Qu’est ce qui se cache sous ce sigle étrange ? Un virus ? Une nouvelle molécule chimique ? Un engin guerrier ? Que nenni ! Il s’agit de l’Institut des Hautes Etudes de l’Education et de la Formation. Situé près de Poitiers entre un parc d’attraction et une autoroute au milieu d’une triste zone de bureaux, comme un vulgaire hôtel à VRP, l’ancienne ESEN (Ecole Supérieure de l’Education Nationale) créée par Monory en 1987, rebaptisée par Blanquer en 2018, il est destiné à former tous les cadres de l’Education Nationale.
Directement inféodé au Ministère, on y enseigne l’Education Nationale à la sauce Blanquer-Macron, sans aucun esprit critique. Il s’agit de formater tous les rouages du système pour qu’ils tournent dans le sens voulu par la Rue de Grenelle, le sens du libéralisme. A chaque niveau, les cadres transmettront le mouvement néolibéral jusqu’au plus près des acteur-ices de terrain : nous. Les contenus de la (con)formation ressemblent plus à un catéchisme qu’à une véritable formation. Les cadres en (con)formation sont destinés à diriger "l’école du futur", en bon DRH, selon les "bons" principes du New Public Management, nouvelle doctrine visant à transformer les services publics en entreprises.
Autonomie, flexibilité, bienveillance, autant de mots creux vidés de leur sens à la mode orwellienne. L’Institut envoie régulièrement nos futurs cadres se former dans des stages RH dans les grandes entreprises, pour y recevoir la "bonne parole" à la source.
Au final une "formation" que les stagiaires jugent déconnectée de la réalité des établissements, l’abandon du pilotage pédagogique laissant place au management des équipes ou à la gestion des conflits. La faute sans conteste est due à la soumission aux oukazes ministériels, elle même induite par la dépendance administrative directe à la Rue de Grenelle. Par exemple, l’Education Nationale de la Magistrature est complètement autonome du Ministère de la Justice.
Chaque cohorte de "bons petits soldats" qui s’insère dans la vie des établissements tend donc à propager et soutenir la doxa macroniste, renforçant le virage libéral de l’école, accroissant ses crises plutôt que de les résoudre (salaires, recrutement, inégalités, ...), à l’exact inverse des discours médiatiques.
Informons et agissons contre cette dérive, pour que nos cadres ne deviennent pas nos bourreaux et nos bourrelles, pour qu’ils-elles soient formé-es correctement et non formaté-es.
