La page des élections municipales est à peine tournée que la carte scolaire tombe, comme un couperet. Le pourvoir considérait manifestement inopportun que les électeurs, dont beaucoup sont attachés au service public d’éducation, la connaisse avant de voter ! Drôle de conception de la démocratie pour une institution, l’Éducation nationale, dont une des missions est de former à la citoyenneté !

Les décisions à annoncer sont-elles si éloignées des espoirs suscités par les déclarations de campagne électorale ? Dans le Finistère, malgré une démographie d’élèves stable voire en hausse, le département continue de subir une baisse de moyens puisque l’Inspectrice d’académie propose la fermeture de 32 postes d’enseignants contre 22 ouvertures : c’est inacceptable. Après le quinquennat précédent et son avalanche de suppressions de postes, l’Education nationale était l’objectif prioritaire du candidat Hollande avec la promesse de rouvrir 60.000 postes, de l’école à l’université. Deux ans plus tard, 25.000 ont été rouverts et certains ministres plaident déjà pour revenir sur une partie des quelques 35.000 postes restant à créer. Alors que sur le terrain, les besoins existent !

Les effectifs des 2-3 ans ne sont toujours pas pris en compte bien que cette scolarisation bénéficie surtout aux catégories sociales défavorisées ! Les classes seront toujours plus chargées ; or on sait combien les élèves en difficultés - scolaires, sociales, comportementales - pâtissent des mauvaises conditions d’apprentissage. Classes surchargées, moindre disponibilité des enseignants, non prise en compte des difficultés spécifiques des enfants, les conditions de fabrication de l’échec scolaire sont réunies.

Dimanche, les classes sociales défavorisées se sont massivement abstenues voire se sont engouffrées dans des votes dangereux pour la démocratie. Par des créations de postes, l’Éducation nationale doit se donner les moyens de répondre à cette exigence sociale qu’est la réussite de tous les enfants et en particulier des plus en difficulté. Elle manquerait sinon à son premier devoir : celui de former des citoyens !

La carte scolaire vu du terrain

Le département du Finistère s’est vu demander par le Ministère la restitution de 2 postes à cause d’une prétendue baisse d’effectifs (en fait, une stabilité, voire une augmentation si on prend en compte les 2-3 ans), mais ça ne colle pas avec les chiffres annoncés : en équivalents temps pleins, il y aura 26,55 ouvertures et 32,5 fermetures, soit moins 6 postes.
Dans le détail, on s’aperçoit que 4 petites écoles de 3 classes perdent 1 poste ; ça va être très difficile de maintenir des écoles à 2 classes de 4 ou 5 niveaux.
D’autres écoles risquent de connaître des effectifs chargés s’ils perdent une classe (Bugeaud à Brest, Lanvéoc, Le Lézardeau à Quimperlé, Le Gouelou à Saint Martin des Champs).
Sinon, le mouvement des regroupements d’écoles se poursuit (11 annoncés), avec, le plus souvent, une fermeture de classe à la clef l’année suivante. C’est aussi une gestion plus compliquée du quotidien avec une direction au lieu de deux.
Il nous faut revendiquer une décharge pour tous les directeurs, y compris ceux de petites écoles qui devraient bénéficier d’une journée de décharge.