Droit de manifester : réponse intersyndicale au prefet

vendredi 1er septembre 2023

Solidaires a été destinataire au cœur de l’été d’une lettre signée au nom du Préfet du Finistère reprochant les délais d’organisations de certaines manifestations lors du combat contre la réforme des retraites et menaçant de poursuites le syndicat en cas de récidive (voir ci-après).
Ci-dessous, la réponse de l’intersyndicale CGT CNT FO FSU Union pirate Unsa et Solidaires.
Il est hors de question de se laisser intimider par ces menaces liberticides.

Les organisations syndicales du Finistère CGT, CNT, FO, Union Pirate UBO, UNSA et Solidaires
Brest, le 01 septembre 2023

à M. le Préfet du Finistère

OBJET : lettre de menaces au sujet de déclarations tardives de manifestation

Monsieur le Préfet,

Le 24 juillet dernier, vous avez adressé à Solidaires 29 un courrier de menaces au sujet de déclarations tardives de manifestation. Nous sommes extrêmement affligé-e-s et inquiet-e-s de la teneur de ce courrier. Et ce pour plusieurs raisons.

La réforme des retraites du gouvernement a soulevé une forte opposition de la part de nos concitoyen-ne-s, et l’utilisation de l’article 49.3 une grande colère. Nos organisations syndicales, dont Solidaires 29, ont participé à l’organisation et aux déclarations de manifestation contre ce projet de réforme dans un cadre intersyndical. Et ce, malgré les demandes nombreuses de citoyen-ne-s en colère, qui considèrent que respecter ce cadre est une preuve de faiblesse face à un pouvoir politique brutal qui ne tient aucun compte de nos modes de contestation légaux et pacifiques.

Toutefois, lorsque l’urgence de la situation politique l’exige, certaines de nos organisations ont eu à déclarer des manifestations ou des rassemblements sans pouvoir respecter le délai de 3 jours francs. Ceci a été le cas lors de l’utilisation de l’article 49.3 lors de la réforme des retraites, lors du débat sur la motion de censure ou encore lors d’une allocution du Président de la République. Ces réactions le soir même sont à l’image de rassemblements qui ont pu avoir lieu lors de la tuerie de Charlie Hebdo, lors des attentats du Bataclan ou le soir du premier tour des élections présidentielles en 2002. Cette contrainte de 3 jours constitue clairement une entrave au droit constitutionnel de manifester dans les situations où une réaction rapide à l’actualité s’impose. Le mouvement syndical revendique, pour cette raison, l’abrogation de la loi qui impose ce délai.

Tous les rassemblements sus nommés dans votre courrier ont été déclarés autant que faire se peut et dans la journée, afin de tenir au courant la préfecture de nos intentions et c’est bien malgré nous que nous n’avons pas pu respecter ce délai de 3 jours.

D’ailleurs, le maire de Brest a lui même appelé se rassembler le 3 juillet à midi, contre les violences faites aux élu-e-s lors des émeutes urbaines que nous avons connues au début de l’été. Ce rassemblement n’a pas pu être déclaré 3 jours à l’avance puisqu’il a été décidé au niveau national la veille. Or, le sous préfet de Brest, a lui même participé à ce rassemblement avec de nombreuses personnalités brestoises. Et pourtant, nos organisations sont persuadées que François Cuillandre n’a pas été destinataire de la même lettre de menace que celle dont Olivier Cuzon, pour Solidaires, a fait l’objet. En République, il ne peut pas y avoir deux poids, deux mesures. La loi doit être la même pour tou-te-s.

Comment s’étonner qu’un nombre croissant de citoyen-ne-s ne souhaitent plus manifester pacifiquement si le pouvoir politique affiche un tel mépris pour les manifestations massives, et que les services de l’état menacent les organisations qui les déclarent ?

Comment s’étonner qu’une partie de la population exprime sa révolte violemment si les services de l’état ne savent répondre à la colère légitime que par la violence et les menaces ?

Nous revendiquons de pouvoir continuer d’appeler à des rassemblements pour permettre aux citoyen-ne-s qui le souhaitent d’exprimer pacifiquement leurs revendications et leurs colères, lorsqu’elles nous semblent légitimes, sans subir de censure ni d’intimidation des services de la préfecture. Veuillez croire, Monsieur le préfet, à notre attachement à la liberté d’expression et de manifestation.

Les organisations syndicales du Finistère CGT, CNT, FO, Union Pirate UBO, UNSA et Solidaires

Courrier préfecture - déclarations manifestations

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