Pourquoi refuser la réforme dite « de mastérisation »
Aujourd’hui, le gouvernement impose sa réforme du recrutement et de la formation des enseignants, au mépris du front de refus qui a mobilisé la communauté universitaire. Les décrets du 28 juillet et la circulaire du 27 Août instaurent une rupture sans précédent entre l’Etat, l’école et les citoyens.
Etudiants, êtes-vous prêts à :
– Prendre une classe en responsabilité sans aucune formation pendant votre année de Master 1 ? (mesure déjà en application cette année avec les stages dits de « 108 heures »)
– Vous payer une année d ?étude supplémentaire (Master 2) avant de pouvoir passer les concours de recrutement ? (mesure qui devrait être en application dès la rentrée 2010)
– Renoncer à une année de formation professionnelle, rémunérée, comprenant 40% de stages et 60% de formation ? (formation par alternance qui disparaît avec la mastérisation, l’Etat ne voulant plus payer la formation de ses futurs enseignants)
– Réussir en une seule année un diplôme universitaire, un concours très sélectif (10% de réussite), un mémoire de recherche de Master 2, et prendre des classes en totale responsabilité ? (mesure qui devrait être en application dès la rentrée 2010)
– Rentrer en poste à Bac + 6 comme fonctionnaire stagiaire (dans le meilleur des cas) avec ensuite très peu de formation professionnelle, organisée localement par les rectorats/inspections ? (mesure qui devrait être en application en 2011, brisant ainsi le cadre national de la formation initiale)
– Renoncer à votre statut de fonctionnaire d’Etat (en raison de la diminution continue des postes aux concours et du recrutement massif d’enseignants vacataires par les établissements)
Enseignants en poste, êtes-vous prêts à :
– Soutenir, encadrer, former, aider au coup par coup mais tout au long de l’année les étudiants ou stagiaires que les rectorats/inspections enverront dans les établissements pour se former sur le tas ?
– Avoir de plus en plus de collègues précaires, de services éclatés et de classes surchargées pour compenser la suppression continue des postes au concours
– Etre prochainement rétribués au mérite en fonction de critères d’efficacité personnelle ou collective décidés on ne sait où ?
– Avoir dans l’avenir un service annualisé en acceptant de faire preuve de votre mérite en travaillant pendant les vacances ?
Parents d’élèves, êtes-vous prêts à :
– Confier vos enfants à des étudiants remplaçant régulièrement les enseignants titulaires ?
– Accepter que vos enfants soient sous la responsabilité de nouveaux enseignants tout frais sortis de l’Université, apprenant leur métier « sur le tas », sans être passés préalablement par une année de
formation professionnelle ?
– Accepter prochainement que l ?école maternelle disparaisse au profit de jardins d’éveil municipaux ?
Formateurs IUFM, êtes-vous prêts à :
– changer de métier, passer de « concepteurs de formation » à « techniciens de mastérisation » ? Sont proposées les reconversions suivantes :
- CIES, C2i2e, Conseil de perfectionnement
- Petites mains dans les masters élaborés par des « habilités », gestion de la mise en stage des étudiants de master, DU ou certificats payants de Prépa-concours
- Retour dans les établissements, mutations et application de la loi « mobilité des fonctionnaires », ?
Citoyens, êtes-vous prêts à abandonner les principes d’égalité et
de laïcité ?
En acceptant que l’Ecole soit considérée comme une entreprise privée, détruisant ainsi le principe d’égalité d’accès à l’éducation sur le territoire
En acceptant, vu l’allongement des études, que l’accès au métier d’enseignant soit rendu encore plus difficile pour les étudiants issus des milieux défavorisés ?
En acceptant que les enseignants de l’école publique soient « mastérisés » par les instituts catholiques (accord Vatican-Kouchner)
Le collectif de l’IUFM de Grenoble