit qui est déjà largement rogné faute de moyens de remplacement. Les enseignant-e-s qui voudront bénéficier d’une formation continue devront le faire pendant leurs vacances.
Cette mesure scandaleuse va se traduire dans les faits par la disparition complète du droit à formation continue sur temps de travail et par une augmentation du temps de travail des enseignant-e-s

SUD éducation dénonce ces mesures d’enfumage à quelques mois des élections qui risquent de dégrader encore les conditions de travail des enseignant-e-s. Pour SUD éducation, la seule solution pour améliorer le remplacement c’est de recruter massivement des enseignant-e-s titulaires à la hauteur des besoins.


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