Meurtre de Dominique Bernard : stupeur, émotions et mauvaises réponses

vendredi 3 novembre 2023

Le 13 octobre dernier, notre collègue Dominique Bernard était assassiné en cherchant à protéger ses élèves. Cet acte terroriste a causé la stupeur et l’émotion. Trois ans après l’odieux meurtre de Samuel Paty, Sud éducation dénonce cette attaque perpétrée par un terroriste islamiste, et envoie son soutien à la famille de notre collègue ainsi qu’aux personnels du collège-lycée Gambetta d’Arras, dont certain·es ont été blessé·es lors de l’attaque.

Beaucoup d’enseignant·es auraient apprécié disposer de plus de temps pour en discuter avant d’accueillir leurs élèves le lendemain. Un temps banalisé a été mis en place dans le second degré, de 8 à 10 heures. Un temps trop court, mais toujours plus long que dans le premier degré, où les enseignant·es ont dû s’organiser pour regrouper des classes, ou se retrouver lors de la pause méridienne. Temps d’échange trop court et inégalité de traitement : la réponse de l’institution aux personnels n’a pas été à la hauteur.

Elle ne l’a pas été non plus lorsque la consigne de faire remonter les « incidents » lors des minutes de silence a été donnée. Selon le dernier communiqué de l’Education nationale du mercredi 18/10 relayé par BFMTV, 357 incidents ont émaillé la minute de silence en hommage à Samuel Paty et Dominique Bernard dans les établissements scolaires. On compte sur tout le territoire environ 11 997 900 élèves scolarisés cette année.

D’abord on peut légitimement s’interroger sur le choix éditorial et politique de placer ces faits au premier plan de l’actualité, sauf à considérer qu’il serait prioritaire d’entretenir un climat anxiogène et de suspicion permanente à l’encontre des élèves.
On attend d’un ministre de l’Education nationale placé dans ces circonstances qu’il œuvre en faveur de la concorde et de la sérénité, au lieu de quoi M. Attal et ses relais médiatiques soufflent sur les braises de l’émotion. Il se permet en séance à l’Assemblée de rabrouer la notion de bienveillance qui pourtant doit prévaloir dans les attributions de tous-tes les chef-fes d’établissement.

SUD éducation 29 ne porte pas la revendication de la minute de silence dans ces conditions. Celle-ci est un temps de recueillement qui a toute sa valeur dans un lieu public et ouvert, quand tout le monde y vient en conscience et avec sincérité. Elle perd sa valeur si elle est imposée derrière la lourdeur d’une sanction.
Dans un établissement scolaire, les élèves n’ont pas le choix d’être là ni donc de la faire ou pas.

Quand l’institution n’a d’autre démarche que d’exclure des élèves, ou de saisir à leur sujet les procureurs quand ils ont perturbé les minutes de silence sans faire la part de la provocation consciente ou de l’immaturité, on peut sérieusement douter de la capacité ou de la volonté d’inculquer à tous-tes les élèves le respect de l’école laïque et « l’amour de la République » qu’elle appelle pourtant de ses vœux.


Agenda

Array

<<

2024

 

<<

Avril

 

Aujourd’hui

LuMaMeJeVeSaDi
1234567
891011121314
15161718192021
22232425262728
293012345
Aucun évènement à venir les 6 prochains mois