La mysoginie décomplexée

mardi 24 janvier 2017

Citons le président du jury du CAPES de Lettres dans son rapport de cette année : « La proportion des garçons au CAPES de Lettres s’améliore significativement, ce qui est un symptôme d’attractivité nouvelle pour le métier de professeur de Lettres. Enseigner les lettres n’est pas une spécificité féminine et nos élèves ont besoin de l’expérimenter au quotidien. Ils y gagneront incontestablement, les garçons entre autres, et la présence accrue d’hommes pour enseigner les Lettres contribuera à affiner l’image parfois dégradée qu’ils ont de la discipline » [sic].

Pourquoi le métier est-il dévalorisé ?

Lire une telle proposition de la part d’un hiérarque de l’Education Nationale en 2016 dépasse l’entendement et traduit un inquiétant penchant sexiste et réactionnaire. Il est vrai que le métier d’enseignant est largement féminisé (65% de femmes parmi les professeurs du secondaire), mais il est surtout vrai qu’il est devenu bien moins attractif et qu’il s’est largement dévalorisé. Mais considérer que les femmes sont responsables de cette situation révèle un aveuglement total sur une réalité constante dans l’Institution, à savoir que celle-ci distribue les places selon une hiérarchie genrée à l’image de ce qui prévaut dans les univers politiques et économiques. Aux hommes les fonctions de prestige et de pouvoir et aux femmes les fonctions subalternes et moins reconnues. Que le salaire d’enseignant ait perdu l’équivalent de 20% de son pouvoir d’achat depuis les années 80, que les moyens pour enseigner et plus généralement les conditions d’exercice du métier se soient dégradées, indiffère notre président de jury qui en bon notable traditionnel considère la féminisation du métier comme la faute originelle. Un « éternel féminin » brandi comme discours d’explication des difficultés actuelles !!! Affiche de campagne de l’Education nationale

Pour une revalorisation de nos salaires !

Si on reprend la fin de la citation de Mr Laudet, on peut lire encore « Pour qui est légitimement soucieux de parité, c’est là une tendance vraiment encourageante ». Il faut oser cette opinion quand on se satisfait de la domination voire de la cooptation masculine qui caractérise les jurys de concours. Présenter les hommes nouvellement arrivés comme les sauveurs de l’enseignement des Lettres quand à tous les postes de responsabilités les hommes dominent largement, c’est prendre la parité pour ce qu’elle ne doit pas être, à savoir l’alibi de tous les conservatismes patriarcaux.
Une revalorisation du métier (salaire et reconnaissance) entraînerait de fait un retour à la mixité professionnelle.


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