Lutte contre le harcèlement ou école pour toustes ?

jeudi 12 octobre 2023

Les dégradations du climat scolaire, le harcèlement et les violences dans les écoles ont amené le ministère à présenter le 28 juin dernier des dispositions permettant d’interdire l’accès à l’école d’élèves dans "le comportement intentionnel et répété fait peser un risque intentionnel et avéré sur la sécurité ou la santé d’autres élèves de l’école".

Si un changement d’école est dans certains cas l’ultime solution pour retrouver un peu de sérénité, on ne peut se résoudre à ce que cette mesure devienne la norme, et encore moins dans sa forme la plus autoritaire et violente, qu’on a récemment constatée à Alfortville, où des policiers en uniforme sont venus chercher l’élève jusque dans sa classe !

Systématiser la radiation d’une école ne peut que provoquer l’exclusion d’élèves en difficulté sociale et scolaire et par là même de familles en grande vulnérabilité. Elle n’est que l’aveu d’un échec institutionnel à proposer une vraie prise en charge scolaire et éducative adaptée aux élèves concernés.

Le manque d’attractivité du métier d’enseigant-e est un des grands sujets du débat public de cette rentrée. On sait aussi que cette rentrée, comme les précédentes, est marquée par une pénurie de bien d’autres personnels : AESH, CPE, Psy-EN, AED, personnels de santé et de service social, adminsitratifs et technique ... ou de direction !
C’est ce manque de personnels et de moyens qui dégrade principalement les conditions de travail. Les facteurs de stress et les tensions hiérarchiques sont multiples et ne se réduisent pas aux agissements d’élèves désajusté-es par leur parcours et leur position sociale aux conditions de l’école, ou sinon avantagé-es par les réseaux d’influence parentaux au statut social privilégié. Et qui ne rechignent pas aux pressions de proximité.

A l’abandon des personnels par l’institution fait fréquemment suite l’abandon des élèves en difficulté par l’école. Il n’est que de parcourir régulièrement le contenu des fiches Santé et Sécurité au Travail pour en faire le constat : la simple exécution de gestes professionnels devient parfois un parcours du combattant.

Les deux Monsieur le Ministre !

La lutte contre les violences scolaires, le harcèlement ne pourra se faire sans la mise en place de moyens à hauteur des besoins.
Une politique de prévention ambitieuse, qui améliorerait vraiment le climat scolaire, ne peut faire l’économie du nombre de personnels d’enseignement, d’éducation et médico-sociaux. Faute de cela, l’école renonce à toutes ses missions.
Sacrifier l’école pour toustes à la lutte contre le harcèlement, ou renoncer à agir contre les violences au nom de l’intégration de toustes les élèves ne sont que deux facettes de l’échec de la promesse républicaine de démocratisation scolaire.

Et la situation fait écho à la citation proverbiale : celleux qui sont prêts à sacrifier la liberté au nom de la sécurité ou la sécurite au nom de la liberté ne méritent ni l’une ni l’autre et finissent par perdre les deux !


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