Depuis 2003, les CIO (Centres d’Information et d’Orientation) et leurs personnels, les COP (Conseillers d’Orientation Psychologues), sont régulièrement remis en cause et leur existence menacée, mais actuellement ces menaces sont de plus en plus fortes, précises et orchestrées. Quatre types de mesures se conjuguent aujourd’hui et contribuent à la condamnation à terme du service public d’orientation de l’Education Nationale.
La loi OFPTLV (Orientation et Formation Professionnelle Tout au Long de la Vie)
La loi OFPTLV a été adoptée le 24 novembre dernier,
elle contient un amendement qui étend aux publics
scolaires les dispositions relatives à l’information et l’orientation
professionnelle des salariés et demandeurs
d’emplois. Elle entraine :
La mise en place de plateformes régionales orientation
et formation tout au long de la vie qui regrouperaient
tous les services, dûment labellisés, publics ou
privés, traitant de près ou de loin d’orientation, d’insertion
et de formation. Quid de la spécificité de l’orientation
scolaire et des CIO ?
La création d’un poste de délégué interministériel à
l’orientation (DIO) placé sous l’autorité du Premier
Ministre dont la fonction est de piloter cette politique
de l’orientation et de la formation professionnelle tout
au long de la vie. L’orientation scolaire échappe au
ministre de l’Education Nationale.
La mise en place de plateformes multimédia et téléphoniques
regroupant l’ONISEP, le CIDJ et le centre
Inffo chargées d’informer et de conseiller à distance.
C’est la déshumanisation de l’information et du conseil
que préfigure cette disposition.
La définition de nouvelles priorités pour les COP :
Intervention en premier lieu auprès des "jeunes porteurs
de handicap, des nouveaux arrivants et des dispositifs
relais ou structures éducatives auxquelles ils apportent
leur expertise de psychologues." En deuxième lieu ;
“Appui technique auprès des établissements et des
équipes éducatives pour la définition d’une programmation
pluriannuelle des activités liées à l’information
et l’orientation".
La réforme de la voie professionnelle et du lycée
La généralisation de la rénovation de la voie professionnelle, celle du parcours de découverte des métiers et formations (le fameux PDMF) à la rentrée 2009 et la réforme du lycée en 2010, ont consacré la nouvelle approche de l’orientation davantage intégrée aux disciplines d’enseignement. Ça fait moins mal dit comme ça, plutôt que pris en charge par les enseignants ! Cette réforme entérine le transfert du travail des COP vers les enseignants. Au collège comme au lycée donc, au-delà de la surcharge de travail, cette tâche pour laquelle ils ne sont pas formés place les enseignants, non demandeurs, dans une situation difficilement tenable, notamment en terme d’objectivité alors qu’ils sont aussi dans une relation d’évaluation. Pour les élèves, le poids des résultats et du travail scolaires dans les décisions d’orientation s’en trouvera encore renforcé.
Des conseils généraux qui se désengagent et l’Etat qui ne répond plus
Les mystères de l’Etat font que le financement des locaux et du fonctionnement matériel des CIO relève soit des rectorats, soit des conseils généraux. En 2010, sommant l’Etat d’assumer ses compétences, plusieurs conseil généraux ont décidé de réduire ce financement et dans certains cas de l’arrêter dès janvier 2011. A cette date une cinquantaine de CIO sont concernés. Le bras de fer engagé par les conseils généraux n’inquiète pas plus que ça le ministère de l’Education Nationale qui envisage la fermeture pure et simple de ces CIO. Bref, à côté de CIO " d’Etat " au budget réduit au minimum vital, les CIO " départementaux " sont eux en voie de fermeture pure et simple. Au final, les deux financeurs concourent à un même but : la destruction des CIO. Dès 2011 des COP seront donc sans domicile professionnel fixe ! Et surtout, pour de nombreuses familles, il sera de plus en plus difficile de dénicher un conseil en orientation gratuit. Le public scolaire risque de devenir une cible de choix pour de nombreux organismes privés.
Un seul départ à la retraite sur six compensés et la précarisation du corps
Depuis 2006, 5 COP sur 6 partants à la retraite ne sont pas remplacés. Entre 2003 et 2010, la profession a perdu 25% de ses effectifs et en 2013, il ne restera plus que la moitié des COP. Une véritable hémorragie. Tout cela sans suppression de postes ! Actuellement pour compenser le manque de titulaires, les rectorats ont pour consigne de recruter des contractuels (30% de contractuels dans certaines académies). Cette précarisation du corps n’est qu’un signe supplémentaire de son affaiblissement programmé.
SUD éducation revendique Pour les CIO :
le maintien de la place et du statut des CIO (relevant
du Ministère de l’Education Nationale et indépendants
des établissements scolaires)
le maintien d’un réseau de CIO sur tout le territoire
(au moins les 560 existants)
des moyens de fonctionnement et des locaux décents
(permettre l’accueil du public dans les meilleures
conditions)
des personnels administratifs, titulaires de
l’Education Nationale en nombre suffisant
des documentalistes à la hauteur des besoins
Pour les personnels :
le maintien du statut de fonctionnaire d’Etat et des
missions actuelles (notre coeur de métier, c’est l’information
et le conseil individualisé en orientation)
le maintien d’une formation rémunérée sur deux ans
pour les COP recrutés
le maintien du niveau de qualification actuel
des recrutements permettant d’atteindre le ratio de 1
COP pour 500 élèves du second degré
des recrutements permettant d’intervenir significativement
dans l’enseignement supérieur
des conditions de travail adaptées (respect de la maîtrise
de l’emploi du temps sur la base de 35 heures hebdomadaires
avec le maintien du quart temps, prise en
charge des frais de déplacement, dotation en matériel
informatique…)
la titularisation sans condition des COP contractuels
la création de postes de titulaires réservés réellement
aux remplacements
Sud éducation est présent chez les COP dans le
Finistère et présentera une liste aux élections
professionnelles en octobre 2011.