A l’École supérieure du professorat et de l’éducation (Espe) du Mans, les
étudiants ont décidé de bloquer l’école pour protester contre "la formation
au rabais" qui leur est proposée. Faute de moyens, les heures de cours
ont été réduites. Les formateurs qui partent en retraite ne sont pas remplacés.
Les étudiants manceaux espèrent que la mobilisation va s’étendre aux autres
Espe de la région, voire du pays.

Coquille vide

La réforme phare de la "refondation de l’école" voulue par Vincent Peillon a
du mal à se mettre en place. Créées en septembre dernier à raison d’une
par académie, les 30 écoles sont conçues comme des composantes des universités.

L’esprit de la loi de refondation de l’école est de prévoir une formation
en alternance afin que les étudiants apprennent à enseigner et ne se contentent
pas de maîtriser leur discipline. Mais dans la réalité, c’est le contraire qui se
passe. Du fait de l’asphyxie financière due aux lois Pécresse et Fioraso, les
universités suppriment des postes dans les Espe, postes transférés vers
l’université, contrairement aux engagements du ministère de l’Education.

L’Espe et son gisement de postes sont vus comme une solution financière
en moyens d’enseignants et de personnels pour gérer l’austérité budgétaire dans le supérieur.

L’austérité contre l’éducation

Il est urgent que les Espe retrouvent très vite leur indépendance administrative,
c’est-à-dire qu’elles quittent le giron de l’université, afin qu’elles
aient les moyens d’offrir aux jeunes enseignants une vraie formation
initiale dans un cadre national. Une formation qui associe pratique et
théorie, avec des cours qui ne soient pas uniquement centrés sur les
savoirs disciplinaires, mais aussi sur la transmission de ces savoirs : la pédagogie.

L’enseignant doit être capable d’analyser ses pratiques en termes de
pédagogie et de tirer d’une théorie pédagogique des pratiques de classe.
Or nous en sommes très loin, le bachotage du concours étant l’objectif
chiffrable des administrateurs, non le contenu des cours.

L’austérité budgétaire tue

Encore une fois, l’austérité budgétaire tue le service public, tue la formation
des enseignants qui, faute d’une formation digne de ce nom, ne
seront pas aptes à donner à chacun de leurs élèves une éducation de qualité,
libératrice et émancipatrice. Quand les élites continueront, à coups d’écoles ou de courts privés, à truster le haut du panier éducatif, social et économique, on se contentera
pour les autres d’un minable socle commun, d’une éducation au rabais car un peuple qui pense est trop dangereux pour les dirigeants de ce monde.