Déclaration liminaire au CDEN du 21 novembre 2023

mercredi 22 novembre 2023

Monsieur le Préfet, monsieur le Président, Mesdames et messieurs,

Le mois de novembre est ponctué de plusieurs journées ayant pour objet d’alerter, d’informer et de
mobiliser dans l’Éducation nationale comme dans la société sur le sujet des violences.
Les personnels de l’éducation se sont mobilisés autour de la journée de lutte contre le harcèlement scolaire
le 9 novembre.
La journée de internationale de lutte pour les droits des enfants d’hier, 20 novembre, met au jour tout le
chemin qu’il reste à parcourir pour protéger les enfants des violences et des discriminations dans notre
société et à l’école. De même, le 20 novembre est également l’occasion de nous mobiliser contre la
transphobie lors de la journée du souvenir trans.
Et enfin, le mois de novembre va s’achever avec la mobilisation contre les violences sexuelles et sexistes du
25 novembre.

Les violences et discriminations à l’œuvre à l’école comme dans le reste de la société sont des fléaux qui
entravent l’accès aux droits et en particulier le droit à l’éducation.
Cette année, trois jeunes personnes sont mortes, victimes du harcèlement scolaire : Lucas, Lindsay et
Nicolas.
Derrière ces morts, se cachent les situations de milliers d’élèves qui subissent des violences au sein de
l’institution scolaire. Une institution qui n’a pas donné aux équipes éducatives les moyens de faire de la journée du 9 novembre une mobilisation de tou·tes contre le harcèlement scolaire. Dans nombre d’écoles et d’établissements, un questionnaire a été envoyé au dernier moment aux équipes, sans explication, les personnels n’ont pas été formés pour recueillir la parole des élèves, ils n’ont pas reçu de consignes sur la marche à suivre en cas de difficultés. On ne peut que déplorer le manque d’anticipation du ministère, qui semble ignorer que les écoles et les établissements ne disposent pas d’une cellule d’écoute dédiée aux élèves avec des personnels formé·es. Nous craignons que le ministère ne confonde le temps politique et le temps éducatif : pour lutter efficacement contre le harcèlement scolaire, les personnels ont besoin de formation, ont besoin de temps de concertation – autant de choses qui font cruellement défaut aujourd’hui dans l’Éducation nationale.
On peut s’interroger sur les suites qui seront donnés à cette journée du 9 novembre : pour lutter contre le
harcèlement scolaire, il faut agir sur le climat scolaire et contre les discriminations.

La journée du 20 novembre pour les droits des enfants met au jour les inégalités d’accès à l’école pour les
élèves allophones et les élèves en situation de handicap, mais aussi les violences que subissent les élèves
mal logés ou sans logement fixe : plus de 42 000 enfants vivent dans des hébergements d’urgence, des abris
de fortune ou dans la rue d’après l’UNICEF France et la Fédération des acteurs de la solidarité.
L’augmentation de la précarité, renforcée par le contexte d’inflation actuel, jette à la rue des familles de plus
en plus nombreuses, et notamment des familles de personnes sans-papiers. L’Éducation nationale a un rôle
essentiel à jouer pour assurer un accompagnement social pour les familles en difficultés, aucun·e élève ne
devrait dormir dans la rue en 2023.

De même, l’Éducation nationale a un rôle à jouer dans la protection des enfants contre les violences
sexuelles et sexistes. En France, un·e enfant sur 10 est victime d’inceste selon une enquête d’Ipsos sur
l’inceste. Au primaire c’est en moyenne 1 enfant par classe, au secondaire 2 ou 3. Face à ces chiffres
alarmants, l’Éducation nationale ne donne toujours pas les moyens nécessaires pour mener des programmes
de prévention qui favorisent l’accueil de la parole et qui abordent la question du consentement, mais aussi
pour assurer la protection et l’accompagnement des victimes et pour recruter des personnels médico-sociaux.
Les violences sexuelles concernent 130 000 filles et 30 000 garçons chaque année. Une fille sur cinq et un
garçon sur treize en sont victimes. L’âge moyen des premières violences sexuelles est de 10 ans. Ce sont des
filles dans 83% des cas.

À l’instar des violences sexuelles sur les femmes et les minorités de genre, la majorité des enfants victimes
de violences connaît son agresseur : c’est un membre de la famille, de la communauté éducative, du centre
de loisirs, un adulte de confiance. Il s’agit d’événements quotidiens qui invisibilisent leur banalité. SUD
éducation interpelle notre institution afin que la lutte contre les violences sexistes et sexuelles fassent l’objet
d’une prise en charge exemplaire par notre ministère.

Le ministère s’inquiète des résultats des évaluations de quatrième qui mettent au jour des écarts importants
entre les élèves scolarisés en éducation prioritaire et ceux du secteur public hors éducation prioritaire. Or les
réponses qu’il apporte sont particulièrement inquiétantes : les groupes de niveau et un renforcement des
“Savoirs fondamentaux”. Elles ne répondent ni aux besoins des élèves ni à ceux des personnels. La politique
du ministère tend à favoriser les classes sociales les plus favorisées, celles qui réussissent déjà le mieux à
l’école. Ainsi la part de financement de l’enseignement privé augmente davantage que celle de
l’enseignement public alors même que les enseignements privés ont une lourde responsabilité dans le
manque de mixité sociale.

Les personnels de l’Education nationale revendiquent des moyens supplémentaires, des moyens pour faire
baisser le nombre d’élèves par classe, des moyens pour pouvoir accompagner tous les élèves dans leur
scolarité, qu’importe leurs difficultés. Contre la politique étriquée des “Savoirs fondamentaux”, nous
revendiquons un collège unique dans lequel toutes les matières ont leur place sans mise en concurrence de
celles-ci.

Regardons en face les difficultés de notre système éducatif et soyons ambitieux et ambitieuses dans nos
réponses : donnons les moyens à l’école de remplir son rôle émancipateur pour former des individus libres
et égaux.


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